Le Corbeau (Corvus Corax, non le talentueux chroniqueur qui sévit en ces pages), drôle de volatile différemment perçu selon les cultures, guide de sagesse, messager de mauvaise augure, compagnon magique…Dans le cas présent, peut-être que c’est Edgar Allan Poe qui serait le plus à même de nous en révéler plus sur ce qu’il a dit, ce fameux corbeau. En effet, ce duo russe oeuvre dans un gothic rock imprégné de magie, de mystère, d’émotions…Les formations du style (pas si nombreuses, le post punk a souvent davantage la cote) originaires des pays de l’Est dégagent communément une identité propre et Raven Said ne déroge pas à la règle. Le timbre grave, sensuel, de Andrey Agapitov modèle sa diction anglaise avec un charme dandy qu’on retrouve parfois chez Last Days of Jesus ou les compatriotes de The Guests. La musique joue entre plusieurs contrastes d’une même palette: tristesse, noirceur, brume, trouble…Froideur (‘The ghosts of the past’, obscurité organique ‘(the curse of Meister’) se côtoient grâce à une excellente maîtrise des instruments et leur utilisation intelligente. Le clavier variera par exemple ses sonorités à l’intérieur d’un même titre (‘The ghosts of the past’), idem pour la guitare qui travaille ses sons au croisement du gothic rock, de la cold wave, d’une forme soft de deathrock parfois…Le reste, ce sont les mélodies, les ambiances plus profondes qu’elles n’y paraissent lors de la première écoute qui l’assurent; un hommage à la magie, au macabre, à l’au-delà et les artistes qui s’y sont frottés. Le Corbeau a dit beaucoup de choses mais tous n’ont pas écouté avec la même attention; Raven Said, eux, figuraient clairement au premier rang et ont bu ses paroles. Une chance pour nous. 4,5/6