Encore une pochette hommage/piratage – Earth, ici, après les Bad Brains pour celle de Noise for Light en 2011. Un autre propos, toutefois – une autre forme, toujours. Comme le titre l’indique – mais avec ce gars-là il faut parfois se méfier des indices évidents ; cette fois, toutefois, pas de piège – c’est la pente dub de son projet, qu’arpente Yu Iwasaki, machines en mains et fumerolles en tête. « Psychédélique » toujours – il y tient (et plus que chez d’autres, le terme continue de faire sens) – mais ici, pas dans la version de sa chose où le bruit vient flanquer tous les récepteurs d’emblée dans le rouge. Non… Du dub, donc, plutôt – posé, lent, minimaliste. Quelques sons et de l’espace – résonnances, jeux de filtres mouvants sur lumière, cycliques ou évolutifs. Pas de drone-om qui déjoue la garde de la conscience, non-plus – malgré donc l’image en pièce jointe. Des basses profondes, rondes, dilatées mais denses, par moments (Mitsume Shrine). Une ambiance – il faut bien l’avouer parfois quasi new-age, à force de tourner dans les marges ou l’ambient tend vers l’évanescence, l’état gazeux. Presque de la vapor wave, même, en conclusion (Brooklyn Industry) – à ceci-prêt (et ça ne fait pas une mince différence) que le son s’imbibe, se salit de saturations analogiques, discrètes mais sensibles, qui insufflent aux bouffées un caractère matériel, particules en suspensions, plutôt que de les décomposer en glitches binaires, numériques, aplats zoomés qui se désincarneraient dans leur irrégularité même. Bonne musique pour « chiller » sans faire comme si tout à fait rien ne jouait, ne sortait des enceintes ou des membranes du casque, sans chercher à meubler un silence « gênant » (mais… pourquoi serait-ce gênant forcément, le silence ?) par une musique tout à fait neutralisée, faite pour meubler l’hors-de-portée, de justesse, de l’attention. Pile à cette marge, encore, à cette limite – zone liminale où il fait bon chercher les visions fugitives. Dommage, en revanche : que ce soit si court. Le disque dans son ensemble (à peine plus de onze minutes) comme certaines plages (rien qui dépasse beaucoup les deux trente, deux titres en dessous des deux minutes, même). Et pas de mode « repeat » sur bandcamp – reste, si on l’achète, la possibilité de jouer tel ou tel index en boucle, pour tenter la dérive. Curieux personnage, décidément que ce Jah Excretion – qui aime jouer avec les formats sans qu’on saisisse toujours ce qui motive ses choix (et sans qu’on soupçonne, pourtant, qu’il y aille ci ou là tout à fait au hasard, sans y croire, à l’aveugle).