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Jazz Hijokaidan › Made in Japan

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taliesin      jeudi 20 août 2020 - 17:40
Dioneo      jeudi 2 avril 2020 - 15:07

cd • 1 titre • 40:25 min

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informations

Enregistré live au Pit Inn, Tokyo, le 9 avril 2012, par Yasuo Fujimura (musique), Fumio Kosakai (public) et Kanji Suzuki (public). Mixé au GOK Sound par Yoshiaki Kondo. Produit par Jojo Hiroshige et Jun Numata.

Design par Satoshi Suzuki. Notes de pochette par Jun Numata et Yasumichi Noma (traduites en anglais pas Cathy Fishman)…

line up

Jojo Hiroshige (guitare), Junko Hiroshige (voix), Fumio Kosakai (électronique), Toshiji Mikawa (électronique), Akira Sakata (saxophone alto), Sabu Toyozumi (batterie)

chronique

« Au Japon, c’est différent »… Phrase cliché. Mais n’empêche : pour l’occasion, la question se pose. En l’occurrence, de la continuité ou de l’opposition – de buts, de moyens… – d’antagonismes qui se tireraient la bourre ou de révérence, d’une génération à l’autre. D’une compréhension/d’un malentendu réciproques possibles. Parce que voilà, partout, on peut s’interroger : sur le free-jazz, la noise, si c’est pareil peu ou prou ou pas du tout, si le premier voulait déjà détruire l’art, la musique… Si « la noise », d’ailleurs, veut ça ici ou là, toutes déclinaisons, provenances, modalités considérés. Et puis donc, au Japon : il faut avouer que les « pionniers » du free, ici, auraient parfois à en remontrer aux plus jeunes, aux noiseux, en terme de radicalité. Takayanagi Masayuki, Kaoru Abe, toute cette trempe… En voilà qui étaient allé loin, déjà, reprenant l’idée – du free, depuis les bases américaines historiques ; dans un pays ou le jazz écouté dans les « kissa », y compris sans doute par ces mêmes gens, au départ, s’énonçait majoritairement en west-coast feutré, en cool-jazz, en Chet Baker – et l’emmenant ailleurs, en s’affranchissant peut-être bien avantage, finalement, de cet héritage « jazz », de ces racines importées… Abrégeons : voilà Hijokaidan, en cette année 2012 – gang de bruitistes autoproclamé « King of Noise » (sur un album de 1985) ; mais pas pour rien, pas vide, la proclamation. Sculpteurs et balanceurs, jongleurs de boucan sans forme ni limite – seulement du flux, le plus irrépressible qu’ils puissent – depuis 1980 (c’est dire s’ils ont eu entre temps celui d’en multiplier, d’en explorer empiriquement les paramètres, les dimensions – du BRUIT, du bordel dans le rouge-blanc). Accompagnés ici d’un Ancien du free local – Akira Sakata, au saxophone ténor. Et jouant dans une sorte de club de jazz. BON ! Et puis bien entendu : le son démarre en trombe et tous ces arguments, tous ces tout-bien-pesé, tous ces oui-mais-alors se dissolvent dans la masse, pulvérisés par la fusion, le chaos, les collisions. Junko ulule comme toujours ses oscillations de HIIIII ; le sax y intrique ses fréquences sifflantes, trop vite et trop fort pour qu’on ait le temps de déchiffrer, de distinguer, bientôt ; Jojo embrouille encore tout ça, avec sa guitare-pelle qui saccage ce terrain déjà plein de trous et de grumeaux ; l’électronique de Mikawa et Kosakai rajoutent en des couches salopées ; Junko descend de quelques tons mais ça continue de hacher les tympans… Allègrement. Et nous aussi, on l’est – allègre. (Enfin, si on goûte ces choses-là… je préviens quand-même : en terme de noise c’en est de la brute, de la rude). Et au fait : cette batterie est… Belle. Aussi désaxée que le reste mais qui ne sonne jamais hasardeuse, qui fait varier la foison, l’averse de ses trombes de coups. Mais au fait : cette fois encore, dans cette absence de toute mesure, rien, pourtant, ne sonne jamais… Désynchronisé. L’ensemble est plein – le jeu – autant que mobile. Toujours ce plaisir massif et immédiat (et tenu sur la longueur – plus de quarante minutes, ça n’est pas rien), pas usé malgré la pléthore (des disques sorties depuis leurs débuts, des innombrables concerts donnés sous ce nom ou avec d’autres projets, dans d’autres collaborations des uns, des autres ici présents). Aussi, je finis par le discerner : l’un des membres du groupe dit que pour cette fois-ci ils ont dû faire preuve – se sont trouvés capables de ça, aussi – d’une certaine… Nuance. Parce qu’à l’ensemble s’était joint cette fois-ci un instrument non-électrique, repris par la sono mais pas amplifié/déformé par l’électronique comme les guitares ou les machines. Parce que jouant dans ce lieu – un club de jazz, donc – il leur a fallu envoyer à un volume moindre qu’à leur habitude, avec pour conséquence que chacun, aussi, entendait distinctement ce qu’il/elle jouait – et ce que jouaient les autres. De fait : le son, dans ce magma de fréquences en grappes et strates travaillées au corps et en direct, est particulièrement clair – beau, lui aussi, je me répète mais… C’est le terme, vraiment, qui me vient. Le traitement du signal, des signaux, de la matière sonore, est toujours aussi sauvage, indélicat mais – en effet – la déferlante est ici modelée avec un certain sens du détail (je n’ai pas parlé « de subtilité » … qu’on me comprenne), une dynamique qui ne tient pas seulement de l’explosion/implosion permanente et continue, une netteté dans les permutations, les amalgames de timbres, plus lisible, plus nette qu’en bien d’autres de leurs avatars et avanies. Reste que… Ça secoue et défouraille, qu’on se passe ou pas des commentaires, perspectives historiques, analyse des corps en présence. Ça fait le même bien fou que de se manger un paquet de mer, d’océan à plein-volume/pleine-surface, froid, mordant sel et sable, agité de fond en crêtes alors qu’on vient de se décider à se piquer une petite tête, « juste comme ça pour tâter ». C’est tonifiant. Il y a bien les cailloux qui laisseront quelques traces. Et on ne sait plus trop, d’accord, avant que ça cesse, si l’air libre est devant, derrière, dans quel sens il faut se mettre pour retrouver l’en haut-bas (sans penser au fragile). En sortant on voudrait que ce soit tout, partout, qui se pique d’ainsi rugir – il n’y a qu’à écouter, à la fin de ce concert, le publique qui pérore, qui jubile des minutes durant, alors même que le régisseur envoie dans les enceintes le fond de muzak tiédit censé vous montrer gentiment la sortie.

note       Publiée le jeudi 2 avril 2020

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