Vous êtes bien chez vous ? Vous voulez voyager un peu ? J'ai ce qu'il vous faut... le premier LP du groupe post-TOPY de Tilburg est un trip à lui tout seul. J'aimerais m'épancher avec moults détours pour vous en vanter les mérites mais le manque de temps me pousse à la concision : je dirai donc que ce groupe, c'est tout ce que Psychic TV aurait aimé être durant sa période acid house. Car si deux des membres fondateurs de Psychick Warriors ov Gaia faisaient bien partie du Temple ov Psychick Youth, comme en attestent leur utilisation subséquente du logo sur d'autres sorties, ils sont musiciens avant d'être enfumeurs. Un groupe entier, même, puisqu'ils sont entre trois et cinq membres en rotation alors qu'à aucun moment ne transparait de disparités dans la musique qui elle-même ne fait qu'une voix. Ce qui intéresse la formation plus que tout, c'est le pouvoir qu'a la musique électronique sur le corps et la conscience. Ov Biospheres and Sacred Grooves est tour à tour séducteur, nocturne, mystérieux ; dansant, groovy, psychédélique. C'est l'un des premiers disques à tenter les percussions exotiques avec de la techno pure et dure mais comme d'habitude avec ce groupe, sans en faire toute une histoire. Le séquençage est clairement la force motrice de tout le projet, tant leur sens du rythme ainsi que la variété et la richesse des timbres les honore. C'est bien simple, la musique parait si limpide qu'elle acquiert une dimension organique, carrément vivante. Les percussions ne cachent pas leur artificialité pour autant : tout comme les gazouillis d'oiseaux sont clairement de nature électronique, les congas s'enroulent autour de la TR-808 (ou de ses samples – on est en pleine époque des gros samplers Akai) et les hi-hats cliquent au plus proche de l'oreille de l'auditeur. Le groupe veut que chaque son s'exprime tel qu'il est. PWOG ira bien plus loin dans cette quête du 'direct' sur certains maxis qui ressemblent presque à des démos de fabricants de boites à rythmes. Ici on a encore le droit à quelques lissages esthétiques – reverb, placement des éléments, lignes mélodiques parfaitement dans l'esprit de la série Warp 'Artificial Intelligence' (Je pense à 'Obsidian', qui revient sous une toute autre forme dans un maxi légendaire). Des expériences ambient bruitistes aussi, comme l'atteste cet «anathème de Jean Jacques Derrillard» (pour la recaser, celle-ci...) au plus proches des séminaux 'Themes' desdits Psychic TV. C'est sans se rappeler qu'on est en terrain éminemment trippant, et le jeu incroyable des basses de 'The Challenge (part two)' est là pour nous remettre sur le bon chemin. Et quel chemin ! L'album finit en pure acid-tribal-house, genre qu'ils transcenderont eux-même sur le nébuleux Record Of Breaks. C'est trippant, c'est beau, c'est prenant, c'est dépassé, c'est intemporel. J'ai tout dit et rien dit...