Clinic › Visitations

Allez, une petite visite à la clinique ? Comment ça c’est pas agréable ? Ça tombe bien, Clinic non plus n’est pas un groupe agréable. Mais c’est un groupe de saison. Ils portent des masques de chirurgiens sur scène. Si c’est pas visionnaire ça. Mais tout est désagréable chez Clinic, c’est vraiment un groupe difficile à aimer. Surtout avec ce chanteur qui a l’air de constamment garder la bouche fermée, crispée à fond, crampée des zygomatiques. On dirait qu’il chante à travers le grillage de ses dents, qu’il fait ragnagnagnagnagna en permanence, d’où peut-être l’usage du masque. Clinic, qui sont là à leur quatrième album déjà, font pas dans la dentelle. Du néo-psyché, oui si on veut. Mais du psyché vite fait mal fait, à la hussarde post-punk. Des albums, celui-là ou un autre, parait qu’ils sonnent tous pareil, qui ne dépassent jamais beaucoup plus que la demi-heure, parce que ça suffit pour donner mal au crâne. C’est que tout fait mal, les guitares crasseuses comme la rythmique abâtardie de krautrock bourrin. Ok c’est pas vrai, dès fois ça ralenti la cadence et y a des claviers qui scintillent, du mélodica qui te caresse la migraine du bout des touches, des percussions genre coucou on est anglais on a écouté du folk que ça serait presque laid-back cocktail paracétamol/codéine (« Paradise », parfait pour la convalescence, exotica-médicamenteuse) si ce putain de chanteur consentait à ouvrir la machoire quand il chante. Mais non, ça chuinte dans la bouche comme ça fait grincer les instruments. Le pied de la batterie fait un gros stomp pour wannabe-redneck sans sourciller, la guitare dérape sans cesse dans le hors-zone. Les résidents (*wink wink nudge nudge*) de Clinic grimacent derrière leurs masques, même quand ils chantent en choeur (probablement qu’on va tous crever). Les Visitations à la Clinic, c’est plein de petites nuggets pas loin d’être joliment mélodiques (le titre éponyme qui a quelque chose d’une chanson thème d’un James Bond complètement cramé à l’acide) quoique suffisamment vite saoulantes, de gimmicks merveilleusement idiots (le wooop de « If You Could Read My Mind» qui rend cette tournerie psycho-garage encore plus Pulp) et de gros dégueulis de saturation dans tous les sens. Y a pas à proprement parler de tube, parce que bon y a pas le temps et puis on dirait que chaque morceau est conçu pour te faire chier au maximum. Un tube de comprimés qui soignent quedalle mais donnent plein d’effets secondaires : nausée, nervosité, vertige, envie de taper sur ce putain de chanteur ! Y a des idées magnifiquement connes (ce bruit de scie durant la fin jazzy-cool de « Children of Kellogg », au hasard) et c’est tellement vite expédié que malgré tout, on a qu’une seule envie, c’est de re-foutre l’album au début une fois qu’il est terminé, ce qui arrive vite, heureusement (mais hélas). Et si les symptômes persistent, consulter leur disco, y a encore de quoi se rendre bien malade. C’est pas remboursé, bien sûr, et y a pas de générique : Visitations, c’est du pur Clinic.