Vous m'auriez posé la question il y a quelques années, je vous aurai répondu que 'Kraak' est le meilleur titre de Psychick Warriors Ov Gaia, du moins mon favori. Sans remettre en cause la qualité suprême de cette tempête du désert faite musique, c'est surtout par ma quête des différents maxis et singles de ce groupe hors-normes que j'ai pu prendre conscience que la grande majorité de leur titres butent, tout simplement. Nous les passerons en revue en temps voulu, rien ne presse tant la qualité et l'intemporalité de leurs sorties les rendent imperméables à nos contraintes séculaires. Une chose est sûre cependant : 'Kraak' est leur titre le plus sombre, gros trou noir au milieu du nyctalope et cotonneux 'Records of Breaks' déjà présent dans ces pages. PWOG a bien conscience de sa valeur puisqu'il existe pas moins de huit variations dudit, étalées sur quelques compiles et maxis. Voilà le single, avec trois intitulés qui disent tout: 1, 2, 3. 1, c'est la variante plus furax ; quatre heures du matin, plus aucune distinction entre le son, le corps et l'environnement, structure à base de petites salves saturées qui déchirent le réel tel du velcro que l'on arrache autour de soi ; implacable comme du Emmanuel Top, vertigineuse comme du Starfish Pool. 2 c'est le machin abstrait que l'on empile au détour d'un mix sur le rythme d'un autre morceau, pour lui donner du liant. Le kick revient sur la 3, qui a troqué l'ambiance torride de la 1 pour la boite à effets pure techno 90's : flanger, cutoffs, plate reverb et déphasage à tous les étages. 'Kraak' est plus abstrait et insidieux que tout ce qu'ils aient pu sortir jusqu'ici, ce qui -j'insiste encore une fois- n'est pas gage de supériorité mais certainement de distinction dans une discographie presque sans faute.