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Angelo Badalamenti › Blue Velvet

cd • 16 titres • 41:17 min

  • 1Main Title
  • 2Night Streets / Sandy And Jeffrey
  • 3Frank
  • 4Jeffrey's Dark Side
  • 5Mysteries Of Love (French Horn Solo)
  • 6Frank Returns
  • 7Mysteries Of Love (Instrumental)
  • 8Blue Velvet
  • 9Blue Star
  • 10Lumberton U.S.A.
  • 11Going Down To Lincoln
  • 12Akron Meets The Blues
  • 13Honky Tonk Part Iinterprété par Bill Doggett
  • 14In Dreamsinterprété par Roy Orbinson
  • 15Love Lettersinterprété par Ketty Lester
  • 16Mysteries Of Loveinterprété par Julee Cruise

informations

line up

Angelo Badalamenti (composition, direction), David Lynch (direction)

Musiciens additionnels : Julee Cruise, Carmine d'Amico (guitares), Chris d'Amico (basse), Bill Doggett (orgue), Roy Markowitz (batterie), Wayne Sabella (piano)

chronique

Il me semble que mon plus vieux souvenir de David Lynch - après sa publicité culte pour une marque de pâtes avec notre Gégé national (oui, elle est de Lynch, vous saviez pas ?) - soit bel et bien Blue Velvet. Son cabaret trouble, aux rideaux palpables des doigts des yeux. Son angoisse qui glisse sans cesse... Film noir onirique à la tension et à l'ambiance indescriptibles, dans un écrin de... velours. Pur. La vision de Dennis Hopper aspirant les yeux écarquillés dans son masque à gaz ? Presque aussi marquante que celle d'Alex DeLarge face caméra avec son verre de lait. Ma maman m'avait pourtant prévenu : "ne regarde pas ce film, il est malsain". Mon papa m'avait dit pareil au sujet d'Orange Mécanique. Mais je les ai pas écouté. Et des années après je reste contaminé : Blue Velvet est mon Lynch, et reste mon Lynch. Je me fiche qu'il soit grossier du freudien ou de la référence artistique, avec son Frank affamé d'origine du monde et son oreille coupée, m'fiche autant qu'il soit objectivement une mise en jambe avant des films plus maîtrisés ou complexes : c'est mon Lynch. Oh, je sais bien qu'on pourra me rétorquer qu'il existe tout même Lost Highway (plus clip de nu-metal) et le saphique Mullholand Drive (plus MetArt), et pourquoi pas l'ultime Inland Empire (plus Gaspar Noé) ou le jouissif Sailor & Lula (plus Chris Isaak que Roy Orbinson), voire pour les puristes Eraserhead (plus... concours d'entrée aux Beaux-Arts ?) Je suis un sale connard avec mes parenthèses, évidemment, puisqu'en vrai je les aime tous, ces films... Mais pour moi, c'est Blue Velvet qui fut le point d'entrée, et c'est comme ça. Et puis il y a déjà Twin Peaks dans Blue Velvet, un peu... Et puis il y a cette musique d'Angelo Badalamenti, la première d'une collaboration aussi étroite que savoureuse (comme celle de Howard Shore avec l'autre David), qui, déjà, exsude de nostalgie vénéneuse et d'onirisme délétère. L'aspect "bizarre, étrange, onirique, inclassable" et autres adjectifs serinés, n'a pas été ce qui m'a happé dans le monde lynchien. Moi ce qui m'a eu au début, c'est son côté fleur bleue, au père Lynch. Cette façon à lui de te balancer de l'émotion brute entre deux moments d'une noirceur absolue. Limite à me faire chialer comme la gamine sur la pochette de All The Pretty Little Horses. Cette tristesse violente, à la fois surannée et cruellement présente, qui vous serre à la gorge sans prévenir en même temps que la musique. Parce que Lynch c'est d'abord un maître du mélo ! Et elle est là, la mélancolie, même si elle n'y est que par fragments parfois brutalement rompus, dans cette B.O. difforme de Blue Velvet. De son entame classique qui renvoie aux vieux Disney comme au film noir des fifties, aux appétits encore légers d'Angelo pour ces claviers molletonnés qu'on reconnaîtra entre mille, auxquels il préfère ici cordes et cuivres hollywoodiens traditionnels... La tristesse d'une enfance perdue. L'innocence qui meurt, thème central et universel. Mais surtout la tristesse (même si Elephant Man reste le plus gros tire-larmes de tous les temps) dont suinte Blue Velvet de toutes ses plinthes avec son ambiance "eau-de-rose coupée au curare", si bien incarnée par la chanson éponyme des Clovers reprise par Bobby Venton (non incluse sinon en version féminine), que Lynch fait sienne et pare d'une aura nouvelle. Le côté fleur bleue... Et la peur. "Mysteries of Love", et Frank Booth. Le visage de ce sadique apparaît comme une menace certaine dans des jeux d'ombres hermanniens (inquiétants "Frank"/"Frank Returns"). Et quand l'espoir renaît, il s'ouvre comme une fleur éphémère, tel un sourire de Sandy, ce petit cœur d'artichaut... Il retombe dans le spleen de vieilles rengaines soul ou blues. Et s'effondre devant ce playback fardé de "In Dreams". Badalamenti signe sa première partition pour Lynch, chatoyante, frustrante, plus classique que les suivantes mais déjà imprégnée de mystère et de cauchemar. Une musique entre ténèbres et lumière, ayant peine à éblouir hors du chef d'œuvre, malgré sa profonde beauté.

note       Publiée le jeudi 19 mars 2020

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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L'occasion se présente en effet pour un Lynchathon (hum...)

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Nah, supracannois c'est Noé justement, le mec qui fait du cinoche vide pour festoche. Inland Empire c'est David qui tel à sa vieille copine Laura et lui annonce qu'il a acheté une caméra DV et que c'est trop cool et qu'il veut filmer des trucs avec elle si elle est dispo là tout à l'heure. Enfin tout ça me fait dire que je devrais me refaire une session des premiers Lynch, ce drôle de parcours de Erasearhead à Blue Velvet en passant par les Oscars et la grande oeuvre défigurée (moche mais quand même lynchienne malgré le producer's cut).

Raven Envoyez un message privé àRaven
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Trve Lynch oui, et darkambient expéfreejazz supracannois ? (c'est surtout Gandrieux, que je voulais dire en plus...j'avais retrouvé des ambiances similaires).

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C'est vrai que c'est beau la rencontre d'un réalisateur et d'un musicien. C'est comme A Scene at the Sea quoi (qui est une partition plus marquante pour moi). Le film aussi d'ailleurs, c'est un peu une matrice, le début d'une autre vie pour Lynch, après l'expérience Hollywoodienne détruite par Dune. Je le vois comme ça, moi j'ai plongé dans le Lynchland bien plus tard et à rebours, donc peu de lien avec ce Blue Velvet finalement, que je connais mal. (Inland Empire c'est le plus Lynch de tous les Lynch surtout, aucun rapport ni de loin ni de près avec un des réal les plus nuls et non avenu des trente dernières années, non mais dis-donc alors)