Bardo Pond/Disquaire Day (quel… toujours aussi tarte franglicisme)/Deuxième. Cette fois ce sont d’arty/ardus personnages/entités qui se voient pillés, phagocytés, recrachés depuis la Philadelphie Perchée du groupe. Le Velvet Underground et Brian Eno. Le bruit blanc/rose/marron… et le Concept ; la pop et sa destruction ; l’intellect éthéré, pris au plus abstrait, mais plongé dans les vibrations physiques parfois les plus viciées, vicieuses, le mordant électrique.

Ride Into the Sun : chanson à la base presque innocente d’à peine trois minutes trente ; étirée là jusqu’à presque vingt. Prise de guingois – les guitares des frères Gibbons vicelardement désaccordées (vicelard parce qu’on n’arrive pas à déterminer si c’est voulu ou seulement à l’arrache), la voix d’Isobel Sollenberger sucrée/explosée, là aussi d’une justesse douteuse, qui susurre/ritournelle couplets et refrains en boucles, presque enfantine ne serait cet accent décalqué (sensuel et hors-tenue) qui nous appelle pour nous faire tomber, nous aspirer. Puis CRACK – cassure, jam de larsens et cymbales fouettées, de basse en nappe pulsée ; la flûte au cœur de tout ça qui tisse une manière de charmant raga, de rhapsodie modale douce, tendre, pendant que les autres s’escriment à nous rayer la tronche, le torse, les membres, les chairs, les os. Puis comme de juste : roulement de toms et comme si de rien, retour au chant et aux accords tournés jusqu’à plus soif. Houle de son autant que digue qui la contient – riff et patterns, et Ride intooo the Suuun (Suu-uuu-un…). À ce stade-là, soit on s’abandonne – on se laisse happer/flotter dans les lames et les débris ; soit on craque et on se vomit, irrité à en hurler de leur n’en-pas-finir tout tors, des quelques accords obsessionnellement déchirés/balancés.

Bon… Eno ensuite. En boucle là aussi – mais cette fois ça tourne presque drone. Comme celle d’Eno lui-même ? Voir… À vrai dire, là aussi ça lâche la bride aux stridences, sur le riff mis et remis – en réalité modifié par rapport à celui de la plage reprise. Je dois admettre, aussi : c’est la seule piste, parmi les six réparties sur ces trois EP thématiques, dont je ne retienne pas grand-chose, d’une écoute à l’autre. La seule où, je trouve, ils ne parviennent pas à nous tenir, nous absorber dans leur dérive. Ce coup-ci pourtant j’y suis presque – le chant (en lignes superposées, à peine décalées, entre elles) ne m’apparaît pas autant qu’aux précédentes comme un élément qui ne collerait pas à l’ensemble, au reste du mix, à ce qu’ils font de ce morceau au départ plutôt sec, drastique, malgré l’ampleur de sa vibration – celui, en passant, de l’album d’Eno (bien qu’il en soit le titre) que j’aime sans doute le moins, déjà…

Enfin voilà : les avions passent et je saute au suivant, déjà, en mon fors (tandis que le bruit des turbines s’alentit – et j’admets : cette fois-ci, il me pose avec lui).