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Harvey Milk › The Singles

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kranakov      lundi 9 mars 2020 - 16:07
Raven      dimanche 8 mars 2020 - 23:59

cd • 13 titres • 50:50 min

  • 1Yer Mouse Gets My Dander Up
  • 2Wunderful Meat
  • 3The Pigeon (I Like My Finger)
  • 4I Do Not Know How To Live My Life
  • 5Probölkoc (My Chain Wallet Is In The Shop)
  • 6Easy Thing [reprise de Peter Criss]
  • 7Jimmy Page's
  • 8Jaws Jack
  • 9Blueberry Dooky
  • 10Smile
  • 11Sunshine, Good Times & Fine Wine
  • 12Women Dig It
  • 13Greensleeves

informations

line up

Creston Spiers (guitare, voix), Stephen Tanner (basse), Paul Trudeau (batterie)

chronique

C'est une vraie compilation de singles, oui. Dans le livret, le fan de Harvey Milk qui a collecté les maxis de sa collection pour confectionner cette sélection d'introuvables, nous explique un peu le pourquoi du comment. Par exemple comment Athens n'est pas que la ville de R.E.M. et Meat Puppets, que c'est aussi (surtout) celle de Harvey Milk. Et florilège d'anecdotes transies de nostalgie amère, qui insistent bien sur le gabarit hors-normes de ce groupe et leur insuccès. Une sélection Harvey première mouture qui nous permet de goûter à sa puissance, déjà manifeste quand son culte n'était que local. On s'en doute, les singles en question ne ressemblent pas vraiment à des tubes (encore que "Easy Thing"...), sinon dans le monde milkien, monde où le moindre riff devient un charnier insurmontable. Un best-of monster-blues dru et cru, à l'ambiance basiquement proche de ce film culte des années soixante-dix, là, vous savez ce docu sur les banjos, le tir-à-l'arc et les cochons. Non, pas de banjos dans cette sélection juvénile, en tout cas pas que je me souvienne... Par contre du cochonou, ouuuh que oui ! Et du bien congestionné, du groove de tronc, à l'heure du triomphe des beaux gosses bûcherons. Une musique-cochon nourrie avec ce qu'on trouvait à lui donner - meubles et pneus inclus - une fois tous les pommiers fanés. D'entrée le riff massif le plus anonyme du monde. Cadence de beffroi, quasi-drone. Le chant de Creston s'y colle, comme une couille contre l'autre en été. Voix étouffée dans un murmure lointain, beuglements de sinoque en salopette ligoté dans l'obscurité, parfum d'Oxbow aveugle. Ces mecs, pfff, ils avaient cette pure brutalité pataude mais obstinée, cette bonhomie bonne pâte dans la violence, j'en visualise Maïté acharnée au gourdin sur une anguille ! La suite du film est brouillée, mais ça racle sévère le fond de la marmite par endroits. Accélérations heavy-punk, version doom de Pere Ubu ("I Do Not Know How To Live My Life"), ou Unsane en slow-motion ("Women Dig It"), vrombissements de coléoptère géant... Et le noise rock le plus brutal qui soit ("Smile"), parce que Harvey c'est aussi ce rapport compliqué à l'alcool et aux murs environnants, qui gênent ses mouvements. Un condensé noisludge qui redéfinit l'adjectif "poussif" comme synonyme d'héroïque. Une musique aussi caractérielle que les selles sombres et expérimentales du lendemain matin de cuite, qui collent à la faïence et hurlent à tes narines en kobaïen. Harmonie universelle des choses. Poésie masculine. Ursidée, si vous préférez. Mais poésie tout de même, nom d'une pipe en boue, parce que Harvey savait faire poindre la larmiche comme personne, faut pas l'oublier ! Ces mecs étaient déjà des gros artichauts sous la rocaille, avec leur allure de gros meuble sensible. Et c'est pour ça que "Easy Thing", elle reste gravée dans mon cœur de rockeur. Souffrance-nonchalance. The Singles charrie les brouillons et les punitions, des morceaux pas forcément captivants, mais toujours avec ce feeling unique, cette voix et cette énergie contenue ou débridée. Cette façon jouissivement frustrante rien qu'à eux (comme le dit le compilateur "ils nous familiarisent avec le principe de la torture chinoise"). Pas mal de longs couloirs instrumentaux, un bon quart de passages chiants, de grain démo qui mitige le truc (d'où la note). Beaucoup de titres sans structure apparente, jam-like, sonnant comme des bœufs qu'on les aurait forcé à se taper sous la menace d'un fusil (et forcer un cochon à se taper un bœuf, c'est moche). L'effet Harvey Milk ? L'émotion Harvey Milk ? La manipulation du rythme par un ogre qui fait du temps son casse-croûte. Le rêve du sanglier solitaire dans la nuit... Les sabots dans le purin et la tête dans les étoiles. Et n'oubliez pas, à l'instar de certains siciliens, qu'à l'exception des dents le cochon digère tout.

note       Publiée le dimanche 8 mars 2020

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    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    A(c)h, à la Melvins quoi ! Et ils sont aussi balèzes dans l'exercice. Merci pour les précisions (comme quoi c'est pas bien d'avoir la flemme de relire...)

    Note donnée au disque :       
    kranakov Envoyez un message privé àkranakov

    Reçu en version promo cadeau lors d’un achat massif de CDs en 2003/2004. Première découverte de HM - dont je ne me suis toujours pas remis. Évidemment, pas substituables aux dernières parutions (déjà anciennes pourtant) du groupe, ces faces de 45 compilées ont bien l’authenticité des balbutiements des plus grandes formations.

    En revanche, « Easy Thing », c’est une reprise. Et plutôt des moindres, si je puis dire, puisque tiré du premier LP (et plutôt bref, une vingtaine de minutes très dispensables dans mon souvenir) solo de Peter Criss - oui : le batteur de Kiss, le putain de Cat Man ! Meow !!!!

    Reste que moi aussi j’ai du goût pour les kits chéries de kitscheries improbables, mais ils feront preuve de bien plus de goût, quelques années plus tard, en reprenant Leonard Cohen.

    Note donnée au disque :