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Klaus Nomi › Klaus Nomi
- 1981 • Rca victor PL 37556 • 1 LP 33 tours
cd • 10 titres • 32:26 min
- 1Keys Of Life
- 2Lightning Strikes [reprise de Lou Christie]
- 3The Twist [reprise de Hank Ballard and the Midnighters]
- 4Nomi Song
- 5You Don't Own Me [reprise de Lesley Gore]
- 6The Cold Song
- 7Wasting My Time
- 8Total Eclipse
- 9Nomi Chant
- 10Samson And Delilah (Aria)
informations
line up
Klaus Nomi (chant, chœurs)
Musiciens additionnels : Jon Cobert (claviers, synthétiseurs, chœurs), Scott Woody (guitare), Rick Pascual (basse), Daniel Elfassy (batterie), Julie Berger (chœurs), Scott Woody (chœurs)
chronique
C'est l'histoire d'un mec qui s'appelait Klaus et qui avait une tête d'ampoule. Les gens se moquaient tout le temps de sa tête. Mais ils ne voyaient que l'extérieur. Klaus avait une créature dans cette tête : le Nomi. Une créature amusante et angoissante, théâtrale et géométrique, à l'esthétique tranchante de contrastes. Avec des formes piquantes, comme des épines... Une créature pointue comme les arêtes du K, du N, du M. Et un jour, le Nomi a fini par prendre le dessus. Alors l'homme contenant le Nomi s'est maquillé, et il s'est enfermé dans un costume rigide en forme de V. Klaus a porté le Nomi. Parce qu'il ne voulait pas qu'on oublie le Nomi, il a exagéré les traits, au crayon noir, comme un visage de cabaret, de kabuki ou de cartoon d'avant-guerre. Noir et Blanc tranchés. Des choses nettes qu'il a comprimées en une forme, un logo. Un look qu'on oublie pas. Une esthétique marquante - et même traumatisante pour un enfant - qui s'est retrouvée dans sa musique, à la fois glaçante et passionnée. Klaus aimait ce qui était ancien, ce qui était futur. Purcell, Saint-Saëns, autant que Kraftwerk, Schulze. L'opéra, les décors à la Metropolis. Le lyrisme, l'expressionnisme, autant que le glitter de son adolescence ou les vieilles rengaines rock'n'roll qui ont traversé son enfance. Il a voulu mélanger tout ça, pour s'amuser, même si c'était un peu comme de l'huile et de l'eau. La mixture résultante n'était pas parfaite, mais elle détonnait, même dans une époque foisonnante de freaks. Bancale, mais ovniesque. L'ambiance tissée par le Nomi - et ses éminences grises contestées Hoffmann / Parrish - était à coup sûr un bric-à-brac unique. Parfois envoûtante, comme ses énigmatiques "Keys of Life" et "Nomi Chant" (peut-être ce que le Nomi faisait de mieux, ces morceaux "ambient"). Parfois un tantinet agaçante, comme sur "Lighting Strikes". Parfois émouvante, comme sur l'emblématique "Cold Song", la bien nommée, portée par le glas tragique et impérieux de Purcell (acte sur lequel Moroder brodera peu après le thème de Scarface - vous savez ce mec en noir et blanc bien tranchés sur son affiche). D'une tristesse absolue, cette chanson marqua l'année 1981 de son doigt glacé. Le Nomi avait sa façon à lui, violemment contrastée, schizo/scherzo, de jouer avec l'interprétation, les expressions. À la fois rigide et élastique. Rigide, quand il chantait sur du rock avec son accent allemand exagérément abrupt et haché, comme s'il vous remontait les bretelles... Élastique, quand il volait libre, transcendé, dans ce baroque qu'il chérissait. Surnaturel et malsain, quand il reprenait le "Twist", comme plongé en enfer synthétique, entouré d'échos moqueurs de fées et de farfadets. Le cocktail Nomi a bien marché, même le grand public a fini par le croiser, à force de promo télévisée, de curiosité interloquée... "Nomi le phénomène de foire de la new wave. Le castrat nourri au pop-rock et à la musique cosmique !" "Admirez la créature ! Achetez la bizarrerie chantante !" Le succès est arrivé. Rien qu'au pays des Shadoks, en volume vinylique écoulé, le premier Nomi dépassa de loin le dernier Johnny. Pas mal pour une musique bizarre. Faut dire que le Nomi, dans son ascension, était bien aidé par un autre mélomane éclectique amoureux du maquillage. Un caméléon aux yeux vairons, lui aussi d'humeur et de couleur fort changeantes, à qui le Nomi prêtait volontiers son costume. Mais cela n'a pas suffit. L'être humain qui portait le Nomi est tombé malade, et puis il est mort. Un deuxième album eut juste le temps de sortir. Dans les années qui suivirent, on ne tarda pas à usiner d'autres compilations, par exemple avec un ruban rouge dessiné dessus, qu'on allait vendre dans des bacs promo des grandes-surfaces à "prix cassé". Premier spécimen artistique symbole du SIDA. Emballé, rangé. Dans une boîte. Comme un jouet. Quarante ans plus tard, des nuées d'internautes se bouleversifient avec l'histoire d'un pauvre hère nommé Joker... Et combien pour verser une larme, en pensant à Klaus Nomi ?
note Publiée le jeudi 5 mars 2020
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commentaires
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- Aladdin_Sane › Envoyez un message privé àAladdin_Sane
Belle chronique effectivement pour un bien bel (et émouvant) album.
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- zappymax › Envoyez un message privé àzappymax
J'avais sept ans et j'évitais soigneusement le salon, quand l'album tournait sur la platine familiale et que la pochette trônait juste à côté, bien visible ... Je me rappelle avoir littéralement senti se dresser mes cheveux la première fois que je l'ai vu. Cauchemar la nuit suivante ... Et je retrouve Klaus sur mon site préféré presque quarante ans après. La boucle est bouclée. Je vous dis demain si j'ai rêvé de lui cette nuit.
- NicoP › Envoyez un message privé àNicoP
Chouette, du Klaus Nomi sur Guts, ça manquait ! 6 étoiles pour la personne, le personnage, l'ensemble de son oeuvre et mon adolescence...
- Dead26 › Envoyez un message privé àDead26
Extra-terrestre & extra-ordinaire le Klaus. Unique, magique, inouï personnage comme jamais il n'en existera...
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- zugal21 › Envoyez un message privé àzugal21
Oui superbe chro, chapeau le Corbeau
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