Lovataraxx › Hébéphrénie

Fini de vous casser la tête, de le chercher en K7, cd ultra limité, clef USB où je ne sais quoi, l’album de Lovataraxx est cette fois disponible en un beau digipack sorti de l’écurie Unknown Pleasures Records. Ça fait plaisir et il était temps car voilà un groupe qui sait valoir la peine d’être écouté chez soi ou vu en concert, variant sa démarche au travers d’une palette de sonorités et d’intentions se déclinant à partir de la même source. Hébéphrénie ? ‘Une forme de schizophrénie touchant des sujets jeunes (…) Elle évolue généralement vers un appauvrissement intellectuel et relationnel’. Synonyme de notre époque ? Pas de l’album en tout cas même s’il dégage bien une forme d’anxiété car si le duo peut si aisément varier les styles, de la cold à la pop, en passant par toutes les formes de dark wave, voir d’expérimentation limite indus (aspect plus prononcé sur scène que sur le disque), c’est simplement car il a digéré toutes ses influences et surtout que la musique est pour lui un mode de vie, au sens punk du terme. Pas de pose, de la générosité, de la sincérité, dans un style qui affectionne pourtant aisément le recul papier glacé. Sans parler de danger, on parlera de déstabilisation. Alors que tant de groupes surfent sur la minimal wave de manière classique (Lebanon Hanover, Boy Harsher, Skemer,…) avec certes du talent, Lovatarxx représente l’aspect lynchien de la réalisation. On s’engage en terrain connu apparemment mais en réalité, on n’est jamais très sûr de l’endroit où on aboutit. D’ailleurs, souhaitait-on vraiment s’y rendre ? The Cure, Depeche Mode, New Order ? Oui mais version plus sombre à chaque fois en conservant quelque chose de fluide dans le rendu…Acidulé plutôt qu’acide. En plus clair, ce sont de belles lignes de basse, des guitares à la froideur cristalline, des claviers tantôt moribonds, tantôt faussement célestes et des voix graves et prenantes, masculines, féminines, un duo qui sait se la jouer complémentaire. Et pour celles et ceux qui croiraient que ‘Hébéphrénie’ reprend ‘Kairos’, sachez qu’il s’agit juste de quelques titres, de nombreuses nouveautés constituent la trame de cette galette essentielle. N'oubliez pas de caresser le digipack avant d’insérer le cd dans la platine…