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Selvans › Faunalia

cd/lp • 6 titres • 56:25 min

  • 1Ad Malum Finem3:03
  • 2Notturno Peregrinar7:39
  • 3Anna Perenna7:24
  • 4Magna Mater Maior Mons14:32
  • 5Phersu9:07
  • 6Requiem Aprutti14:40

informations

Enregistré aux studios : Atrocity Exhibition, Selvans Faunalia, HK, Feather Rebel, Castiu, Studio K et Anxa Recording. Mixé et masterisé au studio Atrocity Exhibition. Produit par Haruspex.

line up

Haruspex (instruments à vent électroniques, claviers, percussion, voix, accordéon sur Notturno Peregrinar), Fulguriator (guitare, basse, mandoline), Yakrisht (HK) (batterie)

Musiciens additionnels : Acheron (guitare acoustique sur Notturno Peregrinan, solo de guitare sur Phersu), Viola Versinthe (voix soprano sur Requiem Aprutti), Agghiastru (voix sur Notturno Peregrinar), Blanche (voix sur Anna Perenna), Mercy (voix sur Magna Mater Maior Mons), Tumulash (voix sur Phersu), Gianluca Virgis (trompette sur Requiem Aprutta)

chronique

Curieux comme les bandcamp des labels – ou d’autres plateformes, hein – finissent par ressembler, dans leur fonctionnement, leurs conformations, à un quelconque youporn, xhamster, à d’autres lieux hors-lieux où se fournir : en telle ou telle tranche de telle ou telle préférence, paraphilie, goût particulier le temps de s’en mettre un bout, à la recherche de prétextes pas encore usés pour les fluides, de scènes nouvellement tournées mais surtout pas dépaysantes. Même système de mots-clés, de tags qui finissent par se confondre avec les titres même des choses qu’on clique pour voir. Même manque de surprise, souvent, la souris ayant suivi le lien, quant à ce qu’on trouve – qu’on s’en réjouisse, d’ailleurs, puisqu'on y récolte pile ce qu’on était venu chercher ; ou qu’on s’en désole parce qu’ennui encore, stratagème vite épuisé, l’affaire faite (port compris ou autre chose expédié). Et ne croyons pas que le « pointu » de certains recoins nous tire de là – de cette routine ! Au contraire, peut-être ? Plus spécifique la recherche, plus décevant, plus étroit le spectre de la pléthore proposée ?

Bon… J’exagère peut-être, je fais de l’analogue facile ? … Voire. Si c’est vraiment EXACTEMENT pareil – si geek du son/des scènes locales-et-internationales c’est tout à fait comme addict du double-foot-fuck-gaging-MILF-femdom-creampie (rayer/ajouter les mentions inutiles/manquantes etc.) ? Si l’aspiration dérivée - de l'assouvissement désiré - on ne trouverait pas aussi, parfois, de ces sortes d’objets pas si bien rangés que ça dans nos expectatives, nos on-verra-bien-une-fois-encore – plus souvent dans ces disques à un clic que dans le porno tout aussi facilement accessible (et zappable à l'envi), j'entends… Bon !

Voilà, Avantgarde Music – label italien au nom certes bien tarte, fourré dans le black et le post-du-même, le doom brumeux, les pochettes grises en nuances de vapeurs pareil – et dont nombre de productions me font me dire que ça n’est pas non-plus complètement pour rien, cette apparence d'uniformité. Maison, toutefois, où semblent se plaire certains sans-pareils genre Darkspace, qui persistent là, s’y incrustent comme si ça n’était pas qu’un décor (et aussi un truc qui s’appelle T H A C L T H I, par exemple, me souffla-t-on…). Et là… Voyons ça. Selvans – Italiens, des Abruzzes. Autant que d’autres, de partout, dans le secteur de ces-musiques-là – portés sur les titres en langues mortes et en parlers locaux ; trippés sur un variante tout aussi régionale qu'ailleurs d’un « paganisme » pas moins éteint que leur latin d’offices-et-fourneaux. Pochette… Eh, bien moche ma foi. Qu’on peut trouver touchante dans le grotesque du rendu, de l’idée embrassée sans recul qu’elle semble vouloir clamer – un homme-bouquetin en costard vintage qui joue d’un instrument-folklore… Eh. Une musique… Chargée – en chœurs, en envolées lyriques, déclamations dramatiques, romantiques, passionnées, sur fond de blasts serrés et synthés symphoniques-mélancoliques/grandioses/kitschouilles (là aussi… rayez ou pas selon vos inclinations). Sifflements giallo-western-spaghetti – Morricone revendiqué comme influence autant que les bals dans les clairières et les nuées black, sur les pages dédiées.

Et ce qu’il y a, c’est que… Ben voyez-vous, ça ne prend pas mal ! Du tout. L’atmosphère colle, oui, englue, sous ses enflées. L’excès paye, à vrai dire. Les gars – le dénommé Haruspex à la voix, en particulier – en font des caisses mais l’emportement semble réel, l’investissement, ça ne tombe pas dans l’obligé mime des modèles choisis, à la lettre. Et le grotesque – je le redis, oui, au-delà de cette décidément vilaine image de pochette – finit par gagner le point où ça chope, où ça renverse l’idée que « le beau », c’est forcément quelque chose qui sait se tenir, que le bon goût aurait la moindre importance, que peut-être bien l’art et les délires irraisonnés (et impossible en vue des moyens à dispo) d’orgies sans frein, jusqu’à s’en péter les attaches, ne différeraient pas tant que ça – en substance, en qualité. Puis on ne sait plus à force si humour ou pas, volontaire ou pas – on arrive enfin, finalement, à s’en foutre un peu.

Ça déborde, voilà, c’est encore cette fois ridiculement déformé dans ses tentatives « classiques » ; progressif comme le rock dit tel, plongé dans une graisse sale (ou voulue animale, encore), frottée à la terre pleine de débris d’écorces et d’épines ; grandiloquent mais qui se nimbe quand on se laisse aller d’une certaine grâce du trop-tout, rococo qui vise au rustique et parvient à accrocher, au détour, avec ses colifichets poils-plumes-branchilles-feuillages. Puis ça passe très bien, au vrai, cette langue de plus-bas-que-les-alpes ainsi braillée à l’écorchée, dans ce style repris de là-haut-des-mers-boréales. Et puis elles se dessinent bien, sous le soufflé, ces mélodies chaudes et doucement tristes, ces lignes gravées nettes…

Alors ? Un « kink » de plus satisfait à bon compte ? Oh… Curieusement, à insister, j’ai fini par trouver que non - d'autant qu'au départ c'est pas tant que ça mon truc, ce style d'amphigourique crassé. Mais voilà, j'y suis retourné, envie d'insister, malgré moi un peu charmé. En commençant par "le pire", curieusement – ce Requiem Aprutti final avec ses chorales en pelisses et sa trompette façon buccin au-dessus des vallées et des cavernes aux loups, aux ours. Oui : c’est de là que j’ai commencé à m’y plaire. Plaisir pas honteux, allez - même si toujours mêlé de l’impression que ça se passerait volontiers d'autant de décorum, que ça gagnerait encore en ampleur à coller moins au concept comme aux termes d'un contrat. Qu'on s'épargnerait bien des tags de spécialistes et de spécialités, tiens - décidément - cochés un à un comme sur une checklist. Bon. Enfin, au moins : je n’ai pas l’impression, cette fois, cette fois de plus à l’avoir écouté, de m’être vidé de quelque chose à défaut avant de pioncer un coup de plus en attendant mieux, de m'être fait refiler un placebo. Qu’on m’ait bourré quoi que ce soit en m’assénant qu’allons, on le sait bien, ce que j’aime.

note       Publiée le lundi 27 janvier 2020

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Ce serait du blasphème...

Et dernière précisions: je disais donc "bandcamp oui" mais aussi "les bandcamp des labels, parfois, ça souligne à quel point les 'scènes' peuvent être fétichistes et se contenter de deux ou trois signes/critères répétés à l'envi sans rien d'autre pour dérouler pléthore de projets plus ou moins interchangeables". Et en passant c'est sans ironie que je me dis "et après tout pourquoi pas, hein (d'autant que ça ne se limite pas TOUJOURS qu'à ça)".

Sinon je vais voir un peu plus tard si je laisse ou non la note officielle de celui-là telle-quelle, tiens.

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(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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Blame Proggy.

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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J'ai pas du tout dit le contraire ! ... Je fréquente aussi beaucoup hein, bandcamp. Je questionnais simplement (et justement - au sens de "eh, à propos") nos tendances compulsives et nos capacités à chercher, chercher, chercher sans cesse sans toujours se demander si on en a vraiment envie et de quoi avec et hors réflexes. (En notant au'aussi on tombait parfois sur des choses qu'on aurait pas forcément pensé goûter).

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Dun23 Envoyez un message privé àDun23

Yep! Bien d'accord avec el numero seis!

(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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N'empêche on dira ce qu'on veut, Bandcamp, c'est génial. Sauf quand les artistes/labels se retirent/ferment et que t'as plus accès à la musique que tu as acheté à moins de l'avoir téléchargé au chaud et en FLAC ou WAV de préférence qqpart. Mais sinon, c'est génial.