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Lift to Experience › The Texas-Jerusalem Crossroads

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Rikkit      mardi 12 janvier 2021 - 02:22
space_ritual      lundi 3 février 2020 - 21:04
Seijitsu      lundi 27 janvier 2020 - 14:27

cd1 • 6 titres • 39:20 min

  • 1Just as Was Told6:43
  • 2Down Came the Angels5:40
  • 3Falling From Cloud 94:33
  • 4With Crippled Wings9:58
  • 5Waiting to Hit5:20
  • 6Ground So Soft7:06

cd2 • 5 titres • 54:11 min

  • 1These Are the Days8:41
  • 2When We Shall Touch4:20
  • 3Down With the Prophets6:41
  • 4To Guard and to Guide You5:24
  • 5Into the Storm + morceau caché29:05

informations

Produit par Josh T. Pearson. Enregistré à 70hrtz à Argyle, Texas. Mixage par Simon Raymonde et Robin Guthrie.

Artwork : Karen Raymonde

line up

Josh T. Pearson (guitare électrique, chant), Josh Browning (basse), Andy Young (batterie)

Musiciens additionnels : Scott Danbom (fiddle)

chronique

  • post-rock-shoegaze chrétien

Alors, The Texas-Jerusalem Crossroads c’est un double album concept pondu par trois texans de Denton qui raconte en gros que le centre de la Cité de Dieu c’est le Texas et que c’est donc là qu’aura lieu l’Armageddon et que les anges descendront sur le Lone Star State à la fin de l’histoire, le tout en forme de post-rock shoegazy aux touches folk et chanté avec une voix presque aussi voluptueuse qu’un Jeff Buckley qui aurait appris à nager, et c’est sorti sur Bella Union, le label de l’ex-Cocteau Twins Simon Raymonde, ici aux manettes de mixage avec son compère Robin Guthrie. Faut vraiment que je développe ? Non mais ça vous intéresse pas déjà à la base ? Même pour déconner ? Moi je m’en fout, je suis officiellement un apostat, alors mes aïeux les délires millénaro-apocalyptiques de barbus genre plus mormons pétés que ZZ Top, si vous saviez comme ça m’en touche une branche de la Vraie Croix sans faire bouger l’autre… Mais quoi, du trve christian post-rock, c’est quand même pas commun. Et les mecs sont sérieux, même si certaines paroles ne manquent pas d’un certain humour faut quand même le vouloir, pondre plus de soixante dix minutes plus ou moins organisées comme une suite à la gloire du Seigneur, à un moment soit on a la Foi, soit on a franchement autre chose à foutre. D’ailleurs pour l’écouter c’est pareil, soit on se plonge dedans avec un minimum d’attention, soit on fait autre chose. On ne prie pas en swipant sur Tinder en même temps bordel. A défaut de s’y consacrer pleinement, il n’en restera que des bribes, des moments, quelques grands moments même, quand le ciel du Texas s’ouvre pour laisser passer les anges c’est un peu la classe, mais aucun titre précis qui ne glissera pas vite dans les tréfonds d’un oubli vaporeux, d’un ennui un peu vague. Bref, the Texas-Jerusalem Crossroads peut aussi être un album chiant comme une messe en latin pour peu qu’on l’écoute d’une oreille distraite. J’en vois venir certain, « c’est normal que c’est chiant, c’est marqué post-rock dessus d’abord ». Mais détrompez-vous, si vous attendez du climax facile et chouineur et des montées épiques qui seraient d’ailleurs pas mal branlées pour la thématique, mais vous ne connaissez pas Josh T. Pearson, l’architecte de cette cathédrale sudiste ! Moi je le connais le bougre, j’ai même bu des coups avec lui alors qu’il s’était installé à Paris, au dessus d’une crêperie (véridique). Pearson n’est pas un de ces prédicateurs frénétiques qui électrifie un auditoire avec des sermons cocaïnés, c’est un être délicat, the last of the country gentlemen, il vous parle doucement, parfois dans sa barbe à venir, n’hésite pas à manier un peu l’ironie (quand il négocie un gros tube avec le Seigneur) comme un masque de pudeur. Josh est un type comme tout le monde à qui Dieu, tranquillou, s’est adressé pour lui faire cette Révélation : le Texas est le centre de Jerusalem. Alors c’est avec sa guitare que Josh va faire tomber les murs de Jéricho, une guitare aux trémolos délicieusement noisy, qui se perdent dans des brouillards angéliques. Dream-post-rock. Seulement il ne s’agit pas de rêve, mais de Foi. Une foi bien américaine, concrète, ancrée dans une terre d’où aussi surgit cet ancien folk qui n’est jamais loin, le voilà qui reparait accompagné de ce bon vieux fiddle. Et puis quand ses comparses se fondent dans la clarté et qu’il parait alors seul, Josh ne joue plus que quelques notes primitives mais néanmoins élégiaques, loue le Trône Glorieux de sa voix toute délicate et attends un moment avant de faire s’abattre à nouveau le Déluge post-rock. La tempête après le calme. Et quelle tempête quand se déploient les ailes de l’Ange ! Mon Dieu que c’est beau. Oups. J’invoque le nom du Très Haut alors que j’ai pas le droit, mais quand c’est beau, c’est beau, elles y sont les mélodies, elles se dévoilent un instant et touchent notre tréfond comme le Doigt de Dieu à travers les nuages, du nuage numéro 9 (ne l’inversez pas celui-là). Après, on va pas se mentir, y a des longueurs. La Bible Belt c’est bien beau mais les barbus qui vous cause du retour de Jesus, non pas un de ces mexicains qui reviennent après avoir été refoulés de l’autre côté du mur, ça va un moment, aussi sympa soient-ils. Les sermons, ça endort, même si le ton reste familier et chaleureux, pas du genre à vous assommer le Josh. Alors on somnole un moment en attendant les remontées de guitares qui rugissent dans les cieux, les magnifiques mélodies solaires qui ne manquent pas de revenir, les prières polyphoniques qui se noient enfin dans de glorieux bourdonnements. De ce point de vue, c’est comme la Bible et Star Wars, c’est la deuxième partie la meilleure, la plus concentrée, avec même un intense morceau folk tout acoustique et poussiéreux qui ré-inscrit dans le paysage tout ce salmigondis mystique ma foi (inexistante) assez farfelu. En terme de prêcher un converti, c’est raté, mais en terme purement esthétique et narratif, c’est pas non plus l’Exode, c’est tout à fait praticable malgré quelques Stations dispensables. C’est pas la Révélation, encore moins l’Illumination, mais c’est une singulière portion d’americana comme on en voit pas tous les jours.

note       Publiée le lundi 27 janvier 2020

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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"I wanna tell you 'bout Texas Radio and the Big Beat...".

Hasard à part - vu qu'en effet il y a quelques heures je me réécoutais une fois de plus L.A. Woman - je relis nos anciens commentaires, là, je vois qu'une allusion m'était en effet advenue, à Morrison... Et je me dis que si rapport il y a, c'est sans doute avec ce Morrison là - le poète beat plus qu'un peu rincé de la fin, hésitant entre couper court une fois pour toute ou y aller quand-même un peu mollo sur les conneries histoire de vivre un peu vieux, pas tant celui du trip Lizard King que celui revenu plus qu'un poil à terre (voire terre-à-terre) sans se dépêtrer la tête d'un ciel rêvé, le poète des motels à blattes, plus marqué par Mexico City Blues que par On the Road (bouquin qui en passant m'avait fait l'effet d'un pensum...), si on veut continuer ce jeu du remontons-le-fil-des-possibles-influences en tombant sur Kerouac, donc.

Mais de toute façon, c'est sans doute autant incident que d'y entendre Buckley fils comme dit plus bas OK, Slint ou d'autres. Incident ou non, avéré ou non, au fond on s'en fout un peu : c'est un temps bien à eux - au sens "weather" comme au sens "time" - et le climat comme l'heure justement s'y prêtent là où je suis, alors je m'y installe un moment.

Message édité le 16-12-2023 à 17:29 par dioneo

Rikkit Envoyez un message privé àRikkit

Il fait un peu skeud charnière. Il sonne 90’s dans son délire Alt-Country/Shoegaze et il a aussi un pied dans le post rock chiant à venir des 00’s, sans l’être (chiant). C’est très beau comme machin, touchant, aventureux et le songwriting quand il est là est pas loin d’être phenomenal je trouve. De le réécouter et de vous voir en parler ici m’a donné envie de poser une zorzor sur le Pearson en solo.

Note donnée au disque :       
Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Le Josh solo je l'avais tenté à l'époque de sa sortie et il m'avait pas frappé, j'avoue... Mais possiblement aussi que je l'entendrais pas pareil aujourd'hui - donc je re-tenterai, y'a moyen.

Sinon de mon côté, outre le Buckley fils plusieurs fois cité, certains passages me font penser aux trucs les plus folk (les moins expé-zarb), acoustiques ou électriques d'ailleurs, de Richard Youngs. En plus texan et moins écossais, forcément, ici. (Et plutôt Sapphie ou River Through Howling Sky qu'Advent ou son House Music incluant des sons de plateau de four joué à l'archet et des bourdonnements de frigidaire (il me semble) pour Youngs, donc). Pi tiens d'ailleurs... Youngs a aussi été du premier concert du "fameux" Jandek des décennies après son premier disque - un texan lui aussi (et qui avait eu lieu à... Glassgow), et a continué il me semble à jouer en tournée avec lui et un troisième, ensuite, au moins en tournée. On va dire que ça bouclerait une espèce de drôle de boucle.

(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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Je confirme que Pearson est plutôt "Hi, I'm Josh. Let's have a beer." (bon enfin je l'ai croisé une fois, mais ça s'est passé comme ça). Si tu n'as jamais écouté son premier album solo (chroniqué par mes soins y a longtemps), je te le conseille vivement. En tout cas c'est sûr que si par moments je m'y ennuie un peu dans cette longue épopée apocalyptique et Texane, c'est pas à cause du côté post-rock, dont les éruptions très shoegazy (j'aime bien ce mot qui veux rien dire) sont toutes remarquables.

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Bon, je l'écoute donc "en dur", là... Je ne note pas encore (je sais pas si je le ferai) mais j'ai lu la chro... Pas plus touché que l'auteur de ladite par la grâce de leur seigneur JiCé, je trouve effectivement que pour autant la narration est foutrement bien foutue, dans l'épique qui sent la terre et la poussière et la pollution urbaine et les plantes de chaleur. Et je ne me suis jusque là pas ennuyé, pour ma part - le côté post-rock m'apparaissant presque incident, et pas dans l'acception emmerdo-solennelle du bidule. Naïf et fervent comme du Jim Morrison (en beaucoup moins "je suis le Rimbaud de l'UCLA, en beaucoup plus "je t'en offre un, prends place") parfois, en revanche, c'est sûr ! Bon western/apo/mystico-chargé, ouais. C'est tout. Et je trouve ça chouette.