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R.E.M. › Fables of The Reconstruction / Reconstruction of The Fables

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Dead26      dimanche 7 août 2022 - 11:24
ProgPsychIndus      samedi 23 juillet 2022 - 11:54
Shelleyan      mardi 15 décembre 2020 - 19:03
Venomesque      vendredi 26 juin 2020 - 13:05
allobroge      mercredi 22 janvier 2020 - 23:28
Dioneo      mercredi 22 janvier 2020 - 10:07
Raven      mardi 21 janvier 2020 - 23:59

cd • 11 titres • 39:46 min

  • Fables of The Reconstruction
  • 1Feeling Gravitys Pull*
  • 2Maps And Legends
  • 3Driver 8
  • 4Life And How To Live It
  • 5Old Man Kensey
  • Reconstruction of The Fables
  • 6Can't Get There From Here**
  • 7Green Grow The Rushes
  • 8Kohoutek
  • 9Auctioneer (Another Engine)
  • 10Good Advices
  • 11Wendell Gee

informations

L'édition originale vinyle présente les deux parties de l'album, "Fables of The Reconstruction" et "Reconstruction of The Fables", sur deux faces ("A side" et Another Side")

line up

Bill Berry (batterie, chœurs), Peter Buck (guitare, banjo, harmonica), Mike Mills (bass guitare, chœurs, piano), Michael Stipe (chant)

Musiciens additionnels : Camilla Brunt (violon*), Philippa Ibbotson (violon*), David Newby (violoncelle*), David Bitelli (saxophones ténor et baryton**), Jim Dvorak (trompette**), Pete Thomas (saxophone ténor**)

chronique

Quand je pense à Rapid Eye Movement, je pense surtout à ce disque. Fables of the Reconstruction, c'est "mon" R.E.M., même si le premier fut Automatic For The People. Fables a une alchimie à lui, rien qu'avec cette façon qui tranche d'entrée, de grincer sur le tableau noir avec autant d'aisance que de faire jouir les guitares en ribambelles dorées. De tenir des regards ternes dans la musique enjouée. Ce groupe déjà si familier et pourtant si singulier, ne m'agace jamais sur ce disque (comme il pourra le faire à un moment ou un autre sur les suivants, malgré les pépites). Il me touche - même si c'est surtout sur sa magnifique première moitié, la seconde me donnant la sensation d'un zootrope folk-pop féérique, mais voué à n'imprimer aucune image sonore précise dans ma mémoire. Pourtant, cette manière de chevroter sa mélancolie trop brûlante, et de la recracher en gerbes fébriles, à travers ces douze-cordes aussi fines que des blés battus par le vent... Et ce truc à eux pour savoir sonner plus "pop-rock de voyage en voiture" qu'aucun autre groupe, en ne faisant pourtant que des chansons à savourer cloîtré chez soi... R.E.M... Un groupe mûr dans sa verdeur en quelque sorte, dont l'onirisme profond résonne d'abord à travers la crispée et fantomatique "Feeling Gravitys Pull". Un disque qui, sous sa réputation d'album enregistré par des mecs rincés et renié à demi-mot, offre l'essentiel de ce qui fait le charme de ce groupe. Son ambivalence obsédante. "Alternatif" est le mot. "Bipolaire", si vous préférez. Comme son intitulé tête-bêche. Des matrices un peu trop mécaniques diront les chagrins, de ce que deviendront R.E.M. quand ils seront adultes et qu'ils peaufineront minutieusement leur formule - au risque de domestiquer ce truc insaisissable en eux, encore ici à l'état d'hybride inconnu. Précieux.

"Maps and Legends" n'est la matrice de rien : c'est déjà l'aboutissement de ce qu'est une grande chanson de R.E.M. C'est à dire quelque chose de magique qui ne s'explique pas, mais se ressent, comme ces chœurs, comme ces cordes... Tout est là qui tintinnabule, sans scories, il n'y a besoin de rien toucher. C'est assez... Fabuleux. Comme ce premier titre qui vicieusement parvient à broder de la douceur sur un tapis de copeaux ferreux bien nets à la Gang of Four. Comme la tout aussi lugubre "Old Man Kensey", cette chanson-alcôve aux nuances sublimes, qui semble avoir mis au monde Nirvana à elle seule. Je suis amoureux de ces trois titres. La suite oscille entre le joli et le beau, tissée de fils fins et d'amertume, tout s'y brouille un peu comme dans la pochette de Murmur (l'éternel titilleur) : émotions en jachère, projections de lumière étranges. Et cette saveur un peu oxymore qui fait l'ADN de R.E.M., sorte de préciosité chochotte qui n'empêche pas leurs griffes de se planter profondément en nous. Un côté primesautier voire gnangnan de pop-rock universitaire mais qui garde en lui une douloureuse mélancolie, comme une envie de fugue impossible - sauf en rêve. Rêve extirpé des terres du Sud américain où geint l'inénarrable ado intello Stipe, taraudé par son imaginaire brûlant (comme cet autodafé en combustion spontanée de l'énigmatique pochette, en résonance avec "Life & How to live it"). On peut y entendre ces notes de Buck et Mills si cristallines qu'elles en sont irréelles, cette sensation de Neil Young power-pop ("Kohoutek") ou de Smiths qui font de la country au Pays de Cocagne... et plein d'autres choses aussi furtives que des étoiles filantes. R.E.M. tressaute, papillonne, bondit comme un cabri, oui : mais il y a en filigrane une détresse, même dans la seconde moitié plus légère de l'album. On traverse parcs et prairies en gambadant, mais jamais insouciant. On se sent déjà serré au cœur, un jour, pensant à ce qu'on aurait pu "faire de sa vie", comme s'en enquièrent certains membres de la famille avec cette inquiétude qui sent le reproche. Même si on s'est entouré d'échappatoires musicaux ou littéraires pour tenir, arrimé à ce monde intérieur en tableaux surréalistes... On le sentait bien dès l'enfance : la réalité a un arrière-goût empoisonné. Et ce paysage en fleurs est celui des regrets.

note       Publiée le mardi 21 janvier 2020

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    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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    Personne n'ose mettre 'cold wave' parce que c'est R.E.M., n'empêche que ça frise le mix entre 'Seventeen Seconds' et The Smiths mais version américaine. Génial !

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    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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    Tiens, ce serait pas con. Mais j'ai pas trouvé. Pas grave, j'ai commandé celui-ci et embarqué 'Automatic for the people'dans la foulée, pour 'Drive' notamment.

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    nicola Envoyez un message privé ànicola

    Avec un peu de bol, ça devrait se trouver en pochette cartonnée avec quatre ou cinq dixes d’un coup.
    J’ai trouvé comme ça la discographie d’Odeurs de Ramon Pipin (ou de Laurent Voulzy).

    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
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    Très bien, ces chroniques des premiers albums, je suis complètement passé à côté et je découvre grâce à Guts...Evidemment, après, ça coûte des sous...

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    allobroge Envoyez un message privé àallobroge

    Miam miam quelle délice cette chro car, tout comme le corbac, Fables est "mon" R.E.M. On n'est pas tout seul!

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