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Nick Cave and The Bad Seeds › Ghosteen

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Gros Bidon      vendredi 31 mars 2023 - 20:51
Cera      mardi 5 mai 2020 - 10:16
GuyLiguili      jeudi 20 février 2020 - 08:26
Alfred le Pingouin      mercredi 1 janvier 2020 - 15:16
Raven      mardi 31 décembre 2019 - 23:59
Chris      mercredi 14 juillet 2021 - 13:27
Dead26      dimanche 22 mars 2020 - 14:34
Shelleyan      mercredi 1 janvier 2020 - 18:48
Kissthecatconcept      mercredi 24 février 2021 - 10:03
Radwish      mercredi 20 mai 2020 - 22:53
Tallis      lundi 5 juillet 2021 - 09:35
Saïmone      mardi 11 août 2020 - 16:01
inarkham      lundi 6 janvier 2020 - 09:53

cd • 68:10 min

part 1 • 8 titres

  • 1Spinning Song
  • 2Bright Horses
  • 3Waiting For You
  • 4Night Raid
  • 5Sun Forest
  • 6Galleon Ship
  • 7Ghosteen Speaks
  • 8Leviathan

part 2 • 3 titres

  • 1Ghosteen
  • 2Fireflies
  • 3Hollywood

informations

line up

Martyn P. Casey (basse), Nick Cave (voix, piano, synthétiseur, chœurs), Warren Ellis (synthétiseur, loops, flûte, violon, piano, chœurs), Jim Sclavunos (vibraphone, percussion), Thomas Wydler (batterie), George Vjestica (guitare)

Musiciens additionnels : Nick Cooper (violoncelle), Mary Scully (contrebasse), Bruce White (alto,, Kaushlesh "Garry" Purohit (tabla)

chronique

Nick Cave est devenu un autre musicien après la mort de son fils. C'est pas beau à écrire, mais c'est certain, et dans le fond sans surprise : même s'il reste des points communs avec sa longue période "bourgeoisie pépère" passée, notamment cette fibre gospel, sa musique est plus chargée en émotion, et plus spirituelle qu'elle ne l'a jamais été. Et je ne dis pas ça que pour la pièce de résistance finale : tout Ghosteen est imprégné de cette lumière nouvelle, celle d'un au-delà imaginaire, mais pressenti. Cave fait désormais des chansons simples mais qui serrent fort la gorge, comme... Nico, ou Gérard Manset. Ou Neil Young ou Daniel Darc. De la chanson sobre, lente, mais brute de mystique. De la chanson qui vous désarme. Ghosteen est un album-concept fébrile (la séparation en deux disques d'une demi-heure chacun alors que tout tenait sur un seul reste un mystère), fragile comme son titre, ultra-rectiligne et ultra-répétitif, mais.... Hanté. Une musique lumineuse - avide de lumière serait plus juste - mais qui fout les glandes, même si - parce que ? - l'espoir d'un jour heureux y est gravé en filigrane. "It's a long way to find peace of mind, peace of mind". Bon nombre de ces morceaux sont comme des pièces tranquilles, baignées par les rayons matinaux. Une chambre qui ne sert plus à personne, et dans laquelle on ressasse les souvenirs en serrant des peluches, des cadres photos. Clichés ? Peut-être. Banale curiosité morbide ? Y en a eu autour. Mais mystique, surtout.

C'est la clé pour Skeleton Tree, et plus encore pour Ghosteen. Une chose dont Push the Skaï Away était bien avare en dehors de son morceau-titre. Mystique nouvelle qui a tranché la discographie de Nick Cave en deux périodes avec Skeleton Tree, et qui avec Ghosteen s'ouvre en faisceau magnifique, aux allures d'arc-enc-ciel. La voix de Papa Cave est omniprésente, sur la brèche, mais abondante de mélodies, délicatement éclairée par le son nouveau des Bad Seeds (enfin surtout signé Warren Ellis - jadis si irritant), un son tout à la fois classieux et discret (avec des mélodies de synthétiseurs parfois très Carpenter - bien sûr c'est un compliment), plein d'harmonies douces et de chœurs jouant aux anges, compagnons dociles de cette voix. Un côté très mielleux et même... Kitsch, comme sa pochette en tableau de conte animalier, mais qui souligne avec force les mantras de cette âme en peine. Ghosteen, pour aussi kitsch qu'il puisse paraître oui - de ses boucles évanescentes à ses hululements ou autres couinements cétacés - tremble de soul, de blues, de tristesse pure, de vérité, il imprègne en profondeur, et vous décoche au détour d'un gémissement pénible un bienveillant coup de poignard au cœur. "Everybody's losing someone". C'est un album qui m'a touché dès que je l'ai découvert, même si j'y ai d'abord vu une copie à rallonge de Skeleton Tree... J'ai mal cru. Et réalisé au fil des réécoutes à quel point Ghosteen en est une suite bouleversante. Mea Culpa. Il faut juste le laisser s'ouvrir, comme une fleur - puis chacune de ses berceuses hantera. Même si j'en confonds encore la moitié entre elles je pourrais à peu près toutes les citer : au moment de ses lignes se serait l'étrange et collante "Leviathan", entre chien et loup, à chaque moment ce serait "Bright Horses" ou le final, au bord du sanglot... Des fois ce serait "Sun Forest", la chanson qui vous place presque dans cette pochette - les animaux du Jardin d'Eden se réunissent pour accueillir le nouveau venu, un petit agneau, peut-être Ghosteen. Ghosteen l'esprit, qui se tient derrière le père, qui lui parle. Si on a plusieurs fois l'impression d'entendre un passage déjà croisé, au fil de ce long ressac faussement doucereux, ce n'est pas le fruit du hasard, Cave ayant construit la chose comme une sorte de mausolée, dans lequel ses paroles ricochent contre les parois, entre fragments de souvenirs et pensées ressassées, sans autre réponse que celle de ces voix amies qui l'aident à tenir debout.

Ghosteen se révèle taillé pour le long terme - une vie - malgré des morceaux parfois erratiques, presque impuissants, avec cette âme en peine semblant tour à tour conduire ou subir. Ces mélodies enfantines, exactement de celles dont les parents usent en chantant pour endormir leurs enfants... Ces chœurs qui n'en finissent pas de geindre mollement... Et cette ambiance, familière comme un vieux film féérique dont on ne remet plus le nom. Quant à la proverbiale lumière au bout du tunnel ? Ce n'est peut-être qu'elle, au final, qui illumine toute cette musique, comme une promesse incertaine. On la caresse, cette lumière, on la cajole, longuement, on l'étire tant qu'on peut en couverture, et on espère que ça ira mieux ; mais rien n'est moins sûr. Il faut achever : Cave se dépiaute dans un falsetto douloureux sur "Hollywood", comme il l'avait déjà fait sur "I Need You". Alors tandis qu'il reprend la ligne la plus émouvante de l'intro "Spinning Song", on entend éclore comme un nouveau Cave, qu'on avait jamais entendu, comme une mue de sa vieille voix de prêcheur sévère, laissant place à un petit poussin incertain de Nick Cave, si pur, si fragile qu'il semble sur le point de rompre à chaque trémolo. Pas facile. Il y a quelque chose qui émane de cet album, pour tout vous dire, quelque chose de puissant. Quelque chose qui ne se retranscrit pas dans une chronique.

note       Publiée le mardi 31 décembre 2019

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Note moyenne        13 votes

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Gros Bidon Envoyez un message privé àGros Bidon

Si beau, si triste. Une étoile scintille dans le ciel noir de ce très bel album : Galleon Ship. Merci Nick.

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Charisman Envoyez un message privé àCharisman

Belle chronique. Encore un album qui met du temps à s'apprivoiser, je le ressens aussi comme la suite sublimée de Skeleton Tree et dur de se remettre d'Hollwood.

Kissthecatconcept Envoyez un message privé àKissthecatconcept

Je sui tiraillé entre le beau et le chiant.

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saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
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J'avais beaucoup aimé l'ostentation du pathos du précédent, dans ce mouvement contraire de la retenue et de l'extraversion. Là c'est collant à souhait, tonton Nick est gâteux as fuck, Ellis c'est le cancer i swear. La pochette de l'album est à 100% cohérente

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Radwish Envoyez un message privé àRadwish

Un mauvais album de Nick ? Ça n'existe pas et celui-ci est bon mais... …C’est quand même bien long très mou et incroyablement triste. Certainement, cette musique prend tout son sens lorsque l’on vit un deuil aussi terrible. Mais pourquoi s’imposer cela si non ?

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