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Danny Brown › Atrocity Exhibition

  • 2016 • Warp WARPCD276D • 1 CD

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Rendez-Moi2      mardi 10 décembre 2019 - 10:39
nowyouknow      samedi 11 avril 2020 - 16:07
Raven      mercredi 11 décembre 2019 - 16:04
E. Jumbo      mercredi 11 décembre 2019 - 16:00
EyeLovya      mardi 10 décembre 2019 - 23:09
Radwish      mercredi 20 mai 2020 - 23:09
Cera      samedi 11 avril 2020 - 15:13
Seijitsu      lundi 9 décembre 2019 - 12:35

cd • 15 titres • 46:38 min

  • 1Downward Spiral
  • 2Tell Me What I Don't Know
  • 3Rolling Stone
  • 4Really Doe
  • 5Lost
  • 6Ain't It Funny
  • 7Goldust
  • 8White Lines
  • 9Pneumonia
  • 10Dance In The Water
  • 11From The Ground
  • 12When It Rain
  • 13Today
  • 14Get Hi
  • 15Hell For It

informations

line up

Danny Brown (MC), Paul White (production)

Musiciens additionnels : The Alchemist (production), B-Real (MC), Black Milk (production), Earl Sweatshirt (MC), Kelela (chant sur "From The Ground"), Petite Noir (chant sur "Rolling Stone", production), Kendrick Lamar (MC), Ab-Soul (MC), Playa Haze (production), Evian Christ (production)

chronique

Titre ouvertement repris à un obscur groupe simili-fasciste de la fin des années 70, samples garantis "sombre et expérimental", signature sur Warp, clip officiel réalisé par - et avec - Gus Van Sant (très réussi d'ailleurs, et dans l'esprit de ce court-métrage culte "Too Many Cooks", pour ceux qui étaient tombés dans cette zone parallèle de Youtube à l'époque)... Autant de signes en direction de toute une frange plus "wimp" que "pimp" du public rap, qui s'est ruée sur cette espèce de gris-gris criard venu de Detroit comme autour du monolithe de 2001... Il n'en fallait pas plus à ce disque pour bénéficier sur le net d'une réputation de chef d'œuvre du rap alternatif, comparable à celle de My Beautiful Dark Twisted Fantasy.

Mais le toxico Danny a beaucoup plus d'histoires à raconter que l'ennuyeux designer Kanye, c'est évident. Son flow est ici peut-être encore plus agaçant - même s'il se réserve du phrasé posé pour dé-saturer - avec cette voix d'homme rapetissé et ce débit qui rappelle plus que jamais les gugusses verts de Mars Attacks. Il ne la joue pas arty-farty de façon stérile ou absconse comme l'autre glandu, sous son éternel gimmick "youpi la drogue !" et sa freakerie épuisante ; il parle de sa vie, du point de vue de sa truffe cramée aux têtes de JetFuel. Le mec est assez déconnecté, réellement, ironiquement, et il a pas trop l'air de s'aimer, en fait. Mais il est rigolo - enfin, c'est un point sur lequel lui et ses fans insistent, même si je reste assez sceptique avec ce comique supposé, et ressens surtout un truc angoissant façon délire-cage, une cage dont on ne sort pas.

Depuis XXX du syrup a coulé sous les ponts, et Atrocity Exhibition nous donne un Danny en état de solidification morbide, à travers un quadrillage de beats aussi sophistiqués que vaudous. L'aspect créatif ou avant-gardiste est purement spéculatif et pas du tout central dans sa musique, qui fonctionne ici très souvent par boucles abrutissantes/irritantes : ce qui est central dans Atrocity Exhibition, plus que l'art ou le rire, c'est bien le malaise, oui, le malaise plus que jamais prégnant d'un rappeur déjà "vieux", dixit son précédent disque. Un MC qui ressasse ses excès dans un cauchemar cartoonesque et caméléon, comme englué dans ses litanies, auto-corrodé par son flow... Le clip cité en intro de cette chro est emblématique de ce malaise, entretenu avec plus de masochisme que de narcissisme : Danny se fait attaquer, et les gens rigolent ; mais Danny souffre. Les gens le prennent pour un mec cool, mais il est pas si cool que ça, le Danny. La dysfonction érectile est un thème préféré au braggadocio mythomane, par exemple, et sans trop caricaturer on sait combien les rappeurs tiennent à la réputation de leur outil. Quoi queue l'en soit, le triplé d'entrée de ce disque pénètre direct le ciboulot pour plus en ressortir. J'ai un rapport amour-haine immuable avec la suite de la tracklist, mais ces trois premiers morceaux restent ancrés dans ma caboche. Pure entame, ouais, ambiance de ouf gredin. Fluide alien et odeur de bayou certifiée "Cypress Hill chez True Detective" direct dès "Downward Spiral", transcendance en flow calme sur le magistral "Tell me what I don't know", puis climax émotionnel sur "Rolling Stone" qui se situe dans une zone trouble et cérébro-adhésive quelque part entre Tricky, Pere Ubu et Depeche Mode. En eaux troubles. Ce début d'album promet un crescendo tragique... qui ne viendra jamais.

Danny baisse toujours en intensité sur la "face B", et ici il semble davantage saborder sciemment, laisser sa voix d'anséiforme maniaque tournoyer comme toupie sur ces instrus trafiquées-niquées, jusqu'à l'écœurement. "Really Doe" est obsédant mais il ne va nulle part, berceuse matraqueuse sans but dans la nuit noire... même chose avec cette bifurcation sur le très Wu et stérile "Lost" : Danny torture les espoirs de l'auditeur dans des circonvolutions schizoïdes ou bouffonnes (tel ce "Dance in the water" aux accents tribaux), en se recroquevillant sans cesse sur ses angoisses et sa propension à la "déconnade de survie" (comme un King Ju), au gré des textures empilées sur les beats abstract-débilitants, asphyxié par des clochettes, bousillé dans des motifs d'arlequin ou de mire TV aux couleurs de cette pochette, comme sur cette "Pneumonia" sans issue, qui semble vouée à clignoter dans le vide intersidéral. Atrocity Exhibition est un album exigeant, à la fois gadget et profond, comme ce "From the ground" où une nana lambda-r'n'b joue au chat et à la souris avec un ronflement inquiétant, à travers des gouttelettes cristallines de synthétiseur.

Un album qui semble sans cesse se déliter, s'effriter, et puis se reconstituer par magie une fois qu'on le pense mort éteint. Ses boucles à la fois basiques et complexes, semblant tour à tour bricolées à l'arrache par des plombiers aliens ou confectionnées par des scientifiques pointus, sont en réalité des pièges retors, capables de saouler comme d'obséder selon l'angle, l'heure, et surtout la distance du signal audio : écouté en fond, c'est le genre de disque qui peut être vraiment insupportable. Écouté de près, le genre absorbant, obsédant, voire parasite. Surtout chez ceux qui ont un rapport déraisonnable avec la nuit.

note       Publiée le lundi 9 décembre 2019

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    Rendez-Moi2 Envoyez un message privé àRendez-Moi2

    La comparaison avec B-Real, rien à voir, ils ont tous les deux des voix aigües sinon rien.

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    Radwish Envoyez un message privé àRadwish

    Cette note ne tiens pas compte des paroles que je n'ai pas pris le temps d'explorer, cela étant dit: Je n’ai jamais capté cette vénération pour Brown et son Atrocity Exhibition, uknowmachinbidule est meilleur mais loin d’être à la hauteur des critiques élogieuses que vous pourrez lire à droites ou à gauche. Les loops et le beats sont franchement basiques et en mode expérimentale à l’ancienne (année 90). Le flow étant pompé sur B-real, vous obtiendrez du Cypress Hill dans les meilleurs des cas (Theme song, Dirty Laundry) et truc vite oublié pour le reste.

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    nowyouknow Envoyez un message privé ànowyouknow

    L'ai trouvé meilleur que XXX car plus condensé et mieux produit.

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    Cera Envoyez un message privé àCera

    sympa, mais fatiguant. Ses excentricités font forcées sur celui ci. Je reviens plus souvent sur son XXX.

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    E. Jumbo Envoyez un message privé àE. Jumbo

    D'accord sur la perte d'intensité dans la progression de l'album, c'est d'ailleurs ce qui m'a longtemps gêné pour le dompter, mais j'ai fini par y arriver. C'est quand même super cool d'avoir un tel ovni dans le paysage rap moderne, un genre de Cypress Hill vs The X-Files.

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