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Black Strobe › Godforsaken Roads
- 2014 • Blackstrobe Records BSR-016 CD • 1 CD digipack
cd • 13 titres • 55:11 min
- 1Broken Phone Blues4:34
- 2Monkey Glands3:34
- 3He Keeps On Calling Me4:04
- 4Blues Fight6:38
- 5For Those Who Came on Earth Thru the Devil's Asshole5:09
- 6Folsom Prison Blues3:33 [reprise de Johnny Cash]
- 7Swamp Fever3:19
- 8House of Good Lovin'3:17
- 9Dumped Boogie4:24
- 10From the Gutter4:30
- 11Going Back Home4:01
- 12Boogie in Zero Gravity3:29
- 13Promised Moon4:40
informations
Produit par Arnaud Rebotini
line up
Arnaud Rebotini (chant, claviers), Benjamin Beaulieu (basse, claviers, percussions), Mathys Dubois (batterie, percussions), Mathieu Zub (guitare)
chronique
Quelle drôle d’évolution musicale que ce projet nommé Black Strobe. D’abord duo de DJ et producteurs electroclash officiant au club lesbien Le Pulp, produisant dans les années deux-mille une foulée de remix qui tabassent plus fort qu’un flic lâchés sur un manifestant, Arnaud Rebotini se retrouve ensuite seul aux manettes et mâtine cette electro dark de black metal, dont il est friand et connaisseur, et de…. blues. Dont il est également grand connaisseur. Sa fameuse reprise cuir-moustache du « I’m a Man » de Bo Diddley finira dans multiples films et séries américaines. Grand admirateur du Depeche Mode de « Personal Jesus », c’est dans cette direction que Rebotini pousse la machine Black Strobe. Annoncé par une poignée de singles dont le fabuleux « Boogie in Zero Gravity », mix improbable entre une techno discoïde et le blues-rock de Johnny « Guitar » Watson qui finira sur une radio de GTA V, si c’est pas la gloire ça, le nouvel album est une déclaration d’amour de Rebotini pour toute la musique qu’il aime, celle qui vient de là. Du Sud. Du Blues. Du beulouze, en français dans le texte. Car les mauvaises langues iront jusqu’à l’accuser de Schmollisme. Oui, d’accord, y a un peu de ça dans la naïveté du frenchy qui fantasme une Amérique qui lui reste malgré tout terre étrangère. On parle du Sud, car pour le reste, Detroit, Chicago, Rebotini n’a rien à envier à aucun vieux maitre. Mais ici, le colosse Arnaud, mega-classe en costard ajusté dans la nef, se rêve en prêcheur impie à la Dave Gahan. Il a le coffre, peut-être moins la voix, pas du tout l’accent. Son livre de prière, son « Good Book », comme on appelle là-bas la Bible, est plus un livre d’images, encore une fois, comme on l’imagine vu de notre côté de l’Atlantique à force d’écouter des vinyles, de regarder des vieux polars dans le bayou. Comme l’avait fait Bertrand Tavernier entrainant Tommy lee Jones dans ces marigots de Louisiane, Rebotini se risque dans ce Sud auquel il a toujours rêvé, à la poursuite de la musique des enfants du Diable. Parfois avec une littéralité qui fonctionne, voir ce très beau « He Keeps on Calling Me » où il pousse sa complainte, ne réchappant pas de l’appel du Malin, dans un blues atmosphérique subtilement coloré par l’électronique. Quelques morceaux s’enquillent parfaitement dans la lignée des singles, du techno-blues bien chargé en moonshine de « Broken Phone Blues » au discoïde planant de « Going Back Home », riffs boogie et synthés de techno de Detroit classique, petite pépite du genre. Ailleurs, Black Strobe s’essaie à un rock sudiste plus direct sans se déshonorer, « Swamp Fever » qui porte bien son nom, mais envoie aussi une pattée un peu plus pataude quand la sauce ne prend pas. Trop pâteux, trop rentre-dedans. Et Dieu sait qu'on ne peux pas entrer dans l’église du blues comme dans un moulin, à moins de passer en touriste. Pas de techno-boogie-woogie sans faire sa prière du soir, et correctement encore. Mais Rebotini fait aussi des choix particulièrement audacieux à l’image de la surprenante reprise de l’immortelle « Folsom Prison Blues » de Johnny Cash, complètement prise à contre-pied, où seules quelques nappes et arpèges de synthés accompagnent le chant appliqué du grand bonhomme. Oubliée la rythmique tchaka-poum tchaka-poum des Tennessee Two, c’est la mélancolie du texte qui alors est soulignée par le fond d’ambient techno. Sur « From the Gutter », c’est avec le fantôme de New Order que Rebotini fait un bout de chemin sur les trottoirs, faisant résonner sa voix profonde qu'il camoufle sur « Promised Moon » dans des brumes de vocoders, apportant une touche un peu electro-house, presque pop, à ce petit bijou. Que dire des étranges claviers kosmische qui envoient dans les nébuleuses le très sombre « Blues Fight » ? Black Strobe, finalement, reste une sorte de laboratoire qui permet à Arnaud Rebotini d’explorer les différentes facettes de ce qui l’ont constitué comme musicien. Quant au chapitre suivant, qui sait ? De la musique concrete ? De la house ? De la musique contemporaine ? Qui sait, qui sait… Dieu seul le sait. Ou le Diable, peut-être bien…
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- born to gulo › Envoyez un message privé àborn to gulo
Tu as le droit de ne pas aimer l'electro-pop. Le droit et le tort.
- Note donnée au disque :
- Klarinetthor › Envoyez un message privé àKlarinetthor
j'ai le droit de trouver sa vision du bayou insipide? L'electropop c'est vraiment pas pour moi
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Oui, là-dessus on est d'accord. (Avec plein d'allers-retours marrants dans les influences réciproques sur le tour que prennent les bidules, comme on disait y'a peu).
- born to gulo › Envoyez un message privé àborn to gulo
Je parlais de l'universalité du mythe des States, telle que des Anglo-saxons n'y sont pas immunisés.
- Note donnée au disque :
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Jojo Guitar... Ouais, y'aurait moyen. (En plus il est déjà "featuré" ici via Zappa, tiens). A Real Mother for Us. (Ah ben... Tiens bis).