dimanche 28 février 2021 | 215 visiteurs (dont 2 membres) connectés en ce moment
Vous êtes ici › Les groupes / artistes › T › Henry Threadgill › Carry the day
The Power Station, New York City, USA, 1994
Mossa Bildner (chant), Tony Cedras (accordéon), Jason Hwang (violon), Gene Lake (batterie), Gene Lake (batterie), Masujaa (guitare), Edwin Rodriguez (tuba), Marcus Rojas (tuba), Brandon Ross (guitare), Brandon Ross (guitare), Johnny Rudas (percussions, chant), Mark Taylor (corniste) (cor anglais), Henry Threadgill (saxophone alto, flûte), Wu Man (pipa), Miguel Urbina (percussions, chant), Sentienla Toy (chant)
Voici le temps des retrouvailles et l'annonce d'un vent nouveau. Laswell va signer de sa plume la production des trois albums qu'Henry Threadgill va commettre, à la stupeur générale, en passant à l'ennemi, chez l'ogre Columbia. Mais point de concessions à l'horizon ! C'est ça qui est tout bonnement extraordinaire ; la régularité et l'assiduité avec laquelle Columbia donne carte blanche à des artistes radicalement anti-consensuels dans l'espoir de jouir du crédit artistique qui fait tant défaut à cette firme qui autrefois avait une âme. Ce premier volet, "Carry the Day", est un petit bijou. On est loin du jazz, loin du rock, loin des musiques du monde. Mais chacun de ces éléments sont terriblement présents. On se retrouve un peu comme dans la peau du scientifique qui, après avoir essayé sa machine à téléportation moléculaire, se rend compte que ses propres gênes ont été mélangées à celle d'une mouche qui se serait introduite dans la capsule lors de l'opération. La mutation est totale et irréversible. Elle donnera naissance à une créature unique, hybride, dotée des capacités propres à chaque élément ayant servi à la constitution de ce nouvel être sans nom. Horrible histoire ? Pas tellement. Regardez plutôt cette pochette. Moi, elle me parle. Elle traduit très bien, je trouve, le sentiment que véhicule le disque. Sous ses apparences anodines, il y a quelque chose de trouble et de malsain dans la musique d'Henry Threadgill. Le regard d'un enfant occulté par des objets à l'avant plan ? Non, pas vraiment. C'est que le gosse est dépourvu de rétine. L'étrange, le bizarre s'infiltre donc sournoisement dans notre quotidien. Comme les dissonances et les abstractions trop riches pour êtres contées font basculer les fausses salsa que sont "Carry the Day" ou "Vivjanrondirkski" dans un rapport terriblement pervers et déroutant, où le groupe à dix têtes s'emballe et s'emporte dans la mise en place d'atmosphères toujours aussi théâtrales et dramatiques. Charles Mingus nous racontait à travers ses compositions des histoires sordides. Henry Threadgill en fait de même. De manière sans doute encore plus énigmatique et inquiétante. Ne faites pas comme tous les chacals qui attendent que l'artiste passe l'arme à gauche pour lui reconnaître du talent. Du talent, Henry Threadgill n'en manque pas. Goûtez-y. Maintenant.
note Publiée le mercredi 14 août 2002
Vous devez être connecté pour ajouter un tag sur "Carry the day".
Note moyenne 5 votes
Vous devez être membre pour ajouter une note sur "Carry the day".
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire sur "Carry the day".