Je n’étais pas spécialement fan de Frigo, je le suis nettement plus de You, Vicious! Rien à voir avec un pack de canettes à mettre au frais, nous parlons de musique. Le lien réside dans le fait que ce nouveau projet soit celui de deux ex-Frigo justement, deux mecs qui aiment croiser électricité et électronique, les mélodies et l’expérimentation. On lève un sourcil en croyant reconnaître une intro de Fatboy Slim sur le premier titre mais l’équivoque est levée rapidement, c’est bien à du rock qu’on a affaire mais plus complexe que ce que l’étiquette pourrait suggérer car You, Vicious! un peu à l’image de leur nom aime à brouiller, mêler, tenter…Faire danser, développer des mélodies, y glisser une touche d’expérimentation, avec un chant plaintif juste ce qu’il faut, émotionnel, capable même de hurler lorsqu’il le faut (‘Control freak’). Je songe volontiers aux Américains de The Faint pour cette capacité à sonner très moderne, à évoquer d’anciens fantômes tout en évitant soigneusement de marcher dans leur ombre mais le duo va plus loin en osant s’aventurer vers des contrées plus hypnotiques pouvant rappeler de loin quelques essais de Archive (‘Puzzle in me’), ce qui diversifie l’album sans en trahir l’identité. Une identité qui s’agite comme des bulles dans un ballon de baudruche tant les musiciens apprécient les cassures, ajouter un accord tranché alors même qu’on se laissait aller dans une forme de mélancolie hypnotique (‘Trapped in mind’), instaurer une tension, la calmer, la laisser éclater, tout ça avec un soin méticuleux dans les détails de la production. Difficile de définir précisément cette musique dans laquelle chaque morceau évoque lui-même une palette riche d’ambiances et d’influences; une chose est sûr, c’est cohérent et plutôt excitant au final. Un disque à la pochette géniale, trompeur et charmeur à la fois, sombre et énergique, tapi et exubérant. 4,5/6