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Léonore Boulanger › Practice Chanter
vinyle/cd/k7 • 16 titres • 42:57 min
- 1Le nouveau3:09
- 2La transe de son prochain3:09
- 3Bruyant qu’Brillant2:13
- 4Demain machine1:31
- 5Poème Poème Teltruc sa puissance3:43
- 6Shakespeare le constata0:37
- 7L’eau dans l’eau1:54
- 8Chant tomodachi1:31
- 9Premier Orchestre3:08
- 10Rouler sa tête La montagne7:00
- 11Tout ce siècle qui reste3:17
- 12Gush bédé baba2:05
- 13Joyeux ménéstrier Joyeux2:09
- 14Ohne dich kann ich nicht sprechen1:54
- 15Les voyelles jouent longtemps4:24
- 16Une mire pour le nouveau1:05
extraits vidéo
informations
Arrangements, montage & mix : Jean-Daniel Botta, Bourgogne, de novembre 2016 à août 2018. Mastering : Julien Grandjean, Genève, 2019. Production : Aurélien Merle, Le Saule.
Dessin : « La Boîte », Claire Morel. Photo : Jean-Daniel Botta.
line up
Jean-Daniel Botta (chant, guitare, contrebasse, piano, boîte à musique, casio SA-46, balafon, trompette, practice chanter), Léonore Boulanger (chant, harmonium, toy piano, casio SA-46, guimbarde, mégaphone, machine à écrire), Laurent Sériès (percussions, toy piano, flûte chinoise hulusi, toy box)
Musiciens additionnels : Loup Uberto (n’goni, basse, clarinette, radio, flûte / 2, 6, 8), Valiha Sériès (voix / 2, 9, 10, 15), Olivier Bogé (saxophone alto / 11), Gabriel Bristoh (trompette / 15), Alain Caron (voix / 10)
chronique
En ce moment je lis Pennequin. (Charles). Et puis j’attaque Azam, aussi. (Edith). Du texte qui fait du bruit. Du son. Du vacarme. VACARME. VARKRAARM ! Comme elle dit. (Edith). (En variant les graphies, les inversions). Du VRAKRARM qui CRRRAAAK – la tête ! De la mmmu-zzzi-keu, ça fait, tout ça, elle dit, ce BOUKKAN. (Ed). (…). Et lui (Charles) ? Diminue le nombre de signes ponctuants, multiplie les occurrences, répète, les fait cisailler, aussi – le texte, la poésie. L’écrit. La voix. Balance que l’écriture/la langue/le texte, quand ça n’est pas comme ça brutement pris – et travaillé dans les profondeurs de la forme : ça devient de la thèse, tout ce reste, ça vous prend de haut. (Tout ce siècle qui reste…).
Quant à Léonore ? (Boulanger). Avec Jean-Daniel (Botta) et Laurent (Sériès) ? Et les invités, les qui-passent-et-sont-amis ? – Loup (Ubertro, de Bégayer entre autres… encore des histoires de troubles de l’articulation – dysphonie dissonances r-r-r-répétitions, tiens), et ceux que je ne connais pas ? (Valiha – alors, nommée d’après l’instrument, en malgache ? Olivier Gabriel Alain). Eh bien… Eux aussi font des chansons chantournées sous tous les angles – et à la fois. Saisissent des bouts d’idiomes – dire en allemand « je ne parle pas allemand ». (C’est une impro, ça, me disait-elle). (Léonore). Du live. On se demande d’abord – avant d’être tellement pris qu’on s’en demande d’autres, dans le pratique-chanté – ce qui peut découler d’un travail en studio, là-dedans, ce qui est joué-empilé tel quel ou rajouté en couches, après, sur bandes. Quelles discontinuités sont jouées au montage, lesquelles dans le flux, les micros ouverts et REC/=>…=>/STOP. Les ayant vus déjà sur scène, on est saisi par l’éventualité forte – un peu vertigineuse – que tout est peut-être bien joué dans cet ordre-là, ou presque, trafiqué à même le temps que ça leur a pris. Et de l’apprendre ?
Ah… Voilà : Practice Chanter, plus encore que le précédent, de Léonore Boulanger (et cie.) – le déjà bien déroutant et assez fantastique Feigen Feigen – trouve des moyens pour l’impossible, construit serré, dense, en ne corsetant jamais. Bouffe du matériau – chant traditionnel japonais (ou… le tomodachi, serait-ce encore un jouet ?) ou béarnais (rouler sa tête…) ; du Gertrude Stein ; des noms de métiers anciens (et joyeux joyeux – ce qui fait qu’à nouveau, non-éteints). Toujours pas – de moins en moins – de genre qu’on puisse poser, sur le disque, la musique. (zzzzi-keu !). Ça repose, dans un sens – alors que les chansons, les compositions, l’ensemble qu’ils machinent, nous trimbalent, plutôt, nous rebondissent, font des trous d’air (familier ou pas, l’air, ça dépend). J’ai cessé pour ma part de chercher ce que ça citerait – parce que ça ne cite pas, encore une fois : ça joue. De tout – du jeune Webern ou de Berg, de Schönberg peut-être bien, disais-ailleurs, (… « la montagne », encore), chambriste et atonal. Peut-être pas, au fond, et c’est d’ailleurs sans importance – ça m’a aidé à m’y attraper d’abord pour en causer un peu. (Et c’est tout). L’extraordinaire, donc, ici, ce n’est pas ce que ça pourrait bien fusionner, reprendre. C’est le flux, disais-je. Et les cassures même qui font que ça s’écoule – sans endormir mais curieusement, sans agresser, sans sonner chaos, imitation de celui-là.
L’extraordinaire, c’est la densité, la consistance – et la latitude qu’elle, qu’ils se laissent sans que ça… Plante. C’est proche de la parole, oui, toujours, de la langue – et de leurs vides nécessaires, des accidents qui font que ça s’emboîte en disant des trucs pas prévus. En faisant, surtout – pensé mais pas arrêté là. C’est articulé – vernaculaire et véhiculaire, mais pas du tout « communiqué » (comme on dit d’un document – ça ne délivre jamais guère que des sentences ou des instructions, ça). Ça prend le nom d’un instrument aussi – le practice chanter est une sorte d’anche prolongée d’un tuyau, de sifflet qu’on utilise pour apprendre la cornemuse. (Praquetisse Chanté ? Praktis T’chen’teur ?). Ça n’a rien d’un bête exercice – mais ça exerce, pourtant, ça change le sens des ondes qui nous roulent et tremblent autour, des pièces où l’on écoute ce qui rôde, si ça rôde. Si c’est savant, c’est que ça trouve en cherchant (PAN ! Tu l’avais pas vu venir, hein, celle-là, Picasso !!), l’angle, une fois de plus, les, comment suivre l’axe ou l’inverse et que ça revienne au même – où l’on voulait en venir sans que ça se pose en lieu sûr. Il n’y a pas de lieu sûr – ou alors c’est fini !
Et pourtant, là, je m’y sens bien. Y’a du sol, du ciel, du plafond – des murs mais des fenêtres, des percées et des détours, du détourés, des matières qui ne se bloquent pas en à-plats. Ça débloque ? Oh… Allez, ça embrasse ça, l’allure du dérapage, disons. Ça m’a rendu bavard encore. C’est que ça m’en dit plus qu’un discours, que tous ceux-là – cette incompréhensible et très discernable évidence glossolalique.
note Publiée le mercredi 18 septembre 2019
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- Cinabre › Envoyez un message privé àCinabre
Ouch... elle fait mal, celle-là.
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- Tallis › Envoyez un message privé àTallis
Ah oui, je me souviens aussi de la discussion. Non, le problème d'Albert Marcoeur c'est qu'il ne sait pas chanter (ce qui n'est certes pas le cas de Léonore !). Le truc bien, par contre, c'est qu'il s'en fout complètement...
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
PS : Marrant d'ailleurs tiens, je me rappelais qu'on avait eu avec un autre membre du site une discussion sur "la voix alors, elle gâche tout ou pas ?" à propos de l'Album à Colorier de Marcœur, précisément, y'a pas si longtemps. (Bon, ledit membre c'était le côté délibérément négligé du chant qui le dérange(ait), en l'espèce... Ce qu'on ne peut certes pas reprocher à Léo B., je pense - qu'on trouve ou pas sa voix légère, le détachement dont je causais ne s'y manifeste en tout cas pas par un performance à l'arrache).
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Je crois que je vois ce que tu veux dire, sans l'entendre comme toi... Pour moi une voix déclamée ou simplement plus rentre-dedans, ici, aurait peut-être du mal à trouver sa place dans la musique, déjà très dense en effet. Enfin... Ça donnerait en tout cas tout autre chose, mais le choix qu'elle a/qu'ils ont fait d'un truc effectivement plus "littéraire" à priori ne me gêne pas, ne me frustre pas d'autre chose que j'aimerais y entendre. ("A priori" parce que bon, le "littéraire" là-dedans se dépasse lui-même, je trouve, le sens et le rythme - le texte et la voix sont vraiment travaillés sur ce plan - finissent par se confondre, se déjouer, faire autre chose ensemble que simplement "de la poésie au sens littérature"...). Ça aurait pu être une autre voix, oui - mais celle là me va, quoi. (Je me rappelle au concert de sortie de Feigen Feigen avoir pensé davantage Albert Marcœur que Colette Magny ou autres... Je le lui avait dit, d'ailleurs, après - et sans rejeter le rapprochement, elle m'avait répondu que pour elle leur travail à chacun.e était assez différent de celui de l'autre. Mais bon, je continue à trouver au moins ce point commun : le choix du détachement vocal apparent , donc. Je peux comprendre qu'on trouve comme tu dis, que comme ça, ça ne "fait pas corps" mais décidément, pour moi ça n'en fait pas du tout un truc greffé sur la musique et qui jurerait dedans).
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- Tallis › Envoyez un message privé àTallis
Disons que le résultat me paraît trop littéraire, justement par manque d'engagement dans le chant : la musique est très organique mais la voix ne fait pas corps avec. Du coup je reste spectateur à défaut d'être emporté...
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