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Dead Can Dance › Dionysus

  • 2018 • Pias PIASR440CDX • 1 CD digipack

cd • 9 titres • 36:10 min

  • 1Act I
  • 2- Sea Borne
  • 3- Liberator of Minds
  • 4- Dance of the Bacchantes
  • 5Act II
  • 6- The Mountain
  • 7- The Invocation
  • 8- The Forest
  • 9- Psychopomp

informations

chronique

Avec l'embourgeoisement vient parfois cette passion esthétique un peu crétine pour ce qu'on nomme abusivement Tiers-monde. Comme ces envies d'accrocher des masques zoulous aux murs chez soi, à l'image de certains "philosophes de gauche" sur-médiatisés... Que s'est-il passé, chère Lisa, cher Brendan ? Avez-vous fini par ouvrir un spa ? "Hammam des Senteurs" ? Bruits d'eau relaxants, tam-tam, trames logicielles... voix mystérieuses de prêtresses des bords du Nil... absence totale de magie. Certes, il n'est point de surprise, vous aimez l'exotisme depuis un bout de temps. Depuis vos débuts, même. Mais jadis, votre créature visait les cieux, inspirait des visions élégiaques. Une entité ambitieuse, pourquoi pas prétentieuse - quand on a créé "Xavier", on a ce droit - mais d'abord fabuleuse, qui plaçait sa musique à la hauteur de ses désirs de grandiose, et résonnait comme le plus impérieux des appels. Cette entité fabuleuse, la voici déchue dans le produit cosmétique et les larmes de mon chagrin incoercible. Devant la babiole new age qu'est cet "album", déroulant platement une musique certes riche d'instruments et de sonorités puisées aux quatre coins de l'antique Méditerranée (et un peu ailleurs, cf. brochure touristique fournie), mais une musique superficielle et ornementale. Truffée de détails finement ciselés et d'instruments tribaux certifiés "pure origine"... mais complètement triviale. En un mot : Lounge. Dead Can Dance ont depuis le tout début puisé leur inspiration dans les musiques ethniques, peut-être leur naissance sur les terres aborigènes, mais leur approche était bien plus profonde et fertile dans leur période gothique. Sur leur tout premier album en 1984, déjà, fascinés par la musique de l'Ancien et du Nouveau Monde, ils nous emmenaient en canoë à travers la jungle dès l'introduction... Cette musique de tribu était pourtant mimée par des punks rêveurs, non pas platement reproduite. Les fautes de goût se sont multipliées au fur et à mesure que DCD étaient pris d'envies de voyages de plus en plus envahissantes. La conclusion caméléone Spiritchaser, sous le signe de l'ouverture au monde sans complexe, avait montré les dernières limites de leur nouvelle formule. La séparation était logique après cet album-amulette : Dead Can Dance avaient déjà tout dit au milieu des années 90, en vérité. Alors, on se demande bien à quoi cette reformation des années 2010 a pu servir, hors raisons lucratives. Anastasis était un gadget, n'amenant rien après Spiritchaser, ni mieux ni pire. Mais Dionysus est encore plus indigent. Et terriblement tiédasse, sous les couleurs criardes de sa pochette. Sa soif d'Orient se limite à un triste dépliant d'agence de voyages. Elle ne provoque aucune émotion, sinon celle de se faire un thé à la menthe sous une guitoune. À peu près tout ce qu'on entend ici pourrait servir de bande-son à n'importe quelle scène de film hollywoodien montrant des nomades dans le désert vus du ciel (et me donne envie de réécouter l'album de Lisa avec Hans Zimmer, pour Gladiator - plus subtil et raffiné). Sauf fascination prononcée pour les "musiques du monde" façon "Cinquante nuances de voix de bédouins au crépuscule", donner son temps à ce disque sera rigoureusement proscrit chez toute personne ayant un minimum de considération pour Lisa et Brendan. N'oublions jamais ce qui fut la grande force de Dead Can Dance : L'Émotion. Dionysus, préférant la mettre entre parenthèses au profit d'une espèce de soupe moyen-orientale instantanée, mérite donc notre plus ferme désapprobation.

note       Publiée le samedi 7 septembre 2019

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Note moyenne        21 votes

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Sartoris Envoyez un message privé àSartoris

Il a un côté un peu trop homogène à mon goût, qui rend l'écoute un peu superficielle. Mais ce n'est pas de la lounge world music. Il y a un travail de fond sur la composition des sons et timbres de part le monde. C'est sans doute très érudit au niveau musicologique et diversité non-occidentalo-centrée (faut bien inventer des mots quand on parle de DCD, non ?). Je rapproche l'idée de cet album du "Paysages planétaires" de Henry Pousseur et Michel Butor, d'assemblage de paysages sonores de toutes les parties du monde, dans un style musique concrète / field recording évidemment.

Par ailleurs, je viens de terminer le livre "Dead Can Dance and Parallel Adventures" de Peter Ulrich, le premier batteur/percussionniste de DCD, livre écrit après la première vague COVID, donc plutôt récent. Il y rapporte entre autre une discussion avec Glen Johnson, la tête pensante de Piano Magic, qui dit que si Lisa n'est pas très présente sur cet album, c'est parce que ses convictions chrétiennes étaient en contradiction avec l'hommage à Dyonisos et le tableau que Brendan lui aurait en aurait fait (à base de bacchantes qui déchirent des animaux pour les manger vivants). Brendan aurait ensuite décrit l'ambition de l'album comme suit : "Let's not do songs this time; let's make this the sound of the forest so that we can wake up the beauty inside people to remember nature and the ancient". Pas de chansons et pas de mots non plus.

Message édité le 20-02-2024 à 18:13 par Sartoris

Alfred le Pingouin Envoyez un message privé àAlfred le Pingouin

Ça m’a l’air assez dégueulasse figue et abricot…

Thirdeye Envoyez un message privé àThirdeye

Mi figue mi abricot dirais-je...

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SEN Envoyez un message privé àSEN  SEN est en ligne !

3 mots : pas du tout !

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stickgrozeil Envoyez un message privé àstickgrozeil

4 mots : me suis fait chier.

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