Ben oui, tant qu’à faire, déjà qu’on est seulement deux et qu’on produit de la musique minimale et épurée, autant se la jouer solo; après tout, la moitié de deux, c’est un. De fait, la ligne d’écriture est relativement serrée et sèche: une rythmique minimale, une guitare rêche, très peu de synthé, un William Maybelline peu présent derrière le micro (mais super efficace quand il s’y pointe) et une Larissa Iceglass au timbre désenchanté, désincarné, comme jamais. ‘Why not just be solo’, à l’image de son titre peut-être, est un véritable manifeste de désenchantement et de solitude. Intime à l’extrême (pour ne pas dire dépouillé jusqu’à l’os), il se joue sur une gamme monochrome, volontairement monotone, limite ses mélodies au squelette, même si quelques beaux sursauts (‘Bring your own wine’, ‘No one holds hands’) troublent cette ligne de brume sans fin. Faux. Il n’est pas question de brume, bien au contraire, l’album évoque davantage une magnifique nuit étoilée, un espace infini sous lequel on se tient seul. Rien d’agressif, tout est calme, on pourrait même se déguster un bon verre de vin; rien de joyeux pourtant, plutôt une forme de pose pour ne pas trop réfléchir à ce sentiment d’incompréhension qui ne ronge plus l’estomac tant il est devenu quotidien. Personne ne se tient la main, pourquoi est-il si ardu de vivre comme tout le monde ? Il n’est même pas question d’envies suicidaires, on sait qu’on s’en sortira…Un détachement presque serein à en devenir glaçant parce même la mort, c’est ennuyeux…En épurant ainsi ses lignes, le duo a pris un risque et ‘Why not be solo’, n’est pas leur production la plus facile à s’enfiler, surtout pour découvrir…Pourquoi ne pas juste être seul effectivement ? ‘Dans ce cas, pourquoi l’être ?’, semble répondre l’album…