Pabst/Autisti › Split 7"

Vinyle rose pâle entrelacé blanc – façon glace à la fraise mêlée citron, fondue à moitié, dégoulinante. Le chat qui braille tramé sur la couv’. Deux faces courtes, sept pouces, quarante-cinq tours… Envie de frais, de direct : je m’envoie le truc. Je déplie le carton : ça ferait une belle affiche sur les murs décrépits (ou trop propres) de notre vieille citée, pour annoncer le concert – les deux groupes. Split à l’ancienne, les paroles imprimées dedans. Sous la photo des instrus et de la petite table de mix antique ou cheap, qui attendent ou viennent de tout donner. Câblasse emmêlée. C’est rose aussi, au fait, le papier fort – imprimé bleu, cette fois, soigné mais DIY, on jurerait. (D'ailleurs oui, tiens : 300 exemplaires numérotés à la main)… Ça sent son pas compliqué, son brut, son pourtant travaillé. Bref. Jolie photo/indice, cette cave ; et je n’avais jamais percuté avant, le coup des « lyrics » imprimés… Je pose l’aiguille : bruit de surface… FACE PABST : D'accord, c’est pas mal. D'accord, au début ça sonne college rock, la mélodie peut-être un poil trop évidemment foutue dans mes oreilles. OK, joli son de guitare massif mais pas gonflé, éraillé. Oui, voix un peu… Miel ? Un peu hmm… Britpop (vue par des Allemands) ? Bon, d’un autre côté : en poussant un peu, en se laissant aller, ce serait comme du Helmet avec Brett Anderson au chant – et peut-être bien joué par Suede tout court, d’ailleurs. Le solo, c’est du bruit blanc mixé pop, court et juste, bien pesé. Bon. Ah… Ça parle frustration, désir et mépris de l’objet, séparation des mondes – comme du Buzzcocks, comme le Mannequin de Wire (sur Pink Flag, le premier), comme un bon morceau de pop-punk-indy-etc. pas mal branlé, pas mal écrit. Voilà, c'est passé pas mal tout seul. FACE AUTISTI : Même principe ? Mmm… Tension encore, et mélodies nettes. « Terreau proche », si on veut. Mais pas tant. C’est plus troussé, je dirai – à la fois plus rêche. La voix d'Émilie – j’aime quand comme ça elle est vénèr’ ! Celle de Louis – presque indiscernables, là-dedans, l'une de l'autre. Ça parle de vivre comme on peut, et plus le temps pour les foutaises. Leurs guitares toujours mêlées. Le solo qui GRIIIINCE ! Ça change pas la chaleur mais ça la remue – ça la relativise. Nom de foutre que c’est bon, quand ils la jouent comme ça ! J’avais dit : c’est tout con. Là encore ce n’est pas rien – ils ont bien su l’écrire, celle là, ils la jouent balancée. Ça sonne plus cru que l’album, sur ce court support – la distorsion (des grattes, des organes, générale) plus en reliefs, là aussi comme encrée-tramée. Steven qui cogne sur cette batterie pour gosse, la fait cracher comme le reste. Et chanter pareil – ouais ! Ça chante, les cymbales et les fûts, ainsi cognés, ça fait des harmoniques. « I handle love as I can/I handle life as a game »… Ça me plaît toujours, cet artisanat. Ça n’a l’air de pas grand-chose, comme ça, peut-être – mais ça ne court pas les rues (les salles… acheté comme ça, le bidule, d’ailleurs post-un concert dont je vous causai jadis), les bacs – ce genre d’éclats brefs qui font vouloir, encore plus : l’orage (et de s’y jeter).