Je me demandais en écoutant ce dernier Hexvessel si le groupe ne faisait pas partie, à l'instar d'un Wardruna ou d'autres joyeusetés héritées de la dark folk, d'une sorte de sous-sous-genre : la "folk pour métalleux". Il y a des groupes comme ça, signés chez Century Media ou Nuclear Blast, qu'on retrouve plus dans les festivals avec du black / death / stoner / etc. à l'affiche qu'avec, disons... Yves Duteil et Francis Cabrel ? Oh, c'est une blague, pas taper ! J'étais toujours encerclé de chevelus patchés à leurs concerts et la dernière fois que j'ai vu Kvohst en vrai c'était pendant un set de Grave Pleasures, encore une fois groupe de pas métal dans un festoche de métal où le public était composé de métalleux. Grave Pleasures est-il un groupe "goth pour métalleux" ? Putain, ce qu'on se branle la nouille pour des conneries... car au bout du compte Hexvessel c'est ce qui se fait de très beau chez les héritiers actuels de l'acid folk et du rock/folk psychédélique, avec un soin méticuleux apportés à chacun de leurs concerts et albums pour que chaque mot et note soit posée, ruminée, voire carrément "invoquée" d'outre tombe/intermonde/espaces bigarrés, et ce n'est pas une image, le McNerney étant visiblement obsédé par ce qui est invisible et qui a priori semble parler à travers lui, créditant cela jusque dans les commentaires à lire dans ses interviews et disques. Dit comme ça, ça sonne un peu guitare pour les ghostbusters, mais ayant plusieurs fois assisté à leurs cérémonies, je peux vous dire que ça m'a titillé la glande (pinéale, pas l'autre. Bon, l'autre, un peu quand même. C'est sensuel tout ça). Ici, vous retrouverez une ode à la vie, une ode à la parodie, ode à la presbytie, non, je voulais dire une ode aux arbres. Des chansons dédiées à la mousse, aux fougères et aux esprits qui se baladent et doivent bien s'ennuyer à nous regarder angoisser, un peu comme si leur vie se résumait à une lente après-midi d'août passée à mater les plus ennuyeuses et lentes séries policières allemandes. "Consonne, voyelle". All Tree est en tout cas livré de manière foutrement orchestrale, tout est polyphonique, il n'y a pas un seul moment où les voix se perdent, chacun y met du sien et donne la main à son voisin, les instruments s'épaulent les uns les autres, renforçant cet aspect de travail en groupe teinté de rituels sauvages qui fait la marque d'Hexvessel. Enfin, là, ici, à la maison, dans les faubourgs de Gorgoroth-sur-Mer, le disque tourne en boucle, et j'espère pouvoir encore une fois les revoir plus près de mes yeux, juste pour poser ma tête deux secondes sur la commode pour y voir plus clair.