Sup › Dissymmetry

J'erre dans les rayons, perdu dans le supermarché, notre disquaire à nous, chez nous... dans nos villages de chez nous, j'ai nommé : les "centres commerciaux". Et là je tombe sur ce digipak qui glisse sous les doigts, je constate une nouvelle sortie de SUP. Groupe que mes oreilles ont rejeté il y plusieurs décennies, SUP m'a conquis lors d'un Hellfest. J'avais apprécié cette proximité avec le public, leur death franc, très efficace et très... cérébral aussi ? C'est ce qu'on lit dans les chroniques sur SUP alias Spherical Unit Provided, pas what'S UP, OK ? Je regarde de plus près le cd, je lis l'étiquette promotionnelle, elle me dit, en gras, que "la puissance créatrice de SUP tient du génie musical". Putain, le responsable de la promo de leur label aime beaucoup ce groupe ! Alors, génie ? Je l'écoute dans la bagnole. Les champs se dévoilent autour de moi, moisissant sous la pluie incessante et là j'aurai droit à des morceaux de death souvent gothic/doomé à la Paradise Lost, grâce aux petites notes à la McKintosh et les alternance voix clair/growl à la Holmes, une petite déclaration d'amour à Sisters of Mercy et surtout à son velouté chanteur, type "Blaaack. Black Planet", voyez ? Des morceaux de musiques parfois très simple, ça ne tartine pas trop, mais souvent très puissants. On parle souvent de "froid", de "clinique" pour décrire leur musique, je trouve que sur cet album ça ne se sent pas trop. C'est peut-être parce que j'écoute trop Coroner en ce moment. Mais ce n'est jamais trop bourrin ni trop mièvre, le chant growlé notamment est parfait et ils arrivent à atteindre un joli équilibre de musique sombre très mélodieuse et très velue à la fois. J'apprécierai, quand même, toujours plus leur musique quand elle est franchement death metal, plutôt que tangeante doom / gothique, car leur death metal non mixte (...) est bien leur quintessence musicale sur cet album - comme s'ils arrivaient à suppurer, enfin à extraire la moelle, l'esprit de certains genres (ceux cités, mais aussi la pop à la U2 par exemple...), en l'avalant dans le death, sans prendre forcément les sonorités exogènes. Quand leurs morceaux empruntent trop aux gimmicks d'autres styles (voix gothique, guitare à la The Edge, chant clair type goth metal), ça passe un peu moins que lorsque la malfaisance death englobe l'âme de ses congénères. Finalement, cet album qui sort après quelques années de silence (10 ans si je ne me trompe pas ? Et après une résurrection de Supuration avec "Cube3" et "Rêveries") m'a fait passer un bon moment dans les champs trempés par les nuages en descente d'organes, mais aussi dans ma cellule d'écoute, dans ma cave personnelle. Par contre je n'attache personne sur un siège ici, je ne lui injecte rien, je n'ai pas envie d'être le Doc qui sera le bourreau cyberpunk de McFly pour créer je ne sais quelle dissymétrie. Je ne serai pas votre génie de la génétique. Je ne pousse pas l'expérience trop loin, non plus. Faut savoir s'arrêter. Faut savoir ne plus s'identifier à rien et faire silence, après l'écoute d'un album ma foi très rond en bouche, pas si "chirurgical" que cela.