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Van Morrison › Astral Weeks

cd • 8 titres • 47:14 min

  • In the beginning
  • 1Astral weeks7:00
  • 2Beside you5:10
  • 3Sweet thing4:10
  • 4Cyprus avenue6:50
  • Afterwards
  • 5The way young lovers do3:10
  • 6Madame george9:25
  • 7Ballerina7:00
  • 8Slim slow slider3:20

informations

Produit par Lewis Merenstein pour Inherit Productions

line up

Van Morrison (voix, guitare), Jay Berliner (guitare), Richard Davis (basse), Connie Kay (batterie), John Payne (flûte, saxophone soprano), Warren Smith Jr (percussion et vibraphone)

Musiciens additionnels : Larry Fallon (arrangements et direction)

chronique

Je me suis souvent demandé ce qu'aurait pu être "Astral Weeks" si Van Morrison avait appelé Tim Buckley pour lui demander d'y prendre sa place. Parce-que, c'est vrai, mon affection pour ce disque s'est longtemps battu avec la voix particulièrement irritante de l'irlandais. Et cette question me semblait d'autant plus pertinente que l'improvisation tient une place centrale dans cette œuvre, et que c'est notamment cette liberté, cette spontanéité qui pousse Morrison dans les excès les plus rebutants de son timbre agressant et geignard, quelque part entre un jeune Mick Jagger soudain amputé de toute sensualité, et un Billy Corgan qui... qui rien, justement : Billy Corgan. Mais, comme bon nombre d'entre vous s'apprêtent déjà à me l'objecter, cette question, en fait, et pour bien des raisons, n'est pas pertinente. "Astral Weeks", chef-d'œuvre de country/folk totalement libre et un peu jazzifiée, restera pour toujours déchiré, malmené par la voix de son créateur... et par bien d'autres choses. Dans ce paysage d'arrangements pastoraux, dans cette campagne un peu sauvage, caressée par la brise de ses violons tremblants où virevolte une flûte bavarde, entre les sautillements de criquet d'une contrebasse à la sécheresse étrange, la présence farouchement décomplexée de ce type qui semble vouloir engueuler la terre entière résonne comme une sorte d'anomalie. Et finalement, c'est bien cette absence criante de douceur dans la voix, l'acharnement aux décibels de ce chanteur au caractère pour le moins difficile, qui sort ce disque de sa simple mélancolie, pour le mener jusqu'à la douleur. Mélodies raffinées, harmonies délicates, rythmiques légères, "Astral Weeks" est une dentelle rustique où se croisent clavecin et vibraphone, guitares grattées sans ménagement et arrière-plans de cordes solennelles. Enregistré en deux jours, il se distingue par sa franchise, une forme de rudesse dans le toucher de ses interprètes; la contrebasse, encore une fois, se refuse à la souplesse féline à laquelle on la destine couramment, préférant l'impact sec et percussif, la lisière de la dissonance est régulièrement approchée, les violons se font rugueux lorsqu'ils abandonnent leurs atours classiques et revêtent ceux de la country, les guitares évoquent la poussière des chemins. Et tous ces choix, ses ambiguïtés comme ses évidences, ses douceurs comme ses épines, donnent à cette musique toute sa véritable dimension. Loin de la gentillesse d'une ballade en solitaire, irrémédiablement sorti de la simple joliesse, ailleurs que dans la grâce, il restera toujours, même après mille écoutes, un sentier caillouteux. Prenez donc ce chemin, entrez par "Astral weeks", exposition que l'on croit exhaustive des détours à venir, de la flore alentour, faites la route jusqu'au bout, en passant par "Cyprus Avenue", "The way young lovers do" que l'on croirait presque sortie des sessions de "Forever changes", "Madame George", sommet infranchissable dont les arrangements semblent faits de silence... jusqu'à "Slim slow slider", extinction magistrale, fin du jour, agonie véritable et qui referme l'album sur ces mots : "I know you're dying, and I know you know it too... everytime I see you, I just don't know what to do"... Aussi subtil, sensible, fragile qu'il paraisse, ce disque, en fait, est craché à la face du monde.

note       Publiée le dimanche 10 mars 2019

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    torquemada Envoyez un message privé àtorquemada

    Je ne regrette pas la découverte !

    Note donnée au disque :       
    Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile

    Un de ces disques qui me suit depuis des années. Pas du harcèlement mais une présence continue. Je le range facilement dans mon panier d'obsessions avec un Starsailor, un Rock Bottom ou que sais-je encore. Le "casting", surtout Richard Davis et Connie Kay, rajoute des étages aux compositions. "Beside You" montre que Morrison n'était vraiment pas insensible au jazz de son époque.

    Note donnée au disque :       
    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Oui, en tout cas comme ça il se "détache" (comme une montagne sur le paysage...). Pas prévu d'en parler, en tout cas, pour ma part non-plus, du Moondance, même si donc je l'aime beaucoup. (Par contre... Le Live sus cité de Buckley Jr., je me rends compte qu'il n'y est pas non-plus tiens. Tiens tiens tiens...).

    Sheer-khan Envoyez un message privé àSheer-khan
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    Moondance bien sûr. En fait, à part peut-être "Tupelo", tout ce qu'il a fait jusqu'à Veedon Fleece mérite l'oreille. Mais, sans y avoir plus reflechi que ça non plus, j'ai tendance à penser que Astral Weeks tout seul ici, ça se tient mieux qu'avec la descendance.

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Ouep, il est beau... Et j'aime bien sa voix, perso - que je rapprocherais pas de celle de Korgan, à vrai dire, parce que justement, la dureté du timbre l'empêche d'être geignarde, malgré le nasal ! Et en effet, je trouve que l'alliance est parfaite, entre ce chant-graviers et les verts parfois tendres parfois vibrants des paysages, les bruns-bois, les cieux nimbus ("sentier caillouteux"... Exactement ça, oui !). Une pièce de folk-country-soul-jazz etc. assez unique - qui rend inutiles toutes ces étiquettes, en révèlent l'inopérant. (Moondance est assez beau, aussi, bien que moins "bloc insécable dans ses accidents", et en parlant de soul, le chant tire peut-être encore plus vers ça, sur ledit - sur des trucs comme Into the Mystic)... Ah ! Et à noter, en parlant de Buckley : y'a une version de dix minutes assez saisissante de The Way Young Lovers Do sur le Live at Sin-E du fils (Jeff, évidemment) ! Une qui doit pouvoir en rebuter pas mal - tout en scat et guitare jazz - mais qui perso m'avait direct chopé quand j'avais découvert ça (et ne m'avait pas lassé ensuite).

    Et ouais, enfin : étonnant que personne ne s'y soit collé avant, ici, à ces semaines astrales... Ben ça valait le coup.