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Chromatics, Glass Candy, Johnny Jewel, ...
Romantique nocturne motivé par l'émotion nostalgique, amoureux transi des synthétiseurs dont il compare les sons aux étoiles dans la voie lactée, Johnny Jewel est un musicien à cœur. Un pirate de l'émotion surannée. Je ne l'ai jamais vu autrement que comme un naïf pur, touché par la grâce durant un laps créatif court mais significatif, qui le vit sortir une ribambelles de tubes underground et au moins deux albums cultes. Avec des artistes comme notre bien-nommé Jeannot Bijou, les années 2000 avaient des airs de petites années 80. Et cette compilation est un témoin-clé de cette époque bénie durant laquelle il ne s'était pas encore sabordé dans le son informatique fadasse. Une sélection-vitrine parfaite pour son label Italians do it better, nous montrant l'art subtil du vintage de contrebande, avec un son délicieusement organique... Souvent même avec plus d'intensité que quand on réécoute bien des véritables tubes 70's / 80's. Le principe du souvenir nostalgique est, nous le savons que trop bien, d'embellir des moments passés. Et Johnny Jewel le fait scintiller comme rarement sur After Dark. J'ai écouté ce disque un nombre de nuits inquantifiable, j'en anticipe avec délectation presque chaque instant, sa force électro-magnétique ne m'a pas lâché depuis 2007... After Dark est aussi vulgaire qu'il est beau, parce que notre petit gars de Portland a une foi absolue dans le pouvoir du synthétiseur... et des femmes. Parce qu'il domine les standards disco ou minimal wave qu'il investit, et en crée de nouveaux. Johnny Jewel nous les rend tous en étoiles de néons. After Dark est, sur le papier (glacé) une compilation italodisco, mais forme en réalité un album véritable, à ranger entre B/E/A/T/B/O/X et Night Drive. Plus qu'un bricolage à la pousse-toi-là-que-j'm'y-mette de différents maxis, After Dark forme une nuit. Magique. Pénétrante. Une nuit de strass autant que d'angoisse... Nous rappelant que "Maniac", le tube de Flashdance, était d'abord destiné au film d'horreur éponyme de William Lustig. Cette dualité "nuit festive /nuit sordide" de l'ambiance, qui fait qu'After Dark est un album idéal pour les discothèques mais se prête tout autant sinon plus à une écoute en solitaire, est parfaitement incarnée par les deux titres d'intro : pour une "Running down the hills" qui crache du rose comme la pochette de B/E/A/T/B/O/X, il y aura toujours une "Hands in the Dark" au titre éloquent, toute de scintillements nyctalopes d'yeux de nacre subtils... et des pistes interlopes comme cette version sublimée du tube "Last night a DJ saved my life". La subtilité rampante côtoie le putasse total, frontières troubles, le vocoder de "Lady Operator" parce qu'il faut un robot dans l'histoire (c'est Ida qui se charge de chanter "Computer Love"), les boules à facettes de Farah, l'exotisme neuneu et chimique de son "Dancing Girls", l'impérieuse "Miss Broadway" chipées aux françaises Belle Époque, le final exquisément goblineux... C'est de part en part un trip, même dans les pistes de remplissage purement instrumental intercalées par le DJ. On nage entre slasher à Miami et giallo à Los Angeles, entre Versace et venin sale, fashion-victims et victimes physiques. Entre les clubs privés avec des stars et les gouttières en contrebas où se cassent les talons-aiguilles de lolitas... Où finit le trivial ? Où commence le raffiné ? Les deux sont en constante fornication... La musique de Johnny transforme les baffles de notre stéréo en phares blancs de coupé sport qui fendent la nuit... Les paillettes laisseront entrevoir le sordide à qui saura regarder au travers, sentir la menace latente des synthétiseurs, comme un tueur au scalpel rôdant sur le dancefloor pour trancher des tendons d'Achille. La nuit, omniprésente, est l'inspiration de Johnny Jewel, son terrain d'expression. Elle est sa drogue. Et nous connaissons bien ses muses... Timides ou extraverties (le timbre blafard et virginal de Ruth ne l'a jamais empêchée d'être aussi fatale que la pétulante Ida), triomphantes aux barres de pole dance et au mic' jusqu'à soumettre tous les mâles alpha romeo, ou ingénues échouées dans un drive-in sordide avec le plus beau quarterback du lycée, ce salaud au menton carré qui porte des vestes harringtons floquées de panthères et de cobras... Nulle ne sait quelle sera l'issue au petit matin. Et à travers le set lumières du DJ, il n'y a guère de différence entre le rouge à lèvres et le sang...
note Publiée le lundi 7 janvier 2019
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Raah, je vais devoir le ressortir.
Ah, cette reprise de Indeep... Tout d'accord (sauf que j'aime toujours ce qu'il fait, le kangourou Jewel (oui, parce qu'il bouge comme un kangourou sur scène), ses BO Twinpeaksiennes sont vraiment bien, même si le temps de la hype revival italo-discold est terminée depuis longtemps)