Rozz Williams / Gitane Demone › On the altar/ In the heart

‘Is there a heaven? I'd like to think so’, chantait Bryan Ferry…Moi aussi j’aimerais croire qu’il existe un paradis, un endroit merveilleux où l’on retrouverait ceux/celles que l’on a aimé(e)s après la mort…Peut-être que Rozz y aurait trouvé refuge lui aussi ? S’il nous regarde d’en haut, il doit sourire. Dire qu’il aura fallu attendre sa mort pour que sortent enfin des albums live au son correct…Dans le cas de ‘On the altar/in the heart’, il aurait été fier, c’est franchement la grande classe niveau son. En hommage, vingt ans après son décès, les labels Dark Vinyl et Cult Epics se sont associés pour publier des enregistrements extraits du ‘Dreamhome heartache Tour’ effectué par Rozz en compagnie de son amie Gitane Demone entre 1995 et 1996. Double cd, l’un composé de reprises de morceaux de Christian Death, donc plus deathrock et agressif dans l’ensemble, le second avec des chansons du disque enregistré par le duo, soit baignant dans une atmosphère plus cabaret (encore que le final de la bouleversante interprétation de ‘Dreamhome heartache’ soit bien grinçant), feutrée et intime. Bien qu’il s’agisse d’une sélection parmi plusieurs concerts différents, la qualité sonore est unifiée et franchement très bonne. Et les interprétations, mes aïeux ! ‘In the heart’ porte bien ce titre, tant la magie spirituelle et artistique unissant Rozz et Gitane ressort pleinement de ces pièces au charme cabaret, mélancoliques et légèrement décadentes. Tout bonnement incroyable et à tirer des larmes. Sur ‘On the altar’, le ton est plus sombre et grinçant mais il est intéressant d’entendre des chansons de ‘Ashes’ et ‘Catastrophe Ballet’ moins souvent disponibles avec Rozz au chant. Quel frisson à l’écoute de ‘Lament’ où la sublime Gitane se mue en Marlène Dietrich gospel pour nous en livrer des interprétations qui remuent l’intérieur, quant à Rozz, il est parfait derrière son micro…Cette collection au design soigné se décline en version cd (trois bonus, dont une émouvante reprise du ‘Time’ de Bowie, non présents sur le vinyle) et en LP avec aussi un inédit non disponible sur les cds (‘Awake at the wall’), histoire de valoriser chaque support. Bien sûr, après toutes ces années, ces morceaux sont connus des aficionados mais je dois dire que ces versions remportent la palme haut la main. Qui plus est, ces disques complètent (au lieu d’empiéter sur) les track-lists des excellents ‘Sleeping dogs’ et ‘Accept the gift of sins’. Il est rare que j’accorde la note maximale à des enregistrements en concert mais difficile de faire autrement dans ce cas, tant leur écoute dégage un je ne sais quoi qui pourrait évoquer, oui, un petit morceau de paradis…