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Acid Mothers Temple › La Nòvia

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Alfred le Pingouin      mardi 21 mai 2019 - 20:15
Dioneo      mercredi 14 novembre 2018 - 17:21
Procrastin      jeudi 15 novembre 2018 - 15:06

cd • 3 titres • 61:55 min

  • 1La Nòvia40:40
  • 2Bois-Tu de la Bière ?3:49
  • 3Bon Voyage au LSD17:26

informations

Enregistré par Makoto Kawabata à l’Acid Mothers Temple.

« Je dédies ce disque a la musique, la nature et la beauté d’Occitan et aux femmes. » (sic). L’appellation complète/la version du groupe, reportée sur la pochette, est cette fois-ci : « Acid Mothers Temple & the Melting Paraiso U.F.O. ». L’édition LP d’origine (Eclipse Records, 2000), propose uniquement le morceau La Nòvia, divisé en deux parties (une par face de vinyle). La version CD Swordfish Records de 2001, ici chroniquée, est la seule qui y ajoute en bonus les plages Bois-tu de la Bière et Bon Voyage au LSD. L’édition CD Bam Balam de 2016, quant à elle, reprend l’unique morceau de la version LP d’origine, en y ajoutant une interprétation en live, jouée à New York en 2016.

line up

Cotton Casino (voix), Hiroshi Higashi (guitare électrique sur 1, synthétiseur sur 3), Yoshimitsu Ichiraku (batterie sur 3), Makoto Kawabata (guitare électrique, violon, bouzouki, harpe-paon à l’archet, synthétiseur ; sitar électrique sur 3), Hajime Koizumi (batterie et percussions sur 1), Atsushi Tsuyama (basse, voix, guitare acoustique, flûte à bec)

chronique

Curieux choix de matériau ? Pas tellement, au vrai. Pas du tout, même, pour peu qu’on gratte un peu, qu’on traverse la surface – et c’est bien à ça qu’ils s’escriment depuis le début, les ci-présents Nippons chevelus avec leurs fétiches et gris-gris voltés, leur amplifiées magiques. Et puis Kawabata – il le confesse bien volontiers – s’est pris de passion depuis longtemps pour les musiques d’Occitanie, les bourdons et modes habités, ces vernaculaires-ci. Les chants gascons, en particulier. Et puis… Après, tout, plus proches de nous (entre temps, et dans l’espace), des musiciens comme ceux du collectif La Nòvia (eh…) en jouent magnifiquement, de ce potentiel d’hypnose, d’élévation, d’ouverture aux espaces contenus là-dedans – les répertoires, les timbres des instruments traditionnels, terroirs, territoires. (La vielle à roue, divers violons et violes non-tempérés….).

D’accord, là c’est autre chose, une toute autre forme. L’électrique psychédélique de cette bande là, traumatisés seventies, Gong, Hawkwind, space-rock ; les dérives, montées d’intensité calées sur un autre mode (décidément – mais cette fois au sens de démarche, modus, disons, allez) ; la batterie et le fuzz dilatant la pulsation. Pour autant, cette fois, c’est chanté dans le texte – en Gascon, donc. Harmonisé, certes – ce qui fait que ça sonne davantage « médiéval » que « trad », dirait-on si on était pressé. (Mais eh… Vous savez bien : ces musiques dites « anciennes », de par nos contrées et nos cours, celles et ceux qui les jouent les inventent en même temps, les recréent, jouent dans les vides des documents… C’est une autre esthétique, d’autres manières – mais à leurs façons, eux, elles-aussi sont « délirées »). La comptine, là – en fait une chanson de noce – est étirée quarante minutes quarante secondes durant (celle de la plage éponyme – la seule présente, d’ailleurs, sur l’édition première).

La mélodie, cette fois, respectée – même, mais, sans arrêt reprise, tournée, les textures modifiées mais le dessin, le tour, filé sans fin. Et pour cette fois, aussi, Kawabata & Co. ne recourent à aucun calembour pour faire sauter la trop rationnelle scrutation, captiver et délier l’écoute. Le son seul attrape. Les brins de la chanson, donc, tressés, grossis, tendus puis relâchés, la trame sur le simple motif. Le montage de la pochette, même – les visages de ces modernes d’Osaka collées sur une antique photo d’assemblée villageoise – ne fait pas blague. Ou alors le bizarre de cet humour convainc tout de suite, persuade qu’en effet, ils s’y sont transmués. Le prologue se prolonge – et puis les timbres, les lignes, les instruments, l’électricité, se lâchent en espace libre. Cris doux de voix et de guitares, filés, de claviers – caressants mais débordants, intenses, densifiés. Le paysage nous happe – nous projette en pleins cieux sauvages. 40’40” – et le cycle nous relâche en plein dans cet air clarifié, dé-saturé ; le son chargé retombe en contrebas, précipité. (Tout juste une brume, rosée de gratte acoustique, un filament de synthé qui cercle encore, élastique).

Sur le CD, certes, il y a une autre question, et une plage explicite – Bois-tu de la bière et puis comme dans leur nom : l’ACIDE. Ils n’y sont pas pour rien, d’accord. Mais on reste imprégnés de ce premier monde évoqué, la Mariée (ou Fiancée), les brillants sur la tête dont le nombre, à mesure des couplets, fond, s’évapore. Cette musique là aussi – ce n’est pas toujours, chez eux, mais ici, oui – s’orne, en se dépouillant, d’une plénitude ; après la longue montée, se défaisant des prétextes. Il est beau que ce coup-ci, encore, ils n’y collent ni coda ni coryphée burlesque.

note       Publiée le mercredi 14 novembre 2018

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    À moitié dans le coaltar une partie du temps à cause des petites poussées de fièvre (à intervalles imprévisibles) et re-bloquant pas mal depuis quelques temps avant ça sur des sons planants, des musiques en plages étirées (dont certains trucs du collectif évoqué, que j'avais un peu accidentellement mis de côté un temps), je lis vos commentaires et je me dis que ça va être bientôt le moment de me le remettre celui-là... (En attendant j'écoute Ravvivando de Faust, et c'en est un finalement bien costaud, aussi, de "voyage", hein).

    Message édité le 10-10-2023 à 12:03 par dioneo

    Note donnée au disque :       
    Tallis Envoyez un message privé àTallis

    Ca manque scandaleusement d'accordéon diatonique par rapport à ce que vend la pochette... mais sacré voyage quand même ! Les 40 minutes du premier morceau passent comme une lettre à la poste.

    Rastignac Envoyez un message privé àRastignac
    avatar

    Je radote mais j’ai aussi découvert ce disque et ce groupe grâce à la Mlis de Villeurbanne… !

    saïmone Envoyez un message privé àsaïmone
    avatar

    J'étais passé à côté de ça je teste de ce pas !

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    Ben tiens... Yann Gourdon, qui était hier par ici pour un concert en duo de vielles avec Lise Barkas, alors qu'ils causaient avant ça à des étudiants (au FRAC, où ça se passait, pour un événement "math et musique") et quelques autres chalands, nous disait que le nom de La Nòvia - le collectif (et label) - avait été choisi comme clin d'œil à ce disque en particulier ! Je causais du parallèle dans la chro mais j'étais loin de me douter que c'était passé par cet étape ! (Je pensais qu'ils avaient choisi le nom directement en réf à la chanson trad ici interprétée, quoi). Pas que ce soit surprenant en même temps vu le côté bien psyché de nombre de trucs du collectif en question, r'marquez...

    Message édité le 06-10-2023 à 22:52 par dioneo

    Note donnée au disque :