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Roc Marciano › Reloaded

  • 2012 • Decon DCN168 • 1 CD digipack

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Membre Note Date
luapluap      vendredi 2 avril 2021 - 16:05
Raven      dimanche 11 novembre 2018 - 13:03

cd • 15 titres • 54:36 min

  • 1Tek To A Mack
  • 2Flash Gordon
  • 3Not Told
  • 4Pistolier
  • 5Thugs Prayer Pt. 2
  • 676
  • 7We Ill
  • 8Deeper
  • 9Death Parade
  • 10Peru
  • 11Thread Count
  • 1220 Guns
  • 13Nine Spray
  • 14Emeralds
  • 15The Man

informations

line up

Roc Marciano (MC, production)

Musiciens additionnels : The Alchemist (production), Ka (MC), Q-Tip (production), Arch Druids (production), Ray West (production)

chronique

  • gangsta rap claustrophile

Roc Marciano est de l'école Wu-Mobb, comme tant d'autres, mais il circonscit le style au secteur intime. Son hip-hop de criminel à la petite semaine pue la sinistrose et la solitude. Il a aussi ce petit truc nostalgique tenace, malgré l'œil blasé. Marciano fait du gangsta-rap à écouter seul quand il pleut. Ou en état d'insomnie. Voire de somnambulisme (plus délicat à organiser). De prime abord monotone et abstrait, sans émotion, Reloaded nécessite un certain cycle d'écoutes pour livrer ses secrets, son spleen, et sa force insidieuse, rentrée, étouffée, qu'on pourrait comparer à l'effet "bastos dans la tête au silencieux et à travers le polochon". C'est un hip-hop distancié, torve, axé sur des samples hallucino-lancinants. Un hip-hop dénué de réelle puissance (les beats sont en général castrés par le mix jusqu'à parfois disparaître), mais totalement dévoué à l'ambiance. Une ambiance encore plus morose et nocturne que sur Marcberg, dès cette introduction imbibée de curare, ou sur ce "Flash Gordon" surnaturel (une des toutes meilleures prods de l'Alchemist), au goût d'étoiles filantes dans une nuit de peur. Peu de mouvement dans ce rap claustro, malgré sa variété de samples. Le MC nous a ligotés, s'est servi un gros cognac et nous tient en joue, impassible... On est au cœur du réticule... Les outils de son quotidien sont énumérés - la merde usuelle : deals qui finissent dans le sang, fantasmes mafieux, envies de carrosseries qui en jettent. Les lyrics n'ont aucun intérêt, sinon leurs sonorités, et la menace froide qui y est insufflée. Les consonnes piquent de leur dard... Les voyelles se miment et se reflètent... Des chromes... Quadrillage du secteur... Visions de container. Le style Marci semble ici encore plus figé que sur Marcberg. Paralysé. Monocorde de piano, ou de pendu. Avec ces titres parfois dépouillés au maximum, jusqu'à devenir des plumes de hip-hop ("Thread Count"), jusqu'à finir en miettes, esquisses, rien qu'ombres... Un vide relatif... Reloaded se suit comme un film noir minimaliste à la Melville, avec ces sonorités poussiéreuses qui donnent la sensation d'être plongé dans une époque antérieure au hip-hop. La sensation par moments d'entendre un hip-hop fantôme, un hip-hop du souvenir, de l'oxydation qui fait jaunir les photos et tue plus que les flingues. Les morceaux "statiques", comme si Marci était prostré en attente en marge de l'action et temporisait sadiquement (le feutré "We Ill" avec son côté "homicide dans une chambre à coucher") sont émaillés de vraies dope tracks, où son rap se met soudain en branle ("Pistolier"), retombant toujours dans une ambiance entre chiens et loups, limite onirique... Gangsta-trip-hop ? Avec une fois n'est pas bitume des moments mélodiques d'une rare pureté (superbe "76"). Étrangeté manifeste mêlée de familiarité, le trip se cassant un peu lorsque surgit cet '"Emeralds", du wu-tangien très traditionnel, exercice-missile sur lequel Marciano excelle. Malgré les passages raplapla (surtout "Deeper", avec son sample bien casse-couilles), Reloaded semble plus homogène que Marcberg, type Lune pleine. Les samples cinématographiques, un des trucs les plus réussis dans les albums de Roc, sont toujours très judicieusement employés, renforçant l'impact des morceaux. D'ailleurs il y a même un sample de Tchao Pantin... ça donne "20 Guns", le titre le plus glauque et poisseux du skeud. Notation : cinq balles bien glacées dans l'barrilet. La sixième ? Clic.

note       Publiée le dimanche 11 novembre 2018

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    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    (Et puis les onomatopées mitraillettes à la "drrrrrrrrrrrrrrr", c'est marrant à doses homéopathiques, mais ça saoule assez vite).

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    luapluap Envoyez un message privé àluapluap

    J'ai une préférence pour Marcberg mais celui-là est superbe oui. Plus élaboré. Et ouais je plussoie Raven la team "ScrogneugNew-York" font des bons morceaux mais jamais d'oeuvres complètes.

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    Raven Envoyez un message privé àRaven
    avatar

    Oui, il a marqué son monde, jusqu'à Muggs (il n'est pas étranger à son retour sur le devant). Après la clique Griselda et leur "revival" NYC, même s'ils sont très prolifiques et qu'il y a une poignée de bons sons par disque, que ce soit albums, EP, ou leurs mixtapes hitler-fashion, pour l'instant je n'y ai rien trouvé d'aussi captivant et avec le même potentiel de réécoutes, à ma grande frustration (WG, Benny The Butcher, Conway, pareil, même si la pochette de If It Bleeds m'avait tapé dans l'œil). Je reviens toujours vers le Marci et son Ka.

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    brianm Envoyez un message privé àbrianm

    Album fantastique, et c'est dingue de constater que son influence est plus présente que jamais, en témoigne la déferlante Griselda que l'on connaît depuis 2020. Je le trouve pas loin d'être parfait dans son style.