Vermonster › Instinctively Inhuman

Je vous le disais à propos de leur précédent album (Spirit of Yma) : j’aime bien ce groupe franc et direct dans son approche – sale et tordue, fun (oui… y’a pas toujours d’autres mots) mais pas négligente. J’aime bien cette bande d’érudits d’un genre bizarre, fouilleurs de recoins étrangement famés – qui plutôt que d’en faire une pose arty emmerdante, balancent à la place en guise d’albums des bouts de bruits certes prévisibles dans le style, le son, mais dont on ne sait jamais vraiment dans quel secteur de leurs cahots, du chaos noise, ça va déraper, embarder. J’aime bien leur modestie – on peut sans doute trouver aussi que c’est une attitude de branleurs mais bon… je ne l’entends pas comme ça pour ma part – à reprendre régulièrement tels ou tels de leurs anciens préférés, groupes de garages oubliés, improbables, plutôt que de foutre leurs noms sur des jams sans repères, systématiquement. Bon… Ailleurs, des jams plus ou moins structurées, ils en signent aussi, d’accord, et ça marche aussi. Dans tous les cas, c’est aussi… Frais.

Alors voilà : ce coup-ci c’est un groupe néo-zélandais des années fin soixante/début soixante-dix qui passe dans la machine à éclairs et tollés. D’exotiques (donc) garageux psychés nommés The Human Instinct – on notera la blague du titre du présent album… C’est con mais ça marche, là aussi, ça annonce bien ce qu’on va se bouffer. Deux plages extraites du même album de 1970 – dont l’éponyme, Stoned Guitar, au titre (décidément) bien littéral… Le groupe annonce d’ailleurs que l’album est produit « par l’esprit de Billy T.K. » – le guitariste d’origine maorie du groupe repris, élément saillant dudit, pour le moins, imitateur d’Hendrix tellement excessif et pas porté sur la subtilité que ça en devient un pur plaisir (à se cramer les neurones pendant que les autres derrières déroulent de la rythmique dupliquée mais néanmoins bien groove dans son assénée sans le moindre recul). On veut bien le croire, allez ! On prendra ça comme autre chose qu’une autre plaisanterie – comme un hommage, d’accord, tout simple. On précisera tout de même que c’est autre chose, là, qui déboule !

D'accord : les deux titres reprennent à peu près les « schémas », les cheminements des originaux, dans l’agencement des thèmes exposés, de l’improvisation, du retour à la structure basique. OK : la voix sur Black Sally est aussi générique, aussi peu « utile » que sur le morceau de 1970, aussi « bon, bon, on a compris, balancez la suite, là ». Et c’est ce qu’ils font. Et c’est encore de la noise qui arrache, aimablement – et du garage dérivé, des techniques de guitare à la sauvage, du larsen qui flanque l’envie de sauter dans le tas, de brailler comme un abruti fendu d’une oreille à l’autre, celles-là même en train de morfler plein-régime, pleine-joie.

Encore une fois : pas grand-chose de plus à en dire. Ah si, peut-être : c’est encore plus porté, ici que sur d’autres disques – hommage probable au style du sus cité Billy ? – sur la wha sans précautions, et la batterie et la basse, sur les parties non-bruit-pur, tournent voilées encore plus, roulent à s’en démancher. Allez… Je la boucle un peu – je vais me refoutre un coup sous leur douche de brasures.