Dans post-punk, on semble l’avoir oublié, il y a le mot ‘punk’…Difficile à croire si l’on en juge par la pléthore de formations se réclamant comme telles aujourd’hui qui, comme de bons élèves, travaillent leur copie lisse et propre, bien enregistrée avec un son glacé au parfum de cellophane et un manque absolu d’émotion pure dans la composition; l’inverse de l’idée originelle en somme. Fort heureusement, il y a de nombreuses exceptions et parmi elles, les Bisontains de Vague Scare. Dès les premiers claquements de la boîte, on sent un truc différent, peut-être parce que justement elle est programmée avec soin ? Comme on dit que l’on juge un restaurant par la propreté de ses toilettes, de même ce type de détail prend tout son sens quant à la qualité d’une musique, ce que confirme la suite. Ceux qui cherchent basse ronde et guitare froide et synthétique peuvent passer leur chemin car le duo brouille volontiers les pistes à ce niveau avec des sonorités de gratte plutôt profondes et organiques, proches parfois de Depeche Mode. Comme Martin Gore, les Français savent en tirer le thème simple mais imparable (l’excellent ‘War walk’). D’autres morceaux s’articulent davantage autour de l’électronique mais là également, pas de programmation stérile, il y a un véritable travail sur les lignes, ce qui marque clairement une différence dans les mélodies. Personnellement, certains passages me filent le frisson (‘Cold blood warm smile’, ‘So human’, le fabuleux ‘Empty your heart’, ‘War walk’) de par les sonorités sélectionnées et le spleen mélodique discret qui s’en dégage. La musique du groupe sonne parfois sombre mais elle se nuance toujours par de fugaces éclairs aérés grâce au sens de la mélodie aiguisé des musiciens. Autre qualité, la complémentarité entre la voix grave, presque gothique, de Laur et celle plus légère de Fred qui la seconde à certains moments. Voilà donc un album tout sauf linéaire qui se renouvelle sans cesse, laisse cohabiter atmosphères et mélodies, tristesse et espoir, quelque part entre Siglo XX, Joy Division et Depeche Mode, sans singer qui que ce soit, les mecs ont bien trop de bouteille pour cela. Des tubes, ‘Classified’ en regorge: ‘Empty your heart’, ‘Can’t get it bright’, ‘What happened to you’, ‘War walk’…Il suffit de se baisser pour ramasser. Quel plaisir de découvrir une formation capable de tisser ses propres idées sans sonner comme tout le monde autour tout en s’abreuvant à la même source, comme quoi c’est encore possible. Un disque fort, capable de révéler de nouveaux détails à chaque écoute, que les hipsters se feront sans doute un plaisir de bouder, les cons…A noter que la version K7 offre en bonus une reprise des Modern Lovers, autre preuve de goût et de culture musicale.