Uriah Heep › Firefly

Après 9 albums et un rythme effréné depuis les débuts du groupe 7 ans plus tôt, les tensions au sein du groupe étaient trop fortes. Déjà pendant l'enregistrement du précédent disque, "High and mighty", le quintette était au bord de l'implosion. Là, après la tournée s'en était trop pour le groupe et le chanteur David Byron fut viré. Cette séparation fut suivi du départ du bassiste John Wetton qui ne sera resté que peu de temps au sein de la formation, à peine un an et demi, mais qui n'a jamais véritablement réussi à s'intégrer. David Byron était considéré comme LA voix d'Uriah Heep, avec des capacités impressionnantes. Après avoir auditionné nombre de candidats, dont l'ex-Deep Purple David Coverdale, ils ont porté leur dévolu sur un certain John Lawton. Côté basse, la formation a engagé Trevor Bolder des Spiders From Mars de David Bowie. A peine ce nouveau line-up sur les rails qu'il faut songer à enregistrer un dixième album ! Quelques semaines après avoir recruté ces musiciens, Uriah Heep se retrouve déjà en studios pour l'enregistrement de ce "Firefly". On pouvait légitimement se poser des questions sur la qualité de ce successeur à la vue des changements de line-up (dont le chanteur emblématique de la formation), des évolutions artistiques récentes et de l'urgence dans laquelle ce disque sera réalisé. Le résultat est dans une mouvance plus moderne, surtout au niveau des sonorités. Mais il garde une aura aérienne (écoutez-moi ce "Rollin' on" intense), avec des claviers très présents, rappelant les débuts du groupe. Et c'est là où se situe la réussite de cet album. Le groupe ne cherche pas à faire table rase du passé et à changer complètement de style. Les compositions sont bonnes et fidèles au style du groupe, le tout étant ensuite produit et réalisé avec un son plus moderne, presque en avance sur son temps car annonçant la couleur des albums de hard FM des années 80, avec ce son légèrement plus froid et ces chœurs emblématiques. Mais attention, ils en sont encore loin, ce "Firefly" reste totalement dans les années 70 au niveau des compositions. Et là, contrairement à "High and mighty", l'inspiration est présente du début à la fin ! Concernant la performance de John Lawton, certes, il ne possède pas les capacités hors du commun de David Byron mais il ne démérite absolument pas avec un coffre et une puissance très importants rappelant Ronnie James Dio amenant un côté hard rock direct plus prononcé. La réussite du disque ici, au delà même de la qualité des composition, se situe au niveau de la cohérence et de l'homogénéité du disque. Il est plus direct que les précédents disques, plus rock n' roll, et cela rend l'écoute du disque facile et agréable. L'album possède aussi des pauses plus calmes comme le single "Wise man" ou le final "Firefly" amenant de la variété dans ce disque réussi. Il lui manque juste un ou deux hits imparables et une intensité plus grande tout au long de l'album pour être un incontournable de la formation. Il s'agit sans aucun doute de leur meilleur disque depuis leur période de gloire se terminant avec "The magician's birthday". Franchement, ce disque arrive à point nommé dans la carrière du groupe qui s'essoufflait quelque peu. Ce changement de chanteur aurait pu sonner le glas d'Uriah Heep. Au contraire, il leur permet d'ouvrir un nouveau chapitre dans leur carrière déjà bien fournie. Grande réussite !