Nom d’un sort ! Pour la seconde fois, je rate le passage d’Ötzi en Suisse (ne pas avoir son permis a un prix à payer lorsque les concerts se déroulent en semaine à l’autre bout du pays) ; on va donc essayer de se consoler en parlant de leur premier album. Vous aviez rêvé d’une version deathrock de Malaria ! ? Non ? Tant pis ou tant mieux, la voilà. Beaucoup de qualités à lui trouver : notamment le travail à deux voix que je trouve remarquable et efficace tant pour souligner la mélancolie que pour jouer au yin et yang entre colère et prêche (‘Winter’, ‘Magpie’…), les mélodies ensuite, toujours aussi bonnes, avec des ambiances très travaillées. La production joue son rôle par le choix du dépouillement pour mettre chaque élément en perspective. Dernier point, pas de lassitude, le combo sait alterner entre post punk hivernal (‘Drought’) et des touches deathrock plus marquées (‘Ghosts’, ‘Cruel economy’, ‘Charms’, ‘Sunbeam’ ou un ‘Stigmata’ final bien punky), parfois à l’intérieur du même morceau. L’art de savoir être direct sans négliger les progressions. Il y a quelque chose de presque hypnotique dans cette musique, les musiciennes laissant volontiers tourner certains thèmes en les superposant une fois l’auditeur pris dans la transe. Révolte et mystique. À l’instar de bien des formations made in USA modernes, le trio mêle en effet philosophie punk et goût pour l’étrange car, après tout, les deux ne sont-ils pas plus liés qu’il n’y paraît ? Bien entendu, ça s’appelle le gothic rock dans son acception la plus authentique. Leur single en apéritif promettait beaucoup, l’album ne déçoit pas, il s’écoute tout seul et se révèle très bon, direct et subtil à la fois. Ne me reste plus qu’à espérer que la troisième fois sera la bonne…