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Crime And The City Solution › Paradise Discotheque
- 1990 • Mute Records STUMM 78 • 1 LP 33 tours
- 1990 • Mute Records CD STUMM 78 • 1 CD
cd • 9 titres • 36:11 min
- 1I Have The Gun3:34
- 2The Sly Persuaders4:10
- 3The Dolphins And The Sharks4:43
- 4The Sun Before The Darkness5:15
- 5Motherless Child3:49
- The Last Dictator
- 6The Last Dictator I4:40
- 7The Last Dictator II5:01
- 8The Last Dictator III4:33
- 9The Last Dictator IV2:48
extraits vidéo
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enregistrement
Enregistré au Conny’s Studio, Wolperath, en novembre 1989 par Bruno Gebhart et Gareth Jones, assisté de Inge Krauss. Prises complémentaires enregistrées au studio Tristonus, Berlin, par Gareth Jones, en janvier 1990. Mixé au studio Tristonus, Berlin, par Gareth Jones, en février 1990, sauf 1, mixée aux PreussenTontstudios par Thomas Stern, en mars 1990.
remarques
chronique
Au fait : il est parfait, ce nom de groupe. Énigme, question-réponse laissée ouverte, en suspens, en chien de fusil. La Cité est-elle la Solution ? Les Citoyens ont-ils plutôt statué une réponse, des moyens mis en œuvre – qui ne nous seront pas dits ? "Le problème de la civilisation" – mais est-ce elle, le problème, ou seraient-ce les sauvages qui veulent l’éviter, la fuir ou pénétrer ses couches pour faire vivre l’en-dehors à nouveau, le poison qui réveille ? Paradise Discotheque – ce titre-là aussi, tiens, est impeccable ; ils tracent Babel sur la pochette, eux qui causent l’Australien en plein cette Berlin encore scindée. Et puis… Ce disque est fantastique. Les anges s’en vont au lieu de perdition – ceux des deux sexes, et qui se rappellent qu’ils n’ont pas de sexe, ou bien qu’ils en ont un, dans les deux cas quelque chose alors vient à manquer. (« Parfois je me sens comme une enfant sans mère »… Le vieux spiritual encore repris – ici sous ces cieux froids, par ces gens pâles… « And a long way from Home »).
Plus que jamais le groupe maîtrise l’art des ruptures, des oppositions. (Le break du premier morceau, après l’un des refrains – « this road is my road, this road is your road »… variation d’exil du « This Land is my Land, this Land is your Land » de Woodie Guthrie ? Ah oui, et comme le titre, la voix dans la cassure dit : « J’ai le flingue »). Crime, là, touche à son plus haut raffinement – à sa plus noire et plus aveuglante intensité. À sa plus grande disparité, aussi, de genres, de formes – toujours ce fonds d’un folk travaillé par les villes traversées, laissées derrière, trouvées ; le cabaret Weill-Brecht investi par les textures de leur temps, de leur lieu – l’ère des stéréo acier-bruni, des alcôves d’écoutes aux moquettes et velours parfois d’un carmin sans tache, parfois salis, passés, imprégnés ; celle où l’on écoute ces choses, aussi, dans des caves aux murs perlés, air glacial et corps chauffés. Et puis Bonney, Bronwyn et compagnies infusent là, sans défaut, le liant – vecteurs d’un fragment aux autres. Entament à mi-chemin, cette fois, un vrai cycle, une suite – The Last Dictator. Triste, nostalgique, dérisoire. Mélancolie sous un ciel clair – qui ne s’éteint jamais et c’est bien ça qui blesse, qui épuise ou rend fou. (Ça et les substances ? Mais… Plus jamais de crises de furie apparente, ici. Nous avons appris, de toute manière, qu’elle soit permanente, tenue, retenue, sourde lancinance).
À ce degrés là d’accomplissement de l’idée – celle qu’ils avaient toujours déployée diversement, avant, façonnée depuis les débuts – parler de genres devient d’ailleurs dérisoire. Parler mécanique, écriture, sonnerait un peu froid – mais peut-être, permettrait d’approcher peu ou prou ce qui se joue. Une présence, leur esprit, dans ces pièces sans fautes – mais jamais désertées par les tensions, les douleurs, les espoirs… L’amour qui tire – du monde, des amours ; et vivre, qui ne semble jamais assez. The Last Dictator, donc, ses quatre phases qui me cueillent toujours – ces basses inexorables sur la partie II, cet orgue à sifflets, cette espèce de psaltérion qui refile l’humeur bleue (qui tire vers la teinte nuit – tout aussi inexorablement), sur la partie III… Après ça il y aurait un live – enregistré d’ailleurs en partie cette même année 1990, même si sorti trois ans plus tard (et un titre en studio s’y ajoutant, ramené d’une B.O. pour Wenders). Et puis vingt années de silence avant un retour – le groupe, son noyau, ayant enfin, ce coup, passé cet océan qui l’appelait depuis toujours. Au verso de celui-là (Paradise), la carte d’un autre continent, imaginaire – la Terra Australis (Magallanica), évoquée en premier par Aristote puis Ptolémée, qui obsédera, ensuite, la renaissance, navigateurs, graveurs de cartes. Il paraîtrait qu’après, un temps, une certaine école lui donnerait les contours, plus ou moins, de l’Australie. (Coïncidence saisie des mots…). Au recto, donc : cette Tour de la Glossolalie. Et si « discothèque », là, ne désignait pas le lieu où l’on danse enivré ? Et si c’était celui où sont tous les recueils des chants, des odes, des anathèmes et symphonies et poèmes monodiques depuis toujours écrits, et dits, et chantés, laissés dans les sillons, sur les bandes, codés en ondes magnétiques, en successions binaires. Ceux de toutes les époques et de toutes les terres et rues, et places – contrariées, abattus, érigés, à jamais liés, sans fin, et pour toujours contradictoires.
note Publiée le mercredi 10 octobre 2018
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