Je me suis souvent moqué des journaleux du canard local et de leur jeux de mots moisis pour pimenter l’actualité locale pas toujours folichonne. D’ un autre côté, je sais aussi qu’il n’est pas toujours évident de lancer un article. En chroniquant Plomb, il serait aisé de démarrer avec des conneries du genre ‘Voilà un groupe qui va vous plomber l’atmosphère…gna gna gna’; ce serait d’ailleurs inexact journalistiquement parlant car la musique du combo est plus vicieuse que ne le laisserait supposer leur nom, ceux qui ont écouté leur prometteur mini sont déjà au courant. Ils ont récemment ouvert pour Crisis, un choix logique puisqu’ils se profilent dans cette tradition de post punk sombre héritée des Britons et perpétuée dans l’Hexagone par Frustration, Danger et consorts, mais avec leur patte à eux. Le son de Plomb est plus sec, jouant volontiers sur un chassé-croisé de lâcher et de retenue, comme si l’on tirait sur une laisse pour mieux laisser filer ensuite (‘Daddy’s gone mad’). Quelques touches électroniques post-Kraftwerk, de discrets choeurs féminins, complètent l’aspect personnel, de même qu’un chant que l’on sent plus détaché (je n’ai pas dit moins convaincu ni moins convainquant), ironique parfois, comme si Plomb cherchait à ne pas se laisser piéger dans une dimension dramatique qu’il est également capable d’explorer. Les morceaux sont en effets bien construits, jamais monochromes, avec de solides mélodies et des arrangements efficaces, des parties calmes avant de relancer le rythme...Cool et menaçant ? L'enclume de Damoclès. 4,5/6