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Enregistré en 2000 aux Sound Dimension Studios, NYC ; Knitting Factory, NYC ; Tim Powell Studios, NYC ; par Jason Candler, Sacha von Gertzen, Tim Powell et Gary Lucas.Produit par Gary Lucas. Mastering par Lionel Nicod, Translab.
Ernie Brooks (basse sur 4, 9, 11, 12), Gisburg (voix sur 4, 9, 11), Jonathan Kane (batterie sur 4, 9, 11, 12), Gary Lucas (guitares acoustique et électrique, lap steel, électronique), Celest Chong (voix sur 2, 6, 8), Min Xao-Fen (voix et pipa sur 15)
L'édition originale (2001) est une coproduction Label Bleu/Indigo.
Drôle de cas, ce Lucas. Guitariste du Magic Band (de Beefheart) dans les années 80 (Ice Cream for Crows, Doc at the Radar Station…). Compagnon de studio (et de scène) de Jeff Bucley, responsable d’une grande partie des arrangements de guitares sur l’album Grace (et la compilation post-mortem Songs to No One – démos, prises live, répétitions). Leader du groupe Gods and Monsters. Avant ça – après, pendant – voyageur, curieux artisan, navigateur de destinées… Le type, dans les notes, raconte un choc et ses prémices : une « relation torride » avec une jeune Chinoise (via Singapour et la Sorbonne) qu’il avait suivie à Taipei (Taiwan) ; avant ça, une aventure initiatique avec une Italienne de vingt, vingt-cinq plus âgée que lui, à New York ; la découverte – de Taiwan à Hong Kong, en passant par la République (?) de deux chanteuses immensément populaires dans ces parages dans les années 30, 40 : Bai Kwong et Chow Hsuan. Lucas les joue, là, à cet autre port, station, étape. En solo – pièces d’un folk ouvert et personnel – ou avec d’autres voix mandarines, cantonaises, avec batterie et basse parfois. Du pentatonique, certainement. Des accordages inhabituels, n’en doutons pas. Un phrasé peut-être bien parti de John Fahey et d’autres « primitivistes américains » – vélocité rude mais fluide, accents d’un blues aux cordes sonnant limpides et timbrées à la fois. Expressivité, mélodies tournées. Sur les plages chantées : un certain goût des ambiances contrastées – mais toujours enveloppées de fumées, vapeurs, rosées qui nimbent, grisent. Cabaret robes moulantes imprimées aux cols qui escaladent les cous graciles. Falaises exposées et lumineuses des amours extasiées – malheureuses ou seulement… Extasiées. Hôtels à l’œil sourd-muet. Fumeries ? Un halo rêveur mais des lignes nettes, en tout cas. Quelque chose de gracieux posé sur le sol – à hauteur d’estrade devant le public mais pas plus. Un accès de jazz-country canailleux à la Nancy S. (avec un Lee Hazlewood qui aurait troqué les tiags contre une paire plus liseré rouge-dorée) sur I Wait for Your Return (et elle me plaît bien, cette Gisburg au timbre grave – parfait contrepoids à ceux plus « cristal » de Celest Chong et Min Xao-Feng). Ces bords du paradis – c’est lui qui le dit – ont bien une légèreté de parages célestes aménagés sur terre oui. Un souffle de vies terrestres qui les traverse, aussi – poids de désirs effleurés ou plantés qui s’ébrouent et s’éparpillent dans la bouffée (avant de retomber, le silence fait ?). De la chanson pour tout le monde – d’une ère et de lieux. Prise là par des amants-amantes du non-pareil. Subtiles, bleutées, fraîchement attisées. Courte suspension avant de retourner aux cargos – ou sauter à la nage depuis une rive ou l’autre de toutes sortes d’océans et de mers intérieures.
note Publiée le vendredi 14 septembre 2018
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Ah oui, chelou... Merci de la'voir signalé.
Je vois la pochette bleue tronquée à droite dans l’encart des derniers votes.
Oui, pas facile, mais vu le parcours du gars, il avait nettement "les billes pour" en s'attaquant au morceau... Ce disque, cette musique, ce serait tout à fait casable dans un mix/une playlist au milieu des trucs d'Alvarius B. (y compris ses "projets cairotes"), avec, je me dis, quelques extraits de B.O. seventies (je pense à celle de Jack Nitzche pour Vol au Dessus d'un Nid de Coucous par exemple), voire de plages bien choisies de Lee Hazlewood - et de là, pour glisser vers des trucs plus "manifestement" expé (via du Zorn versant The Gift/exotica, du Jun Miyake ou des trucs comme ça, genre).
Et c'est valable pour d'autres disques de lui, d'ailleurs (Lucas), son Bad Boys of the Arctic (de 1994) par exemple, très "country-folk alt-hollywood", ou les choses les moins "harsh" d'un "collègue guitariste" bien singulier aussi, Henry Kaiser - je pense à son disque de relecture de morceau du Grateful Dead, Eternity Blues, que j'ai je ne sais trop pourquoi tendance à rapprocher de Lucas, dans mon oreille psychonirique.
Bien chouette disque que ma platine a plaisir à retrouver! Pas forcément gagné pourtant au départ de trouver un ton à la fois personnel et juste sur un tel projet de réappropriation, mais pari réussi. Merci pour le coup de projecteur!