Thou › The House Primordial

Quand on écrit sur de la musique, on exprime des processus, affects ou névroses décrits de nombreuses fois par les critiques de la critique : bavardage autocentré, autodidaxie, orgueil et jalousie mal digérés, mais aussi, et heureusement qu'on se l'imagine, une envie juste d'écrire, et aussi de créer sur le monde, comme les artistes eux-mêmes, comme si leurs créations étaient elle-mêmes des objets "naturels" qui pousseraient comme des arbres ou bien comme des orties, à partir desquelles on trouverait l'inspiration, comme des muses, comme Thou la taquine en lui-même et autour de toi. Chez Thou, on est dans le domaine ronces et autres urticaires, on s'attarde sur "l'indifférence externe", et l'équilibre entre honte et export de cette douleur contre les dominations diverses. Bref, chez Thou, on peut faire preuve de recul sur toutes ces étapes de la création et du commentaire sur les réalités, et c'est pour ça que j'aime écrire sur Thou - oui, il y a autre chose qui domine l'écriture sur la musique, c'est l'amour ! Bisou. Donc, avec Thou, on peut imaginer qu'on peut produire de la musique à son rythme, selon des formats choisis du début à la fin, avec le discours qu'on veut, malgré toute la pression que l'environnement peut avoir sur nos prétendues libertés, notre prétention à se sentir unique, pas pareil, mieux, ou moins bien. Ici, le groupe ne nous sort pas juste un album après "Heathen" et ses collaborations ou compilations diverses, mais un triptyque d'EPs prélude au prochain album "Magus", qui se veut peut-être à la fois chansons sur les maitres ou sur ce qui nous dépasse, mais aussi, peut-être sur un grand oeuvre produit par le groupe, avec donc clins d'oeil habituels à l'alchimie qui peut se pratiquer comme un hobby ou comme un trouble obsessionnel compulsif . Chaque EP se voudra comme des incursions vers des pratiques inhabituelles quand on connait le groupe : ici ce sera ces plages ambiantes un peu sombres qui ne sonneront pas très originales à mes oreilles mais seront vigoureusement contrebalancés par des morceaux stylistiquement très proches de ce que Thou a produit avec The Body, donc du doom lyrique et désespéré à la Thou avec encore plus de saturation et de parasites sonores. Le rendu général est violent, abrasif et quand même un peu étouffant, ne pousse pas à la bonne humeur mais plutôt à un misérabilisme contrebalancé par des réactions épidermiques à cette torpeur qui pose des poids à chaque cheville, qui traite chaque pas comme une putain de chirurgie médiévale. Premier EP donc pas cool du tout, ce qui est évidemment un bon point, et augure je ne sais quoi pour la suite ; et ce n'importe quoi arrive, tel un cavalier puant le soufre et les fraises tagada !