The Damned › Live in Margate

Il n’y a pas que les vrais roudoudous qui coupent les lèvres et niquent les dents, il y a aussi les rock candies qu’on trouve dans les stations balnéaires britanniques. Margate en est une. Typique. Avec la grande roue réglementaire, les machines à sous, les baraques à hot dogs et coquillages, car en Irlande ou en Grande-Bretagne, aller à la plage, ce n’est pas tant pour se baigner que pour vivre une ambiance de fête foraine en costume de bain. Margate est aussi la ville où les Damned ont achevé leur tournée britannique des 40 ans du groupe. Belle opportunité pour enregistrer un live et faire patienter les fans avant la sortie de ‘Evil spirits’. Encore un live ? Yes sir mais il faut admettre qu’ils ne se sont pas foutu de la gueule du monde: double, avec un sacré choix qui a tout d’une rétrospective dans la set-list ! L’intégralité du premier album accompagné de chansons piochées dans le reste de la discographie, notamment, et c’est tout l’intérêt, dans ‘Strawberries’, ‘The Black album’, ‘Anything’, ‘Grave disorder’, bref des disques peu représentés dans les live officiels du combo. Le premier cd démarre donc sous le signe du punk. Les musiciens sont en forme et Captain Sensible jovial et goguenard à son habitude. Mais ces compositions sont connues, c’est ensuite que ça devient plus intéressant. Franchement, c’est excitant d’écouter ‘Street of dreams’ version la scène; comment en retranscrire la richesse des orchestrations ? La réponse, c’est Monty Oxymoron, le diabolique clavier au look de savant fou version ado. Ce mec a tout ce qu’il faut dans les doigts pour permettre aux Damned d’interpréter des chansons des albums cités au-dessus sans en perdre la substance (notamment la touche psychédélique post-Beatles développée par les claviers). Du coup, c’est l’éclate sur scène et grâce à l’excellente qualité sonore, l’auditeur en partage un peu l’adrénaline. Il faut dire que la date originelle prévue était le 9 décembre 2016 mais des raisons de santé ont conduit à un ajournement de dix jours. Les Damned apportent suffisamment d’énergie pour faire oublier ce délai. Quarante ans de carrière, avec certes quelques bas et Dave Vanian comme unique membre permanent. Quel chanteur, ce mec ! Non seulement dans la qualité de son timbre mais aussi sa capacité à le moduler dans plusieurs registres, avec une sensualité à faire mouiller la culotte de la plus endurcie des punkettes (pas sûr que la mienne soit très sèche non plus). Bref, à mon sens, ce double live n’a rien d’un disque alibi ou de remplissage; derrière sa pochette carte postale estivale (même le vampire Vanian tient un ballon de plage rouge), il constitue un excellent résumé/témoignage de la vitalité et l’humour spécial d’une formation à l’énergie et au mordant intact après tant d'années à écumer les scènes et les studios. J’oubliais, la particularité des rock candies est qu’on trouve le nom de la localité en sucre gravé à l’intérieur du rouleau; cocasse clin d’oeil qu’un modèle ‘Damned’ soit sorti pour l’occasion. Si vous avez des plombages, par contre, quelques fudges seront plus indiqués…