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Adam Lee Miller, Nicola Kuperus
The Way Things Fall commence dans une hystérie poppy-électronique pas plus garnie qu'un Depeche Mode première période. Avec un peu de synthétiseurs à la Ultravox seconde période. Une sauterie ultra-aseptisée, comme cryogénisée. Des tubes - chirurgicaux. Plus loin le froid, le minimalisme et les médicaments auront déjà fait effet : "Love lies... It's no surprise"... Ce ne sont au début que des chansons très "clean", très "cheap" et aux airs nunuches, qui amusent ou agacent, mais qui, rangées trop vite sous une étiquette "electroclash", se révèlent vite peu sympathiques. Et hautement radioactives pour le moral. Cette musique est froide. Blanche. Propre. C'est le parfum du sentiment de rien, dans un rien sans limites sinon celles, brillantes, inquiétantes, d'un carrelage refait à neuf en un passage-éclair d'éponge tel qu'on en voit dans ces pubs pour détartrant miracle... C'est un visage du matin sous une lumière neutre de LED, encore moins saine que celle des néons... Miss Kittin & The Hacker ? Du gadget artistique. Cet Adult. est comme la molécule de la new wave 100% synthétique, qu'on aurait isolée dans un vide parfait. Ou délivrée sous la forme d'un comprimé blanc rectangulaire qu'on peut s'imaginer sécable en quatre : trois quarts qui tapisseront le moral de givre, un quart qui glacera le cœur. Qu'elle évoque une forme déprimée d'italodisco, du Lio pour une chimio, ou le fantôme d'une Siouxsie abandonnée dans une crevasse, cette musique est hantée par Madame Nicola K. et sa rigidité vocale germanique. Adult. sont pourtant américains... mais ils sont de Detroit, ville qui peut être vue comme une Allemagne dans l'Amérique. Ils miment méthodiquement (voire sadiquement) une certaine école "new wave froide" typiquement européenne, au point de sonner plus froids que bon nombre de ses représentants 80's. Atteignant même à un certain point le niveau de stupeur intense d'albums nommés Closer ou Magic. L'enchaînement "A Day Like Forever / We Will Rest" est explicite... et fatal. "We will rest, rest like sinking ships"... Musique suicidaire à la pureté de diamant. Passage sans retour. Ni l'envie de continuer ni l'envie de partir - juste l'état intermédiaire, à durée indéterminée. The Way Things Fall parle d'une angoisse contemporaine intimement liée aux technologies qui nous enferment, une peur sourde qui n'a pas cessé de grandir depuis les années new wave. Celle de l'isolement, même à deux. Routine et surgelés. Internet et canettes en aluminium (bien toxique sur le long terme, l'aluminium... Internet, n'en parlons pas). Pop-Miroir. Les dents ne claquent plus, le gel a fixé les mâchoires. Nos gencives sont en céramique... D'ailleurs, tout l'album est comme ça : en céramique. Il me fait penser à une baignoire dont on fixerait le blanc parfait, jusqu'à en avoir un vertige nauséeux... Il ne faut pas rester trop longtemps dans sa salle de bains... Ce peut être dangereux. On y reste seulement si on veut être encore plus propre ; très, très propre. Jusqu'à devenir transparent. Jusqu'à disparaître.
note Publiée le lundi 2 avril 2018
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Merci.
Pareil, ça fait plaisir de retrouver ton verbe!
Ah ça c'est du lourd le retour du corbac !
Oui et OUI.
Franchement, que c'est bon de te relire !