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Depeche Mode › Spirit

cd • 12 titres • 49:24 min

  • 1Going Backwards
  • 2Where's The Revolution
  • 3The Worst Crime
  • 4Scum
  • 5You Move
  • 6Cover Me
  • 7Eternal
  • 8Poison Heart
  • 9So Much Love
  • 10Poorman
  • 11No More (This Is The Last Time)
  • 12Fail

informations

line up

Andrew Fletcher (claviers, basse, synthétiseurs, chœurs), Dave Gahan (chant), Martin Gore (claviers, guitare, chœurs, chant)

chronique

Spirit est un album de Depeche Mode... convenable. Mécanique, autant que passionné. C'est son côté "classique instantané" voire "album fédérateur", sonnant un peu trop préfabriqué, qui m'a d'abord inquiété. Nos vieux garçons coiffeurs sont coutumiers du fait, pour ne pas dire récidivistes caractérisés, et ça peut blaser... Mais évacuons d'emblée le fécal : arrivé au bancal "Eternal" (Martin Gore a su faire tellement plus poignant avec moins de baroufle) je suis toujours franchement gonflé à ce moment du disque, et à chaque fois désappointé devant ce bidule dark-poussif choisi comme final, "Fail" (avec un intitulé pareil, aussi)... Les deux titres chantés par Martin sont bien des fiascos, rappelant le truc-machin-chose Sounds of the Universe, ce Depeche Mode du monde des catalogues Ikea... C'est grave, docteur... Heureusement, Spirit m'a toujours reconquis avec son entrée en matière aussi épique qu'un générique de début peut l'être, autant qu'avec son "Scum" qui serait aussi fin que du Marilyn Manson si Gore n'avait cette élégance même pour la pop "industrielle" au grip neuronal bien poisseux... J'ai été autant charmé par le gnan-gnan mais imparable "So Much Love", la sensuelle "You Move", ou encore le simple mais beau "No More" avec son ambiance nocturne ultra-veloutée digne d'un Michael Mann... Sont pas encore périmés, les vioques ! Même s'ils se reposent depuis un bon bout de temps sur leurs lauriers : c'est du bon gros laurier bien robuste, hé ! Spirit est sans doute meilleur que son single "Where's The Revolution", tube sympa mais vite éventé, qui semble avoir été conçu pour être réutilisé à l'insu de son plein gré dans une de ces pubs pour smartphone "révolutionnaire" avec des cons heureux plus lisses que des Sims... monde cynique de merde... Spirit est aussi meilleur, ça va sans dire, que son emballage très Nouvelles Galeries (donc très "mode"), aussi nul que ceux des trois précédents albums, qui nous engage plutôt à mater les photos griffées Corbjin de nos vétérans posant comme des blades-runners en Burberry, en bons patrons de la pop romantique du futur - de la pop tout court - conscients de dominer le "game" depuis si longtemps qu'on se souvient plus trop quand ils ont été couronnés (au moment où Dave Gahan s'est assis en roi dans le-clip-que-vous-savez, sans doute). Avec les masses en main qui rappellent la pochette de Construction Time Again. Un Depeche Mode des années Trump/Daesh/Poutine qui répond à celui des années Guerre froide ? La musique qu'ils nous proposent ici ressemble en réalité à un compromis entre Playing The Angel et Delta Machine. Le khôl un peu dégueulasse du premier, la volupté crâneuse du second. Et la voix de Gahan souvent distordue-encrassée, effet "costard froissé", pour le côté "rock star mal rasée qui a survécu à la drogue et à la dépression et qui se porte bien", à la Ultra, à la "Barrel of a Gun". Voire pourquoi pas une parenté avec l'évanescent Exciter, sur des titres plus sereins, parfois paresseux, parfois prenants, ou les deux ("Cover me", morceau-aurore boréale-blue lagoon plutôt bon) avec cette morbidité subtile héritière de l'ambigu "Waiting for the Night", donc de Violator. Du beau linge, tout de même. Spirit est bien un énième "album-synthèse", à la fois pépère et angoissé, suivant une recette bien dosée, et qui sera à ranger parmi leurs plus sombres. Finalement, Depeche Mode sont un peu les plus proches parents de Killing Joke dans cette caste ultra-restreinte des groupes new wave intelligents et spirituels qui alignent encore de solides albums après trente ans d'existence. En tout cas je l'ai ressenti comme ça très fortement sur la solennelle "Going Backwards", premier et (hélas ?) plus puissant titre de l'album sans conteste. Le véritable hymne de Spirit, aussi ténébreux et triomphal qu'un "Black Celebration" ou un "I Feel You", et aussi coriace aux réécoutes. Tube crépusculaire pour toute la population connectée-zombifiée des années 2010, qui en précède une plus morbide encore, voire morte à l'intérieur... "We feel nothing inside"... Gahan en prêtre soul-goth désenchanté juché au sommet du monde et scrutant les ruines à venir, soutenu par Martin en état de grâce mélodique. Une andropause tranquille, donc. Et des choses à dire, encore. En surface comme en profondeur.

note       Publiée le mercredi 28 mars 2018

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Note moyenne        14 votes

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allobroge Envoyez un message privé àallobroge

J’avoue j’étais un peu sévère, ne me bouffe pas un œil corbac, l’album est remarquable de bout en bout. Martin, le sorcier des synthes et de la mélodie est de retour !

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born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

C'est rigolo, si y a en bien UNE, perso, qui fait Soft Cell, c'est... "Ghosts Again". Et pas que parce qu'il parle de helloes et goodbyes.

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Caroline's Monkey est cool ouais, feeling bien Soft Cell. (My Favourite Stranger, elle, fait penser à du Some Great Reward remixé par Playing the Angel).

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Dale Envoyez un message privé àDale

Ce Memento Mori, bon sang, c'est quelque chose. Après m'avoir laissé à la porte à la première écoute (catastrophique n'ayons pas peur des mots), il m'a complètement retourné dès la seconde écoute... Et depuis une semaine c'est trois écoutes quotidiennes minimum. Il s'écoute d'une traite et aucun maillon faible... à l'exception de MFS, le canard boiteux à la prod énorme pour cacher la misère. C'est con il commence super bien les 30 premières secondes... qui vont se répéter ad nauseam: 4 lignes de chant sur la même tonalité, pas de pont, pas de refrain. Par contre Caroline's Monkey, pas mal conspuée un peu partout, est un grand morceau. Il me rappelle le dernier (et ultime, sniff) Poni Hoax...

Raven Envoyez un message privé àRaven
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L'intro et l'outro du dernier sont juste mortelles, déconne pas Brobroge ! Et la mimi "Wagging Tongue" n'est pas loin (très OMD/Kraftwerk mais avec son truc à elle, subtil, et puis ce passage instru pur synthé compote de néons mijoté par le p'tit père Martin, waouw).

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