Vous êtes ici › Les groupes / artistesGGoatsblood › Drull

Goatsblood › Drull

cd • 8 titres • 37:49 min

  • 1Drull
  • 2Ashtray Cunt Eyes
  • 3Skulton River
  • 4Beatrice Hog
  • 5Birth of Cousins
  • 6Itchyhatetrigger
  • 7Coelacanth
  • 8Leechbag

informations

Enregistré par Tim + Jason aux Ear Art Studios (Delta, BC, Canada) et mastérisé par Steve Austin dans ses studios (Clinton, Massachussetts, USA) en 2002.

"Musick + Art by Goatsblood"

chronique

Je me lève enfin et, une fois debout, j'ai cette sensation d'être encore plus couché... Mon âme est accroupie dans mon cerveau, mes cernes sont mes yeux, ma peau mes os, ma langue une éponge dans un appartement abandonné, une haleine de grade terroriste ponctue chacune de mes expirations tandis que je retourne à mon bureau en putréfaction. Mon choix instinctif ? Goatsblood. "Sangdebouc". Nom simple et sale qui vend du cauchemar, sans fard. La pochette, même constat. D'un point de vue impact visuel voilà du dessin rudimentaire mais pas manchot (plutôt moignon ?) qui en dit assez sur le contenu. Les couleurs c'est coloré, ça sent les choix, ça sent la vie... mais à un moment les yeux en ont marre, la mort les repose. Du moins l'esthétique morbide, qui a ce quelque chose de confortable. On revient donc au prolétariat du graphisme, noir et blanc, misère de teintes qui fait toujours travailler le cerveau même imbibé... Le titre se défend bien aussi : "Drull". Dites-le à voix haute avant d'écouter l'album, comme une invocation rituelle : "DRULL". Un nom de bête mal définie, comme la musique très "dry" de ces canadiens. Et vraisemblablement inspiré par World Of Warcraft, le blase, mais je ne peux vraiment me présenter ce disque comme issu de ce genre de merde ; s'il me faut vraiment lier à la fantasy (ce genre de merde) avec un canon sur la tempe, je le vois alors bien plus comme torturé et recroquevillé, à la Sméagol adorant un anneau de grenade à fragmentation... Le son de Drull explose d'ailleurs dès les premières secondes, quand l'espèce d'énergumène hystéroïde au micro, qui fût peut-être humain jadis, s'égosille comme un damné plongé pour l'éternité dans un puits de seringues. La voix de ce cas social, famélique, haineuse et stupide (dit autrement : "black metal"), évoque souvent une version infernale de ces gros demeurés qui hurlaient "Wazaaaa?!" quand c'était à la mode... Attaque aussi acide et abrasive (je diagnostique une angine sèche, sans glaires) qui sera suivie à la lettre sous toutes les contorsions possibles, Drull se plaçant au niveau des plus corrosifs et urticants Today is the Day, dont il est le parent direct (mastérisation signée Steve Austin donc aussi concernée par le moelleux qu'un vinaigre blanc premier prix) autant qu'un des rejetons les plus défigurés et lépreux de Black Sabbath. Today is the Sabbath ? Black is the Day ? Pas aussi évident... La confusion mentale des gars de Goatsblood est permanente et leur sludge s'en ressent. D'où cette pochette, sans doute. En tout cas c'est certain : ils font une musique ultra-masochiste et toute aussi violente avec les autres. Goûtez donc ces guitares lamineuses, leurs assauts d'une imprévisibilité élastique de super sayian alcoolique, ces "riffs" archi-agressifs qui vous sautent à la jugulaire toutes canines dehors tels des hyènes-alien si par réflexe vous bloquez latéralement la caboche en posture dite de Stephen Hawking pour protéger la carotide ; ils s'acharnent à granuler l'atmosphère, transmutant l'air en acide et l'eau en huile de vidange usagée, équivalent sonore d'un Jackson Pollock restreint au noir. La rythmique fait rimer "freestyle" avec "cancer", révélant une capacité au groove psychopathe assez rare, un sludge protéiforme (comme l'est originellement le sludge, cette étiquette odieusement usurpée par des groupes n'ayant pas un gramme de punk). Drull ? Une musique purement instinctive car ivrogne, visant toute cible à portée, prenant par mimétisme malsain la forme de doom ou de stoner avec la facilité d'une tumeur fulgurante. De ce point de vue - flexibilité et efficacité dans le n'importe quoi éthylique - Drull surpasse peut-être même In The Name of Suffering... Finalement on ne sait jamais vraiment si tout cela a été pensé par un esprit malin féru de structures retorses, ou exécuté en défouloir total par des tarés congénitaux en état de psychose. Peut-être bien les deux. Drull est dur, parfois pénible, paradoxalement fluide, et garni de détails biscornus, volontaires ou non, qu'on remarque de plus en plus au fil des réécoutes, saisissant même par moments des embryons de mélodie sous-jacents (ou accidentels ?) qui agonisent dans la piscine de limaille avant de retourner au néant... ou atteignent par miracle le stade du joli solo de guitare ("Beatrice Hog"), bien vite corrigés par le Dégoût et la Crasse. C'est bien quand le sludge évoque une musique belle et émouvante qu'on a corrompue et souillée avec acharnement, qu'il est le plus fascinant. Car après toutes ces meurtrissures, ces irrégularités, quand, approchant la fin, cet album d'une rare laideur prendra quelque sens dans son singulier mazout, une fois que vous serez exsangue sous la nuée d'insectes indéfinis et de miasmes venus mourir en tous sens dans vos oreilles, vous y percevrez peut-être une forme de lumière (pourquoi pas au moment de "Coelacanth", menace rampante drainant le stoner en zones souterraines avant de muter en quasi-progressif sur cordes sèches). Et saisirez peut-être mieux que moi les contours de cette difformité bestiale.

note       Publiée le mardi 27 mars 2018

dernières écoutes

    Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Drull" en ce moment.

    tags

    Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Drull".

    notes

    Note moyenne        7 votes

    Connectez-vous ajouter une note sur "Drull".

    commentaires

    Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Drull".

    merci pour le fusil... Envoyez un message privé àmerci pour le fusil...

    Plus stoner coupé au doom qu'über-doom, en vérité.

    Raven Envoyez un message privé àRaven
    avatar

    Goastnake sont pas über-doom-méchant, ils sont plus über-doom-gentil. Goatsblood, c'est pas pareil. Du tout.

    Note donnée au disque :       
    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    merci pour la découverte (oui on dirait du EHG, du Soleil vert et du Steve Austin mélangé)

    Note donnée au disque :       
    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
    avatar

    Non seulement Drull, mais le groupe ! j'ai toujours confondu tous ces groupes über-doom-méchants à noms de bouc, Goatsnake (eux, j'aime assez), Goatsblood, Goatsmilk, Goatshoney etc...

    born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

    La vache, il existe donc des gens qui ne connaissent pas Drull. Raven, déclaré d'utilité publique.

    Note donnée au disque :