Ultravox › U-Vox

‘Que veux-tu qu’il se passe d’humain autour d’une boîte à rythmes ?’, confiait Midge Ure à la parution de leur huitième album dont il semblait si fier. J’avais 14 ans alors, je m’en foutais un peu, mais aujourd’hui je ne suis plus dupe. Warren Cann, le batteur venait de se faire lourder, lui qui, étonnamment vu son instrument, appréciait les rythmes new wave carrés du groupe, quitte à expérimenter avec des boîtes justement… Pas de bol, juste au moment où à l’instar de nombre de leurs confrères britanniques (Simple Minds, Tears for Fears), Ultravox décident de tourner le dos aux années synthétiques pour composer une musique plus organique qui achèvera de sceller leur destin car, on le sait aujourd’hui, être dans l’air du temps n’assure au mieux qu’une gloire éphémère. Le piètre ‘U-Vox’ n’est assurément pas le disque cité dans les références. Déjà le single, ‘Same old story’ : des cuivres affreux, des chœurs féminins, les guitares FM… Bref les gimmicks 80’s dans leur horreur. Dommage car le morceau lui-même n’est pas si mal écrit et gageons que dans une version démo plus épurée, il passerait la barre. On n’en dira pas autant de ‘Sweet surrender’, ‘The prize’, ‘Time to kill’ juste affreux et même pas sauvés par leur mélodie, idem pour le pompier ‘Follow your heart’ à zapper sans modération. Curieusement, ce qui sauve vaguement les meubles dans ce naufrage artistique, c’est ‘Dream on’, le titre le plus synthétique ironiquement (tout sauf un chef-d’œuvre mais plaisant) et son antithèse, la ballade aux accents irlandais ‘All fall down’ (épaulée par les Chieftains d’ailleurs). Je la trouve un brin longue mais elle est plutôt authentique et belle avec ses accents mélancoliques. Soyons beau joueur, ‘Moon madness’ s’ajoute à ce duo ‘gagnant’, éventuellement ‘All in one day’ mais avec beaucoup d’imagination parce que les arrangements kitsch (flagrants sur la version instrumentale) ruinent un beau potentiel. Le très gros joker du groupe demeure le chant de Midge Ure avec ses intonations si particulières ; ôtez cet élément aux morceaux retenus du bon côté de la force et ils s’effritent comme du verre. C’est dire si cet album ne repose pas sur grand chose et certainement pas sur la qualité de sa musique. Il précipitera la chute définitive du combo (même si Billy Currie en usurpera le nom pour deux albums pathétiques au cours des 90’s) qui aurait mieux fait de s’abstenir et splitter après ‘Lament’. Pas étonnant que son nom ne figure même pas sur l’infâme pochette car il n’y pas de quoi être fier.