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Chet Baker › Sings

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Richter      lundi 4 janvier 2021 - 22:04
Dioneo      mercredi 28 février 2018 - 01:07
Seijitsu      mercredi 28 février 2018 - 09:30

cd • 14 titres • 44:21 min

  • 1That Old Feeling*3:02 [L. Brown/S. Fain]
  • 2It’s Always You*3:33 [J. Van Heusen/J. Burke]
  • 3Like Someone In Love*2:24 [J. Van Heusen/J. Burke]
  • 4My Ideal*4:20 [Robin/Chase/Whiting]
  • 5I’ve Never Been In Love Before*4:26 [Frank Loesser]
  • 6My Buddy*3:19 [G. Khan/W. Donaldson]
  • 7But Not For Me3:02 [G. Gershwin/I. Gershwin]
  • 8Time After Time2:45 [S. Khan/J. Styne]
  • 9I Get Along Without You Very Well2:58 [Hoagy Charmichael]
  • 10My Funny Valentine2:18 [R. Rodger/L. Hart]
  • 11There Will Never Be Another You2:59 [H. Warren/M. Gordon]
  • 12The Thrill Is Gone2:50 [Brown/Henderson]
  • 13I Fall In Love Too Easily3:19 [C. Khan/J. Styne]
  • 14Look For The Silver Lining2:40 [B. Desylva/J. Kern]

informations

Pistes 1-6 enregistrées les 23 et 30 juillet 1956 au Forum Theatre, Los Angeles, Californie. Pistes 7-14 enregistrées le 15 février 1954 aux studios Capitol, Hollywood, Californie.

La version chroniquée est celle de la deuxième édition du disque, sortie en 1956 sur vinyle 12” par Pacific Jazz, ajoutant six pistes à l’édition initiale de 1954 parue sur disque 10” (shellac/gomme-laque) sur le même label. Les morceaux de cette séance sont marqués d'un "*"

line up

Chet Baker (voix et trompette), Russ Freeman (piano et céleste), James Bond (basse sur 1-6), Peter Litman (batterie sur 1, 2 et 5), Carson Smith (basse sur 7-14), Bob Neel (batterie sur 7-14)

chronique

Je dois bien dire : je n’aime pas Chet Baker. Je ne déteste pas, non-plus. Et pourtant à chaque écoute… Eh bien aucune tiédeur. C’est autre chose – la question, le "problème", ce qui se passe, pourquoi-j’y-reviens-alors. Chet Baker est absent. Cette Musique est parfaite. Parfaitement apocryphe – et pas seulement, pas tellement parce que rien, ici, n’est écrit par ce type (pratique pas du tout exceptionnelle, au vrai, dans le jazz, à cette époque et d'autres). Ses sidemen – hommes de côté, littéralement, faire-valoirs si on joue moins au con ou au malin avec la traduction - sont bons, très bons, dans ce registre west-coast, jazz caressant qui ne trouble pas le cocktail, sa couleur, mais l’altère en mieux, fait passer le sucre. Le sucre compense. Baker est bon aussi, d’ailleurs, son chant touche réellement – malgré lui peut-être, malgré l’homme, peu importe, malgré même le musicien. Peu de notes, juste ce qu’il faut. "Comme Miles" ? Non. Pas la question, cette fois aussi, la poser est quiproquo. Je n’ai jamais pu aller plus loin – il paraît, et même vraiment, j’ai essayé : que ce type a fait mieux, plus plein ou plus terriblement épuré, squelettique, avec ou sans le manque, malgré ou à côté des désastres personnels. Pas réussi. Et dès là – et à ce disque auquel je me tiens – c’est l’échec accompli. Et choyé par celui qui le joue, qui le vit sur la bande – et non-merci et j’écoute tout de même, et tout de même je trouve ça bon. Cette musique est déjà usée, vide, absence, compensation par l’esthétique, mensonge par là et aveu de même – avant même la came, les dépendances ; il semble qu’alors Baker n’était encore "collé" à rien, n’avait peut-être même pas tâté à l’héroïne, ce truc qui allait le tuer et faire sa pauvre légende. Le creux des joues est là pourtant, dès ces débuts. La beauté déjà morte – indifférente, plastique mais pourtant n’appelant à aucune empoignade, à aucune étreinte. Un jazz écarté de la chair. Dans le fond l’idéal clamé par le pays, l’union, dans son confort – ne les dérangez pas avec des élans, des frissons. On sort avec les Beaux, les Belles, parce que ça flatte l’œil, parce que c’est populaire. Jazz cool, côte ouest, donc – c’est à dire bepob épuré des notes en trop (celles qui comptaient, cherchaient, sortaient du cadre, trouaient le paysage). Timbres blancs sur tout, pas enroués mais parfois empâtés, volontiers – la voix et la trompette, encore, même la rythmique piano-basse-batterie, qui ne risque pas l’abstraction comme par exemple chez Bill Evans, qui ne quitte pas la ligne. Lounge, musique Martini – hasard cocasse (?), le bassiste de la session de 1956 va jusqu’à se nommer James Bond, c’est dire si cette musique est au pas, costumée. Pourtant ça swingue. Ça dérive sans oser plus et ça vous passe son bleu léger – trop léger pour qu’on lâche ou qu’on veuille s’y enfoncer. C’est curieux – est-ce un choix, est-ce "comme ça", est-ce juste le répertoire admis là et à ce moment – comme tout là-dedans parle de ratées, occasions négligées, nostalgies de ce qui pourtant est là, maintenant, normalement en train. Comme tout se conclura sur un avenir hypothétique – hypocrite, même… "Cherche la ligne argentée", au ciel, qui veut dire en substance : mais tout de suite (et demain, et demain encore, qui seront d’autres tout-de-suite) ne fais rien. Rien. Et malgré soi – malgré la séduction de surface, les romances sans amour, sans chair attrapée, eh bien ça pénètre et donne envie de doucement chialer. Automne perpétuel – et chaud sans cesse comme ce rivage qui ne peut ni brûler ni même mourir de froid. Chet Baker, des années après, mourrait à Amsterdam en tombant d’une fenêtre (on ne saura jamais vraiment si accident ou non). Déjà, là, elle est ouverte, étroite, et le sol qui appelle, en bas. Il n’y a personne dehors sauf la foule qui adule. Le bleu du Pacifique, peut-être, n’avait jamais semblé aussi indifférent dans sa teinte sans fond.

note       Publiée le mercredi 28 février 2018

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    Richter Envoyez un message privé àRichter

    Normalement ce genre de jazz vocal ce n'est pas fait pour moi. Et pourtant j'adore cet album. Je l'ai beaucoup écouté ces dernières semaines et chaque fois Chet arrive à me toucher en plein coeur. Mais je comprends qu'on puisse être hermétique à ces chansons.

    Note donnée au disque :       
    Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile

    Le pathos développé par Baker, on adhère ou pas. C'est un peu comme pour les enregistrements "tardifs" de Billie Holliday (et pas seulement pour le Chet chantant). Ca peut encore faire son effet sur quelques sessions ici et là (l'assez beau "Diane" avec Paul Bley). Si on veut se rendre compte de ce dont le bonhomme était capable, il faut aller voir du coté du quartet avec Gerry Mulligan et ses enregistrements avec Russ Freeman sur Pacific Jazz. Il y a bien le fameux "Chet" sur Riverside, où il est bien supporté par son casting, dira-t-on.

    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
    avatar

    J'ai vraiment essayé avec Chet mais hormis le beau et feutré 'My funny Valentine', je n'y arrive pas...

    Moonloop Envoyez un message privé àMoonloop

    Bien cru qu’il était défenestré une fois de plus dès (ou à) l’entrée de la chronique, le Chet Baker… Loin d’avoir tout écouté de lui d’ailleurs mais, dans le cas présent, je n’avais pas du tout adhéré à ses disques des années 50 (dont celui-ci). Par la suite, j’ai écouté, entre autres, « She Was Too Good To Me » de 1974 (avec clavier électrique), puis deux disques des années 80 (1985/86), à savoir: « As Time Goes By » et « Chet Baker Sings Again », assez « sympas » dans l’ensemble, avec cette impression que le gars s’en sort toujours "mieux" dans les « ballades » ou autres pièces nocturnes (Angel Eyes , I Can't Get Started, My Funny Valentine…). Après, oui, ça reste souvent très « poli », voire convenu. Rien à dire sur la qualité des musiciens, mais il faut aller voir ailleurs pour l’aventure ou si l’on est en quête d’une certaine « intensité » …

    The Gloth Envoyez un message privé àThe Gloth

    Il a passé pas mal de temps en Belgique aussi, notamment à Liège chez son ami Jacques Pelzer, jazzman emblématique de la ville et pharmacien de profession... d'après la rumeur, la plupart des opiacés n'étaient pas consommés par sa clientèle.