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Angelo Badalamenti › Music from Twin Peaks

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David Locke      mardi 27 février 2018 - 16:16
Dioneo      mardi 27 février 2018 - 15:57
Dead26      mardi 27 février 2018 - 07:09
Ntnmrn      mardi 22 mars 2022 - 00:42
Demonaz Vikernes      vendredi 2 mars 2018 - 09:25
Raven      jeudi 1 mars 2018 - 01:27
Klarinetthor      mardi 27 février 2018 - 09:24
Ultimex      mercredi 8 juin 2022 - 11:46
Richard      lundi 21 mars 2022 - 10:51

cd • 11 titres • 49:50 min

  • 1Twin Peaks Theme4:45
  • 2Laura Palmer’s Theme5:08
  • 3Audrey’s Dance5:15
  • 4The Nightingale4:54
  • 5Freshly Squeezed3:48
  • 6The Bookhouse Boys3:24
  • 7Into the Night4:42
  • 8Night Life In Twinpeaks3:23
  • 9Dance of the Dream Man3:39
  • 10Love Theme from Twin Peaks4:34
  • 11Falling5:18

informations

Enregistré et mixé au studio Excalibur Sound par Art Pohlemus, sauf 4, 7 et 11, mixées par Jay Healy au studio Hit Factory. Masterisé par Howie Weinberg au studio Masterdisk. Produit par David Lynch et Angelo Badalamenti.

Il s’agit de la bande son de la première saison de la série créée par Mark Frost et David Lynch et diffusée pour la première fois sur ABC le 8 avril 1990 (aux États Unis) et le 22 avril 1991 sur La Cinq (en France), et non de celle du film Twin Peaks : Fire Walks With Me, sorti par le même Lynch en 1992, qui fait l'objet d'une autre chronique.

line up

Angelo Badalamenti (composition, orchestrations, arrangements ; synthétiseurs et piano), Vinnie Bell (guitares électriques), Julee Cruise (voix sur 4, 7 et 11), Eddie Daniels (flûte et clarinette), Kinny Landrum (synthétiseurs), Al Regni (saxophone ténor, clarinette et flûte), Grady Tate (batterie), Eddie Dixon (guitares électriques)

chronique

Ce qu’il en coûte, de suspendre le temps. Maintenir un art de vivre – tarte aux cerises, jus fraîchement pressés, sources fraîches. L’amour du linge propre, impeccable, des tissus qui sentent bon. La fraîcheur dans les sapins. Une Amérique – en cette entame de quatre-vingt-dix où Lynch nous y conviait – bloquée dans les années cinquante, à la rigueur début soixante. Ce qu’il en coûte d’ignorer les dessous des petites villes – la nuit, l’ennui, les peurs. Le refoulement. Le temps avance. Les choses plus vielles encore demeurent, couvertes – sous les forêts ou sous les masques des monstres ordinaires. Le corps de Laura Palmer flotte sur la rivière – fille sans histoire parce que de la sienne, on ne savait rien… Avec Twin Peaks, Lynch inventait la série télé – ce qu’elle n’avait jamais été avant, tout ce qui allait suivre en prenant la brèche. Tout à fait autre chose que les sitcoms rassurantes et morales de jusqu’alors – Happy Days, Cosby Show, Arnold et Willie… Loin des soaps interminables qui bouclaient en renouvelant les acteurs et les costumes mais pas les histoires, les modèles d’amours et de trahisons – la même fadaise remise sans cesse au fil des lustres. Lynch inventait Lynch, aussi – celui qu’il avait trouvé, esquissé dans Blue Velvet. Pas encore "maître de l’étrange", comme l’appellerait plus tard un canard pas à une foutaise près. Drôle de médium empirique, qui n’essayait pas encore de nous fourguer du mystère. Ce n’est pas du mystère, qui rôde dans Twin Peaks. C’est de l’angoisse pure et du désir sans frein – des qui tirent sur le frein. Les revers sont tournés mais ça ne change pas les formes – ça rend plus bizarres les arêtes, seulement, les jonctions, architectures et chemins. Badalamenti qui exhume sa bande-son – même Amérique trop tranquille, pas tranquille. La peur et l’envie des voyous – cliché des motards libres, beaux, violents. L’Amérique de James Dean et Brando (dans L'Équipée) ; des gentils Righteous ou Everly Brothers ; de Chet Baker, aussi, en terme médian, tiède – nation shootée pour tenir aux anxiolytiques, aux euphorisants qui engourdissent la hantise. L’Amérique d’un Chris Isaac, tiens – qui cartonnait l’année d’avant avec Wicked Games ; qui serait deux ans plus tard dans le film, la préquelle. Du jazz charnu et des synthés gazeux, climatiques. Ce thème dodelinant, au début – balancement où l’on s’enfonce, où l’on s’engonce sans s’en apercevoir. Compositions géométriques et brumes bleues, roses, parfums qui s’insinuent. Le chant de Julee Cruise à trois reprises : elle aussi les yeux médocs – les cheveux oxygénés, de la dentelle jusqu’au timbre. Diction noyée dans le lointain, la perspective que lui font l’orchestre et Angelo. Lynch écrit pour sa voix – mots de romances qui parlent de Nuit et de Chute. ("So dark"… Nappe de synthé, contrebasse machine qui reprend la ligne de chant quand elle se tait ; arpèges… Into the night… J’ai pleuré pour toi. Où est tu ? … Où es-tu… "Come. Back. In. My… heart". Pizzicato des basses, des cordes – de tout l’orchestre qui nous SAUTE AU VISAGE. Pause pointée. "Si. Sombre…"). L’orgue qui gronde en fond, le cuivre qui couine sur Nightlife In Twin Peaks. Le drive de batterie cool-jazz, west-coast, sur celle-ci et sur The Bookhouse Boys – les deux fois : d’autres plans qui glissent là-dessus, jouent sur un autre temps ; twang de surf qui s’étire, claviers voilés, chorus de flûte qui file hors du socle. Tout se dérègle. Le swing est là, revient. Audrey danse, ou l’Homme du Rêve. Badalamenti va chercher pour ses pièces, ses ensembles, des types qui ont connu Hollywood à l’âge dit d’or, des habitués des vieux big-bands – des gars qui ont joué avec Oliver Nelson (pas une star mais une sommité – ou peut-être simplement un ouvrier spécialisé exceptionnel ?), avec Quincy Jones ; même : l’inventeur de la guitare douze cordes, paraît-il. Quelque chose est déplacé mais rien n’est sarcastique. Le gouffre est bien trop près. L’oubli est bien trop doux, l’orchestre enveloppe de bien trop près. C’est bizarre et séduisant à la lisière, juste, du malaise. Audrey danse, un moment absente. L’art de vivre est maintenu. L’agent Cooper enquête – charmant, quelques tocs, des accès oniriques. Et le corps de Laura continue de pourrir. Julee revient sur le thème du début – le thème balancier, pendule. "Sommes-nous. En train. De tomber… ?". Amoureux, ajoute-t-elle. Mais au fond d’une clairière, dans les pins alentours, il y a cette ouverture où l’on bascule autrement. Où le temps se retourne – en tout sens et contre qui a vu. Mais le café que sert Shelley est bon. Et la fantaisie nous enchante – Dame au Tronc etc. … Et le prix qu’il en coûte pourrait bien être hideux.

note       Publiée le mardi 27 février 2018

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Scissor Man Envoyez un message privé àScissor Man

Bon, c'est commandé, le LP par Rhino recueille presque tous les suffrages sur Discogs. Je persiste à trouver des qualités exceptionnelles à la relecture démentielle de XIU XIU mais va pour l'original.

Demonaz Vikernes Envoyez un message privé àDemonaz Vikernes

J'ai profité des (belles) rééditions LP de ces dernières années pour chopper les BO de la série et du film. Très complémentaires, j'ai une petite préférence pour les morceaux présents sur la BO de la série quand même. Mais l'idéal reste de les écouter à la suite. 5/6 pour l'ensemble, et la meilleure moitié, c'est celle-ci. Très dubitatif sur l’intérêt d'écouter ces BO sans avoir vu série et film, mais c'est souvent le cas après tout.

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bubble Envoyez un message privé àbubble

clairement les deux premières saisons ont prix un sacré coup de vieux avec cette troisième .. j’étais pourtant septique mais le constat est là .. alors après oui historiquement on ne peux pas mettre de coté l'effet de cette série à l’époque et cela restera toujours gravé dans ma mémoire. Erreur que j'ai fait de me remettre la saison 1 après cette saison 3. j'aurais dû attendre un bon moment . Lynch a presque réussi à "ringardiser" sa première salve. En tout cas si on les met cote à cote comme ça . effectivement il n'y a pas du tout cet effet avec firewalk with me qui tient bien la comparaisons .

David Locke Envoyez un message privé àDavid Locke

J'attends de revoir la saison 3 (quand elle sortira en blu-ray) pour savoir précisément où je la situe dans l'oeuvre lynchienne, mais elle est de toute façon extrêmement difficile à comparer aux deux premières saisons, déjà parce que Lynch l'a entièrement réalisée (et c'est quand même fondamental), mais pas seulement...Avec du recul, sur ces deux premières saisons (que je suis en train de revoir) autant la musique me touche encore de la même manière, autant sur le reste j'ai pas mal de réserves (les 3-4 épisodes réalisés par Lynch sortent vraiment du lot), même si son importance historique est fondamentale (mais je ne suis pas un sériephile - je préfère largement Fire Walk With Me en définitive). Enfin bref, 6 boules bien sûr pour la musique.

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(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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Je dirais rien parce que spoiler quoi que se soit serait trop dommage.;) Sinon qu'il faut mettre de côté toute attente et tout présuposé et se laisser emmener, y aura largement le temps ensuite pour extrapoler, réfléchir, mettre en perspective etc. Je suis pas loin de penser que c'est ce que Lynch a fait de mieux, et quel cadeau alors qu'il disait ne plus vouloir faire de cinéma... Badalamenti est de la partie, mais ça s'entend pas de suite (le traitement de la musique est radicalement opposé à celui de cette première, et deuxième, saison).