Roquentin, Meursault…Deux personnages mal à l’aise dans leur réalité, deux étrangers dans un monde où ils ne ressentent qu’ennui…Nulle révolte, nulle colère, juste du dégoût (pour Roquentin), de l’apathie (pour Meusault). Pas même les deux faces d’une même médaille grise, pas même deux frères d’arme…L’Italien Gianluca Favaron les a choisis pour incarner les deux faces d’une cassette au titre parlant. Une forme de non-musique composée à partir de bruits, de froissements, de petits bruits divers qui défilent dans une trame étrange repliée sur elle-même. Comme si quelqu’un expérimentait les sonorités de chaque objet contenu dans une pièce. Rien d’oppressant, rien d’énervant, rien d’agressif non plus, plutôt une étrange forme d’évocation peu évidente à déterminer, comme s’il s’agissait de meubler le silence mais pas trop fort. Les deux pièces se complètent fortement, à une nuance près si j’interroge mon ressenti, ‘Meursault’ donne l’impression que quelqu’un a ouvert la fenêtre, on ressent une touche légèrement plus organique dans les sonorités. Voilà un travail assez subtil dans ses nuances qui titille les émotions de chacun ou laissera hermétique certains, c’est inévitable. Difficile de pas se demander ce qu’auraient pensé Sartre et Camus d’un tel hommage; une chose est sûre, à mon sens, Gianluca Favaron capture plutôt bien dans les lignes de ses expérimentations l’étrange rythme statique des deux livres tout en laissant à l’auditeur des espaces pour y projeter ce qu’il désire.