Rien de tel qu’une matinée de Noël pour se replonger dans cette bonne vieille bible des familles, non ? Aujourd’hui, on s’arrête sur le cas du devin Balaam. Ce dernier mandaté par le roi Balak (ça grouille d’imagination niveau prénoms dans leur patelin) pour maudire les Israélites en transition sur ses terres s’y rend monté sur un âne mais un ange apparaît qui lui barre le passage. Soudain doté du sens de la parole, l’animal qui a vu l’envoyé divin et se couche plutôt que d’avancer (ce qui lui vaut moult coups de bâton) reproche à son maître sa méchanceté. Dieu ouvre alors les yeux de Balaam qui aperçoit lui aussi l’ange et retourne chez Balak. Tout ce préambule pour en arriver à Balaam and the Angel, un groupe goth formé des trois frangins Morris. Un groupe pas terrible à dire vrai, enfin, c’est plus complexe que ça….Avant de signer sur une major pour imiter (mal) The Cult, nos Ecossais se sont fait les dents en produisant plusieurs singles et leur premier album dont il est ici question. A l’écoute de ‘Love me’, on s’étonnera de ma tiédeur; voilà en effet un solide titre de rock gothique avec rythmique roulante, guitare froide, chant inquiet, passionné, mélodie béton, quelque part entre le Gene loves Jezebel des débuts et The Danse Society. C’est bien le souci avec Balaam and the Angel, ce ne sont pas des manchots dans l’écriture mais niveau attitude, ce sont plutôt des hippies égarés par hasard dans les méandres goths, ce qui les conduit à de regrettables maladresses en matière d’arrangements. ‘Isabella’s eyes’, par exemple, pas mal du tout mais (pas trop) gâché par un vilain synthé/xylophone hors de propos, ‘A new dawn’ avec son ambiance de valse foraine mais sonne comme un chant de Noël, l’ambiance niaise de ‘Family and friends’ avec ses orgues de coin du feu, les flutiaux médiévaux de ‘For more than a day’, les horribles claviers joyaux de ‘Day & night’ et j’en passe. Le dilemme vient du fait que ces mêmes gus sont capables de pondre des tueries comme ‘Two into one’, ‘Love me’, ‘Touch’, ‘Walk away’ ou ‘Sister moon’ qui sont de vraies bombes gothic rock. Une chanson calme par-ci par-là ne fait jamais de mal mais les leurs sonnent souvent bien guimauve; c’est clairement sur les pièces les plus sombres qu’ils se montrent les plus talentueux, ce qui fait de ‘Sun family’ une galette à double facette. Il faut d’ailleurs préciser que cette version est enrichie de 9 bonus (des singles) parmi lesquels figurent pas mal des hits en question, ce qui nous laisse un album nettement plus faible dans sa version originale. Voilà donc Balaam and the Angel, un combo pas si mauvais mais manquant de par trop de personnalité ou tiraillé entre ses aspirations dark et son côté peace and love, que sais-je, toujours est-il qu’on remerciera Anagram d’avoir réédité cette première galette en la boostant au fuel obscur, essence noire que les frères Morris sont tout à fait capables d’extraire de leurs entrailles quand ils le veulent bien. 3,5/6