Cults Percussion Ensemble › Cults Percussion Ensemble

Sans indice pour être guidé vers la lumière, le nom de Cults Percussion Ensemble pourrait être perçu par les esprits les plus retors comme un groupe de bourrins pentagrammés assassinant des poulets sur des tôles, à grands coups de baguettes piquées aux Tambours du Bronx. Or, ce serait gravement se mettre le doigt, la paille et la poutre dans l’œil jusqu’au coude, car vraiment, le programme n’a rien de si méchant. C'est même carrément gentil, léger et doux comme un agneau en pilou-pilou. Le C.P.E., c’est un ensemble de musiciennes écossaises, de jeunes talents venus du comté d'Aberdeen que le succès a amené à une tournée européenne dans les années 70 : moyenne d'âge quatorze ans, et musique qui évoque le plus souvent la neige cristalline ou la magie de Noël, avec ses petits carillons et grelots. Leur unique LP est certainement l’une des résurrections les moins attendues – et les plus appréciées – de ces cinq dernières années (à l’heure où cette chronique est rédigée) par les amateurs de library music ; découverte totale que l’on doit à Jonny Trunk, qui troque la pochette marron originale mais passée de mode contre une réédition plus colorée, dans l’esprit que nos oreilles se font de ces jolies compositions spécialement écrites pour l’ensemble et dirigées par Ron Forbes. Pour autant, ce serait à nouveau profondément se méprendre que de qualifier cette musique de musique "d’illustration". Ce n’est pas parce que l’écoute est facile, voire onirique, qu’il faut classer des pièces comme "Autun Carillon" ou "Circles" dans la catégorie easy listening. Non, nous sommes bien en présence d’un disque de musique classique, contemporaine si vous préférez – minimaliste peut-être, mais croyez-en l’ancien membre d’un ensemble du même acabit, la technicité demandée existe, on la trouve à chaque instant ; écoutez attentivement le troisième mouvement de la "Percussion Suite", juste pour voir. Au-delà des mélodies dominantes, des harmonies entre claviers, il y a la richesse des petites percussions (güiro et woodblocks) sur un tapis déroulé par les timbales dont la tension de la peau est modifiée afin de créer, à chaque fois, le même accord en glissando. Ces petits exploits se multiplient à mesure que le disque varie les genres au fil des morceaux : de la polka ("Erlangen Polka"), de la bossa ("Baia") et même des airs traditionnels comme "Irish Washerwoman", standard folk irlandais magnifié par un arrangement qui nous donnerait presque l’impression d’écouter du Yasunori Mitsuda. Le diable est dans les détails, comme on dit ; et le détail qui tue, c'est la présence d'Evelyn Glennie, alors adolescente mais déjà atteinte de surdité, qui deviendra très vite la virtuose qu’on connaît aujourd’hui. Une présence qui atteste, au besoin, de la qualité extraordinaire de l’interprétation. Ce disque sorti des archives n’est que trop resté dans l’ombre : laissez parler votre cœur d’enfant et déballez le cadeau avec émerveillement.