Six Feet Under › Torment

Ma machine à explorer le temps commence déjà à me déprimer : je me disais "ouais, c'est pratique, ça permet de restaurer un peu d'optimisme dans l'humanité et son évolution, ça permet de voir ce qui se fait dans le futur". Je la remise donc, et ne la ressors qu'en 99 histoire de reprendre le temps de me blinder. Et là, lors de mon deuxième voyage, c'est toujours aussi décevant : les gens n'ont pas de combinaisons hologrammes, aucune voiture nucléaire dans le ciel, pas de colonisation de mars, aucun cybercop, aucun robot à la maison pour me faire la vaisselle. Maintenant, je sais que je vais aussi être déçu par l'évolution de la musique. Enfin, je me dis : "allons soigner le mal par le mal". Quand j'ai écouté le dernier Cannibal Corpse, je me suis dit : "ben ptet que Barnes, le premier chanteur de Cannibal Corpse a mieux évolué que ses ex-collègues". Et je me souviens vaguement qu'il avait monté un groupe, Six Feet Under, très bateau, assez rigolo, très consommateur de cannabis. Bon, cette fois-ci, après avoir refoutu le cadran sur 2017, je me dis : "je vais acheter un IBM portable, comme ça je n'aurai pas à aller encore à la BU pour aller sur le site de VPC "AMAZONE"" ; mais j'ai oublié que la monnaie n'est pas la même... putain, je me retrouve avec des liasses de billets de 100 balles qui me servent à rien ! Le con ! En m'écoutant râler, un étudiant qui pourrait être mon fils caché me susurre "bandcaaaamp, youtuuuube, ssssss", tel un serpent malin. Je fais : "hein ?", je pianote, et là il me dit "découvvreeeeuh tout ce que Baaaarnessss a fait depuuuis". Eh oui, en allant sur l'encyclopaedia metallum, on voit que le Barnes a fait plein d'albums, dont de nombreux albums de reprises, une vingtaine d'objet depuis la parution de "Haunted" . Et je regarde les notes à côté : 34%, 9%, 43%... hmm, ils ne l'aiment pas le père Barnes chez metallum. Je me dis "allez, te fais pas avoir par la critique" et enfin je m'écoute leur tout dernier "Torment". Déjà, et ça pourra résumer tout le mal qu'on peut dire de ce groupe : Barnes n'est pas loin d'être devenu aphone. Il n'a absolument plus aucun souffle. Sa voix se résume à un gargouillis à bout de gorge vraiment pathétique ; et vu qu'on l'écoute beaucoup, vu que ce gars est censé être une voix historique du death metal, l'album est bien compliqué à se fader. Ajoutons à cela les trois ou quatre accords qui seront joués ici tout le long de l'album... et on a tout de suite envie de s'envoyer une dose fatale de sirop pour la toux en compassion pour notre cher Chris. Et là il y a comme un élancement, un vertige. Résonnent dans mes oreilles la voix de Peter Steele dont j'apprends la mort : "Everything dies", tout crève, le death metal, la voix de Barnes, les plantes, les animaux, les planètes, les galaxies, le progrès. Je retourne à ma machine : elle ne démarre plus, j'ai comme l'impression qu'elle s'est autodétruite elle aussi ! Me voilà bien !