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Edip Akbayram & Dostlar › Nice Yıllara Gülüm
- 1982 • Türküola Plak TR-ST 382 • 1 LP 33 tours
- 2016 • Pharaway Sounds PHS030CD • 1 CD
détail des votes
Membre | Note | Date |
---|---|---|
Klarinetthor | samedi 11 juillet 2020 - 21:49 |
cd • 10 titres • 33:18 min
- 1Nice Yıllara Gülüm4:21 [poème de Nâzim Hikmet]
- 2Aman Kerem3:13 [reprise de Aşık Kerem]
- 3Darmadağın3:09
- 4Kibar Gelin2:41
- 5Sinesine Vura Vura4:08
- 6Değmen Benim Gönlüme4:37
- 7Hasretinle Yandı Gönlüm3:39
- 8Cana Kurban2:27
- 9Bitlis'te Beş Minare2:31
- 10Şirin Nar2:31
extraits vidéo
informations
line up
Edip Akbayram (chant), Adnan Ergil (guitares, synthétiseurs, choeurs), Metin Özülkü (basse, guitare acoustique, violon, choeurs), Saygun Arpalı (batterie, percussions), Mehmet Oylumlu (piano, Roland Strings)
chronique
- anatolian pop synthétique
Après un coup d’état militaire, qui prend cher d’abord ? Les journalistes, les universitaires, les artistes. Edip Akbayram a toujours été du mauvais côté des projectiles, mais après le 12 Septembre 1980 il passe carrément dans la liste noire de la censure. Pas facile de se produire ni d’enregistrer quand on refuse de céder d’un pouce. Chanter de l’arabesque sentimental pour détourner l’attention du peuple ? Pas question. Si chanson d’amour il y a, ce sera un poème de Nâzım Hikmet, toujours figure de résistance, adressé à son amour Munevver. Avec piano et violon classiques pour laisser couler les mots. Mais comme Akbayram n’a rien perdu de son excentricité, il demande à son groupe Dostlar, entièrement constitué de nouveaux musiciens, de faire rebondir le refrain sur des cordes synthétiques et des nappes de claviers scintillants, de casser la mélodie et la tordre à l’envie. Le psychédélisme échevelé de la décennie précédente a laissé la place à des grooves profonds plaqués de sonorités beaucoup plus froides, prédominance des claviers oblige. Akbayram chante toujours des türkü, ces chansons folk traditionnelles, mais refondues dans une sorte de new-wave dramatique orientale, à tendance progressive. Non, rien de kitsch là-dedans, malgré ce que des occidentalistes voudrait refourguer comme came à réédition. Pas plus que n’importe quel groupe de prog pastoral symphonique anglais, avec le bénéfice d’une interprétation toujours aussi déchirante, écoutez les intonations d’Edip sur « Darmadağin », fragiles et douloureuses alors qu’un piano ritournelle incessamment dans le fond, impassible et lancinant. On y retrouve aussi ce goût pour les rythmiques presque funk, mêlant thèmes traditionnels de bağlama et riff discoïdes par dessus des basses bondissantes. La danse y garde quelque chose d’un peu amer, décelables aussi dans les tons sinistres des synthétiseurs sur « Sinesine Vura Vura », où la voix du chanteur colle des frissons de rage mélancolique dans ce refrain qui se noie dans des nappes huileuses, un modèle de morceau qui colle un bourdon monstre mais qui donne envie de hurler de même devant son destin. Akbayram revisite également « Degmen Benim Gamli Yasli Gonlume » qu’il avait déjà enregistré dix ans plus tôt, cette fois en version irrémédiablement space-funk, synthés couinant et basse en latex. Mais la mélodie vocale semble toujours venir d’un autre âge, ne perd pas une once d’authenticité, Akbayram restant un des plus grands interprètes de ce folk modernisé, juste à côté de Selda et Cem Karaca. Clinquant à mort et d’une efficacité monstre, il y a un pincement de coeur à réentendre un titre renvoyant à un certain âge d’or, avant que la situation politique ne devienne un véritable enfer. L’album continue sur cette lancée jusqu’au bout, comme une seule longue complainte irrémédiable, avec ce ton un peu cosmico-tristouille due à toutes ces sonorités synthétiques : d’un coup on imagine Edip & Dostlar jouant dans une taverne à moitié désertée d’un quartier excentré d’Istanbul, sous quelques lumières d’ampoules colorées, pour la joie, une joie triste. Continuer à chanter les chansons du peuple malgré tout, quelque soit l’époque, quelque soient les moyens, ou les modes. Aller sous les néons de la ville, le spleen de « Cana Kurban » crachoté dans de mauvais amplis au loin… Alors malgré son titre tiré d’un poème d’amour, malgré les vélléités de toujours faire danser, c’est bien un album vraiment sombre, sorti dans une Turquie post-mortem.
note Publiée le jeudi 2 novembre 2017
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- Klarinetthor › Envoyez un message privé àKlarinetthor
"Non, rien de kitsch là-dedans". Ah, c'est pas le même son que le premier album, mais ça reste un bon album, j'adore Bitlis'te Beş Minare, déjà entendue ailleurs d'ailleurs, je ne sais où.
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